Luminous Arc est un jeu vidéo DS publié par Atlusen 2007 .

  • 2007
  • Role Playing Game (RPG)

Test du jeu vidéo Luminous Arc

3.5/5 — Très bien par

Luminous Arc est un Tactical RPG développé par Marvelous Interactive et édité par Atlus (aux US ; Rising Star en Europe et Marvelous Interactive au Japon), celui à qui l’on doit notamment la série des Ogre Battle / Tactics Ogre. D’ailleurs, on retrouvera énormément de similitudes entre cette série et le jeu objet de ce test. Il est sorti en 2007 sur les trois continents mais, contrairement à ses pairs sur Nintendo DS, ce RPG n’a pas vu le jour en français dans nos contrées.

En revanche, à l’instar de Final Fantasy III ou de Lunar Knights, le jeu s’ouvre sur une vidéo dans la bonne vieille tradition des RPG sortis sur PlayStation qui permet d’annoncer la couleur. On se dit : « Chouette, ça à l’air plutôt pas mal ! »

Scénario

Ce qui est essentiel dans les RPG tactiques, c’est bien évidemment le scénario, vu que l’on se balade sur une carte sans vraiment d’interaction avec les ennemis et sans travail de recherche (à priori). Vous incarnez Ralph, un orphelin élevé depuis sa plus tendre enfance au milieu d’autres enfants comme lui dont son frère Theo. On n’en saura pas plus sur les différents protagonistes, exceptés qu’ils font partie d’une unité spéciale mise au service de l’église afin de traquer les sorcières qui souhaitent réduire à néant l’espèce humaine.

En effet, il y a plus de mille ans, Dieu affronta les sorcières et leurs dragons dans un combat épique qui vit une partie du monde détruite. Il finit par les plonger dans un profond sommeil dans un endroit très reculé, au milieu d’une forêt enchantée où nul ne peut aller. Il est d’ailleurs dit que ces sorcières peuvent faire apparaître des monstres qui dévastent villes et villages. Elles puiseraient leur puissance magique dans des fragments de runes appelées Lapistier dont chacune représente un éléments. Tel est ce qui figure dans les Ecrits Saints. D’ailleurs, l’Eglise a pris soin de s’entourer de trois corps d’armée formés de soldats d’élite chargés d’assurer la protection des habitants de la planète et de récupérer les lapisters afin que le jeune cardinal Johannes puisse leur enlever leur pouvoir destructeur. Il est dit que lorsque Dieu ressuscitera, une marque caractéristique se révélera sur le corps d’un enfant. C’est exactement la marque que porte notre jeune cardinal. Mais les sorcières, sous l’influence des ondes émises par le réveil prochain de Dieu, sont apparemment tirées de leur profond sommeil… Une nouvelle guerre semble inévitable.

Votre mentor, le Seigneur Heath, un homme juste, habile et aimé de tous, vous a préparé au combat depuis votre plus tendre enfance. D’ailleurs, vous allez bientôt pouvoir montrer de quoi vous êtes capable en défendant des villageois aux prises avec des monstres qui ont surgi de nulle part mais qu’on attribue au pouvoir maléfique des sorcières. Du gâteau : vous avez réduit vos adversaires en charpie et ainsi accompli votre devoir… Cependant, l’apparition d’une jeune servante au sein de notre groupe va peu à peu jeter le trouble dans les convictions de chacun…

Dès le début, la couleur est annoncée : un combat entre le bien et le mal, l’Eglise et les sorcières. Le scénario est, somme toute, assez classique mais se laisse vivre sans trop de problème avec quelques petits rebondissements bienvenus. Les textes sont très fournis et l’histoire de la planète se trouve dans tout un tas de bouquins que l’on peut lire dans les différentes librairies des villes que vous visiterez.

Graphismes et animation

L’aspect graphique du jeu en général est très proche de ce qui s’est fait pour Tactics Ogre : les cartes de combat sont en 3D isométriques (contrairement à Final Fantasy Tactics qui affiche une vraie 3D) et les personnages sont assez petits mais colorés : d’ailleurs, ils bougent correctement mais parfois un peu lentement et les attaques sont réduites au minimum ; les animations des attaques spéciales manquent de couleurs et de style. De même, les attaques magiques ne sont pas extraordinaires (le bon point est qu’elles ne durent pas des heures) mais on saura éventuellement s’en satisfaire. Les décors de chaque ville, village et autres paysages sont différents et plutôt jolis. Mais, là encore, rien de bien exceptionnel (ce n’est pas vraiment ce que l’on demande à un tactique). Un détail ennuyeux : il arrive que les animations subissent des ralentissements dûs soit au trop grand nombre d’ennemis soit aux mouvements du décor.

Il n’y a pas grand chose à ajouter dans cette partie : aucune réelle innovation mais le tout n’est pas désagréable à l’oeil compte tenu de la résolution des écrans de la DS. Les créateurs ont réalisé l’essentiel mais on a quand même droit à du minimaliste. Pour ma part, je trouve que les personnages ont un graphisme un peu trop « enfantin » et j’ai eu peur d’avoir un jeu où, une fois de plus (car c’est de plus en plus fréquent), on manipule des gamins ayant le QI d’une huître dans le coma. Ce n’était pas le cas (enfin, pas trop…) : certaines femmes du jeu sont particulièrement sexy (*hm*). Les expressions des personnages varient bien entendu selon leur humeur, ce qui ajoute à l’interactivité.

A noter qu’entre chaque combat majeur (qui assure le découpage du scénario en chapitres), vous assisterez à l’histoire de la vie de Kopin, un monstre tout mignon que vous aurez tout de même à affronter puisque ce genre d’esprit de la nature accompagne les sorcières (et leur magie est parfois très dévastatrice). Bien sûr, cette histoire n’a ni queue ni tête, le graphisme ressemble à celui d’un enfant (faut bien ajouter au réalisme car je doute qu’un monstre puisse dessiner correctement) et on peut tapoter la tête du Kopin avec son stylet pour… surprise.

Gameplay

C’est évidemment ici que l’on attend les performances du jeu. Il est donné au joueur de pouvoir y jouer au stylet de bout en bout. Je dois avouer que les phases d’exploration ou lors des arrêts dans les villes est rendu très agréable par son utilisation. Mais le plus important reste les phases de combat. Au début, on trouve l’idée très bonne : il semble en effet évident que le T-RPG est FAIT pour être joué au stylet. Malheureusement, dans le cas de Luminous Arc, dès qu’il y a trop d’ennemis au même endroit, on a vraiment du mal à viser correctement, ce qui est particulièrement frustrant. Heureusement, on peut switcher très rapidement dans un mode « manuel » qui permet très facilement de taper sur la bonne case. L’utilisation du stylet est donc une bonne idée mais il aurait fallu lui donner un peu plus de précision. Un bon point en revanche puisque le joueur gaucher peut avoir un mode qui lui met les menus des combats à gauche, rendant l’utilisation du stylet plus agréable.

La gestion des combats, parlons-en. On a affaire à un système assez classique : se déplacer, effectuer une action (combattre, utiliser un objet, lancer un sort ou / et faire usage de ses dons, réaliser une attaque spéciale voire, plus tard, un combo), afficher le statut des personnages et ennemis, etc. Bref, tout va à peu près pour le mieux. Le problème réside essentiellement dans la mauvaise gestion de l’interface : si on choisit une action puis une magie, puis le type de magie et qu’on se rend compte qu’il faut d’abord déplacer le personnage avant de lancer le sort, il faut successivement annuler les trois actions alors que si l’icône « se déplacer » avait été laissée en place, on n’aurait pas eu l’impression de perdre du temps.

Un autre point noir : les magasins. Lorsqu’on achète un objet, il est impossible de connaître tous les effets de ce dernier ; il faut retourner dans le menu pour comparer ce qu’on a et ce qu’on souhaite acheter, ce qui prend du temps. Vraiment frustrant.

Mais parlons un peu de ce qui fait la complexité du jeu :

  • Chaque chapitre est le coeur d’un combat essentiel pour le scénario. Cependant, entre chaque ville, il existe des zones de combat qui n’ont rien à voir mais… qui sont essentielles pour le levelling. Notez que l’on peut terminer le jeu sans trop en faire.

  • Le système d’expérience repose UNIQUEMENT sur les différences de niveau entre celui qui attaque et celui qui est attaqué ainsi que s’il s’agit d’un simple coup ou d’un coup fatal et c’est TOUT. Il ne dépend pas de la puissance de l’attaque, du nombre d’ennemis attaqués ou du nombre d’alliés sur lesquels on lance un sort d’assistance. C’est un peu dommage. De plus, certains types de pouvoirs permettent de gagner près d’un tiers d’un niveau indépendamment de quoi que ce soit. On comprend vite que l’on peut gagner très facilement des niveaux (excepté pour trois personnages sur les quinze disponibles), ce qui rend le jeu malheureusement beaucoup plus facile.

  • Le système d’attaque spéciale réside dans le gain de points qui augmentent en fonction des actions réalisées (et pas en fonction des coups que l’on reçoit comme dans Lufia). Chaque personnage possède 3 niveaux d’attaque spéciale que l’on acquiert au fur et à mesure des niveaux. Un bonus intéressant quand on sait que certains ennemis peuvent également en faire usage.

  • Chaque personnage possède sa propre orientation naturelle. Le monde de Luminous Arc est en effet découpé en 8 éléments dont un élément neutre (qui est un peu plus fort que les autres) et un autre élément au-dessus de tous les autres. Les bonus de dégât ou de défense ne sont pas excessifs (ce qui évite de se faire détruire en un seul coup et de laisser un peu plus d’espace à la stratégie). De même, certaines armures et armes renferment le pouvoir de ces éléments. Encore du classique mais, s’il n’y avait pas eu ce système ou un équivalent, on le lui aurait certainement reproché, non ?

  • La puissance des attaques dépend de l’orientation des combattants : un coup porté par derrière fait plus mal qu’un coup porté de face (de même que la probabilité de toucher l’adversaire dépend de cette orientation). En revanche, contrairement à Tactics Ogre, les bonus de ce type ne dépassent pas 10 à 15% (contre plus de 50%). Un élément utile mais pas dévastateur. C’est à l’appréciation de chacun. A noter que si on cumule l’ensemble des bonus (éléments, orientation, magie de support, terrain, etc.), on peut atteindre une attaque dont la puissance est augmentée de 50%.

  • Un peu plus tard dans le jeu, on peut infuser le pouvoir des éléments à certaines armes, armures et accessoires. Après certains combats, des pierres un peu particulières peuvent être ramassées mais on ne sait pas à quoi elles peuvent servir. Il vous faut aller voir un expert qui vous révélera leur signification et leur élément. Certaines combinaisons permettent de créer des objets surpuissants. A vous de trouver ces combinaisons qui résident dans de la lecture de petits poèmes. Une bonne idée.

  • A la fin de chaque combat, vous pourrez parler aux personnages de votre groupe, un peu à l’instar des Fire Emblem sur GBA. Il vous faudra faire attention à leur propre personnalité si vous souhaitez correctement répondre aux questions qu’ils vous posent. Mieux vous répondez, plus ils vous apprécient et vous offrent divers objets intéressant. En plus de cela, vous gagnez des bonus dans les statistiques lorsque les personnages et votre héros sont proches. Un peu gadget, mais bon…

  • Lorsque vous terminez le jeu, vous pourrez le recommencer avec toutes vos statistiques, armures, armes, casques, accessoires, argent, etc. Bref, avec tout ce que vous aviez en terminant le jeu. A cela s’ajoute un donjon qui mettra vos compétences à rude épreuve (puisque le dernier niveau vous mènera à des ennemis de niveau 99). Encore un classique que les amateurs de Donjon RPG et de challenge peuvent apprécier (on retrouve ce système dans Tactics Ogre, d’ailleurs).

  • Une fois que le jeu est terminé, vous avez la possibilité de jouer en ligne et d’affronter d’autres adversaires. Une bonne idée mais on ne trouve pas grand monde… Toutefois, on a la possibilité d’obtenir des objets et on garde l’expérience acquise, même si l’on perd. Une manière intéressante de faire du levelling.

Les personnages

Un petit paragraphe dédié aux personnages. Ces derniers sont plutôt attachants malgré, parfois, les réactions puériles de certains. Ils ont TOUS leur personnalité propre et bien tranchée, ce qui est vraiment plaisant. Les dialogues sont parfois, euh, réservés aux adultes. Le nombre d’allusions interdites aux moins de 18 ans est assez phénoménal, surtout à cause de l’un des personnages, Nikolai. Bien sûr, l’humour made in Japan qui résulte de ce genre de scènes (et pas que celles-ci) permet de détendre l’atmosphère du jeu.

Après, on pourra donc citer l’extrême coolitude de Kai le samurai, la force de Heath, la gentillesse de Claire, le côté attachant de Pollon (qui parle avec un de ces accents !), l’innocence de Theo et Cecille, la combativité de Leon, les blessures de Saki (une femme se cache derrière ce ninja froid et impitoyable !), le côté extrêmement sexy de Vanessa (*bave*), la torpeur de Vivi… ZZzzZZzzZZzzZzz… uh ? Bref, à vous de découvrir chacun des traits de ces personnages, d’autant plus que les phases d’intermission vous permet de davantage les connaître. Le fait de voir les différentes expressions qu’ils peuvent arborer rajoute à leur « personnification ».

Vraiment un très bon point pour le jeu. Toutefois, il n’y a aucun personnage caché et on ne peut pas décider de leur classe ni de leur pouvoir, ce qui est un peu dommage (contrairement à Tactics Ogre et Final Fantasy Tactics). Il faut savoir que les classes sont liées au déroulement de l’histoire pour la plupart d’entre elles… Ceci explique sans doute cela.

Musiques et sons

Le jeu offre une vingtaine de thèmes au total dont peut-être une dizaine pour les combats. Rien d’extraordinaire et les morceaux sont assez bien choisis bien que certains finissent parfois par taper sur le système. Mention spéciale au thème de l’avant-dernier combat que j’ai trouvé pas mal réussi.

De nombreux morceaux du scénario sont ponctués de voix plutôt bien foutues, ce qui donne de la vie aux personnages et à l’histoire. Certains passages sont bien plus crédibles que d’autres… On salue tout de même l’effort : les voix reflètent très bien la personnalité des personnages. D’ailleurs, ils parlent également durant les phases de combat en fonction de leur état de forme, ce qui est assez divertissement (rien de plus cool que le « Prepare yourself ! » de Kai ou le « Die ! » de Saki). Certains ennemis « majeurs » possèdent également une panoplie d’expressions vocales. Bref, un bon argument pour apprendre l’anglais.

Difficulté et durée de vie

Luminous Arc se termine en une quarantaine d’heures sans trop de difficultés (et avec un peu de levelling). Quelques passages seront assez ardus (on vous place de manière plutôt défavorable sur la carte). Les ennemis sont assez « intelligents » car ils comprennent qu’il faut vite éliminer un de vos alliés et ne pas taper au hasard sur différents protagonistes. On peut choisir jusqu’à huit personnages par combat (sachant que l’ennemi n’a également le droit qu’à huit guerriers) : on peut donc augmenter le challenge en choisissant moins de combattants.

Quelques quêtes annexes viendront agrémenter le jeu. On en saura davantage sur les personnages. D’ailleurs, ce qui permet d’augmenter la manière dont on apprécie le jeu tient justement au fait que le scénario se découvre petit à petit, en particulier pour ce qui concerne les relations avec vos amis (et ennemis).

Le fait de devoir terminer deux fois le jeu pour débloquer l’ensemble des bonus rajoute bien sûr au temps passé pour terminer complètement le jeu. Comptez dix heures supplémentaires.

En bref

On a là un RPG qui propose de bonnes idées : un scénario qui se tient, les éléments essentiels des T-RPG, des personnages attachants, un système de combat qui propose pas mal de pouvoirs, des quêtes annexes, un donjon supplémentaire, une large variété d’armes et armures à découvrir soi-même, des pouvoirs équilibrés, un mode en ligne intéressant, etc.

Malheureusement, le jeu pêche dans pas mal d’endroits : l’ergonomie des menus du combat parfois agaçant, un scénario très lisse qui est trop rempli de bons sentiments et de héros gentils, sans véritable tragédie ou rebondissement, un scénario finalement assez convenu (on s’en rend compte assez vite, passé le tiers du jeu - similitudes avec Breath of Fire II), des graphismes et musiques assez minimalistes, etc.

Si on est un habitué des T-RPG, on le terminera sans trop de difficultés avec un arrière goût d’inachevé. Si on débute dans ce domaine, ça peut être une entrée en matière intéressante mais sans plus. Le jeu est finalement un divertissement correct qui n’apporte pas grand chose au genre mais qui en possède tous les ingrédients de base. On espère que le second opus sera bien meilleur.

6 ou 7 ? J’aurais aimé lui mettre 6.5. Allez, soyons cléments et mettons un 7 d’encouragement à Marvelous Interactive.

Luminous Arc