Gyakuten Saiban 2
Phoenix Wright : Ace Attorney - Justice for All est en fait la réédition du deuxième volet Game Boy Advance, uniquement sorti au Japon en 2002 et sobrement intitulé Gyakuten Saiban 2. La version Nintendo DS apporte, tout comme dans Phoenix Wright premier du nom, l’utilisation du double écran, du stylet et dans une moindre mesure, du micro. Ce dernier sert en effet à prononcer vos objections et autres pressions sur le témoin.
Un arrière-goût de déjà-vu
Les habitués du premier volet sorti en Occident de Phoenix Wright ne seront pas dépaysés : le jeu est (quasi) strictement identique, le contenu des procès mis à part. Certains personnages en sont d’ailleurs issus et l’on sourira de plaisir à les retrouver. C’est ainsi que l’inspecteur-gaffeur Dick Gumshoe reprendra du service, de même que Lotta Hart alias la photographe paranormale ou encore Mia Fey, votre ancienne assistante dotée de pouvoirs magiques particuliers.
Pour que la sauce prenne, de nouveaux personnages font également leur apparition. Les deux incontournables à retenir seront Pearl Fey, la petite cousine de Mia mais issue d’une branche faible de la famille. Vous en apprendrez beaucoup plus sur elle lors du deuxième procès. Du côté « procureur », la jeune prodige Franszisca âgée de 18 ans fera ses débuts de carrière au Japon. Seulement, son nom de famille ne trompe personne : Von Karma. C’est la fille du procureur suicidé du premier volet ! Elle n’a qu’un mot en bouche : vengeance. Et comme elle porte sur Phoenix Wright, vous aurez du pain sur la planche…
Les phases de jeu sont toujours découpées en une ou plusieurs journées, ponctuées ou pas de phases d’investigation et de procès proprement dit.
Les phases d’enquête vous amènent à parcourir le lieu du crime ainsi que d’autres lieux connexes afin d’y dénicher des indices, les différentes versions des faits des témoins, trouver des preuves et des éléments qui ne tournent pas rond. Votre esprit de synthèse et votre mémoire seront particulièrement mis à l’épreuve pour arriver à recoller tous les morceaux du puzzle avant d’arriver au tribunal.
Dans ce dernier se déroulent les phases de procès. Les différents témoins passent un par un et sont interrogés tour à tour par le procureur puis par la défense… c’est-à-dire vous. Votre boulot consistera souvent à déceler LA faille dans la déposition du témoin, celle qui vous permettra de grignoter du terrain pour obtenir le seul verdict qui vous intéresse : non coupable.
Le psyche-lock
Dire que Phoenix Wright - Justice for All est identique à son prédécesseur serait une terrible erreur, car il y a une grosse nouveauté qui entraîne 2-3 petits aménagements dans le système du jeu. Rien de bien méchant, je vous rassure.
Le psyche-lock (verrou-psyché) fait son apparition fort utile. Ce système sera d’ailleurs repris dans les épisodes suivants. Pendant les phases d’investigation, vous aurez souvent à causer avec différents témoins ou personnes présentes sur les lieux du crime (mais n’ayant pas nécessairement vu les faits). En général, vous choisissez un sujet de discussion et s’ensuit alors un échange verbal entre vous et la personne en question. Or, il arrive parfois… que la personne interrogée ne souhaite pas répondre à votre question ! Le psyche-lock intervient à ce moment là en présentant de 1 à 5 cadenas, qui agissent comme autant de coups à leur porter pour ébranler leur force à mentir ou à cacher la vérité.
Ce système qui débarque lors de la deuxième enquête est très intéressant. Non seulement il corse la difficulté du jeu, mais en plus il vous aide à mieux comprendre la logique de l’enquête. Dans ce cas, pourquoi est-ce plus compliqué ?
Parce qu’il faut réunir les preuves mettant à mal cet excès de confiance. Inutile de dire qu’il faut des preuves solides car en cas de mauvaise réponse, de mauvais objet indiqué, votre barre de vie s’en retrouvera diminuée. Lorsque vous débloquez le psyche-lock, votre jauge de vie est re-remplie de moitié. Subtilité : ça sera désormais votre seule façon de regagner de la vie entre chaque procès. Oui, la seule.
Si dans le premier opus de Phoenix Wright, vous pouviez terminer mal en point en vous disant qu’au procès suivant votre vie serait rechargée, autant perdre cette mauvaise habitude de suite, d’autant plus que le jeu prend un malin plaisir à parier à longueur de temps une portion de votre barre. Barre qui était symbolisée par des points d’exclamation (!) dans le précédent volet de la série.
Coupable d’être mieux
Si au départ on pouvait craindre de cette suite qu’elle soit moins bien, on aurait pourtant bien tort de le croire. Le système de psyche-lock ajoute pas mal de piquant car, en plus de chercher le mensonge durant les procès, on doit également se retrousser les manches durant les phases d’enquête. Ce système oblige également à prendre beaucoup moins de risques, ces derniers étant plus sévèrement pénalisés : il ne sera pas rare de voir la moitié de votre barre de vie clignoter pendant un procès, une bonne réponse vous épargnant de la perdre, une mauvaise réponse la faisant disparaître sans autre forme de procès (elle est bien bonne celle-là).
Les quelques défauts de jeunesse du jeu ont également été corrigés. Le nombre de situations dans lesquelles on ne sait plus trop quoi faire a été réduit comme peau de chagrin. Si dans le premier volet du jeu on pouvait être coincé faute de ne pas avoir fouillé tous les écrans dans leurs moindres recoins, il faut bien reconnaître que cela ne se produit plus. Les situations de procès dans lesquelles on ne sait plus quoi présenter comme preuve ont également considérablement diminué en nombre. Quand on comprend qu’une même preuve peut être apportée 2 fois de suite pour se suffire à elle-même, qu’il ne faut pas hésiter à presser le témoin pour qu’il corrige sa déposition, on se donne un maximum de chances pour voir le procès évoluer dans la bonne direction.
Enfin, rien à redire non plus du côté des musiques, même si elles sont moins travaillées que dans le premier volet, portage Game Boy Advance oblige ; on pardonnera bien volontiers ce léger manque.
Impossible de terminer sans mentionner que la trame scénaristique est toujours aussi bien ficelée. À ce titre, le quatrième procès est tout bonnement délicieux et pourrait bien ne pas se terminer comme l’on aurait imaginé… si vous obtenez la bonne fin évidemment. ;-)
Je termine donc sans aucune objection si ce n’est une légère déception, je dis bien « légère » : les images des procès (une fois terminés) sont nettement moins travaillées et colorées que dans le premier volet. On ne s’en étonnera qu’à moitié, le jeu étant sorti directement en version budget au Japon, sans aucun ajout par rapport à la version Game Boy Advance, spécificités DS mises à part.