Développé par EnjoyUp, édité par Destineer
Le rail shooter est un genre complètement passé de mode, et si SEGA a récemment tenté de le réhabiliter avec son House of the Dead : Overkill, il ne s’agit que d’une initiative isolée. Un peu plus tôt, le petit développeur espagnol EnjoyUp (également auteur de Chronos Twins deux ans plus tard) se lance sur ce qui est devenu un marché de niche pour son premier jeu, Little Red Riding Hood’s Zombie BBQ. Avec un titre comme ça, ça ne pouvait qu’être une réussite.
REGLEMENTS DE CONTES
Depuis que le Petit Chaperon Rouge a sauvé sa grand-mère des hordes maléfiques du Grand Méchant Loup, le monde féérique de Storyland semblait avoir retrouvé la paix. Mais à peine quelques temps plus tard, les choses recommencent à aller de travers et les zombis se mettent à pulluler, aussi bien près de la chaumière d’Hansel et Gretel que du village italien de Pinocchio ou de la maison du Père Noël. Alors, notre héroïne toute de rouge vêtue empoigne sa plus belle mitrailleuse et, accompagnée du ninja né d’une pêche Momo Taro, bat la campagne pour annihiler la menace.
KEEP THE STREETS EMPTY FOR ME
Little Red Riding Hood’s Zombie BBQ est donc un rail shooter vu de trois quarts haut. Par essence, ce type de jeu vous impose un défilement contre lequel vous ne pouvez rien. Ici, les sept (le huitième étant caché) niveaux que compte le jeu défilent uniquement à la verticale. Chaque monde comprend deux tableaux et est gardé par un boss. Trois niveaux de difficulté son proposés, mais seuls les deux derniers vous permettront d’accéder au huitième et dernier monde.
Vous commencez votre aventure en allant voir votre grand-mère, traversant auparavant le cimetière et la forêt. Manque de bol, mamie est alitée et semble atteinte du syndrome de l’Exorciste : sa tête ne tourne pas sur elle-même, mais son teint verdâtre n’est pas des plus ragoutants. Poursuivant votre aventure, vous vous rendez vers la maison en pain d’épice et y trouvez une Gretel elle aussi atteinte d’un mal étrange qui la ferait passer pour la petite cousine de l’incroyable Hulk. Pinocchio terrorise sa ville de carnaval, les Trois Petits Cochons se sont retranchés derrière un puissant robot-mixeur et la Belle au Bois Dormant s’est réveillée de bien méchante humeur…
Et au milieu de tout cela, vous allez devoir faire face à des hordes de zombis, plein de zombis, rien que des zombis (ou presque). Chacun a ses spécificités, depuis le mort-vivant de base jusqu’au démon armé d’une faux, en passant par le cracheur de miasmes, l’obèse qui éclate en projectiles nuisibles, l’invincible qui doit d’abord être démembré avant d’être achevé, ou encore l’affamé qui accélère lorsqu’il vous aperçoit. En outre, le décor lui-même vous veut du mal. Il vous faudra éviter les rayons laser, les flammes, les mains jaillies du sol ou encore les armures qui vous filent des coups de hache.
Pour ce faire, vous pouvez choisir d’incarner la gironde sulfateuse Little Red Riding Hood ou le ninja Momo Taro, mais la différence est surtout d’ordre esthétique. Les contrôles sont les mêmes, et tout se passe grâce au stylet, comme vous l’explique le tutoriel présent en début de partie. Concrètement, il suffit de viser pour toucher. Les munitions sont infinies, mais il faudra régulièrement recharger, simplement en relâchant la pression sur l’écran tactile. Si l’ennemi s’approche de trop, il est encore possible de lui mettre un gros coup de poing dans la gueule d’un simple coup de stylet, voire de lui balancer une grenade dans les gencives en « double-cliquant » sur l’écran. Et si l’esquive est la seule issue, votre avatar peut s’accroupir si vous cliquez dessus, ou se déplacer latéralement si vous cliquez sur l’une des cases d’à côté. En effet, votre marge de manœuvre repose sur sept cases bleues présentes en bas d’écran, votre héros(-ïne) étant par défaut placé(e) sur celle du milieu.
Vous pourrez découvrir de nouvelles armes, soit en pulvérisant les caisses et barils présents sur votre parcours, soit en pulvérisant le chat et le chien zombis qui se courent après ! Vous mettrez ainsi la main sur un puissant mais lent fusil à pompe, sur un puissant mais court lance-flammes ou encore sur un laser sans défaut majeur. Vous trouverez encore des grenades pour refaire votre stock, ou des recharges de santé pour garnir une jauge de vie qui a une fâcheuse tendance à se déplumer.
LA COURTE NUIT DES MORTS-VIVANTS
Little Red Riding Hood’s Zombie BBQ parodie les univers de contes classiques et le résultat est assez amusant, à mi-chemin entre Darkstalkers et Promethea. L’univers graphique est coloré et détaillé, l’action s’affichant simultanément sur les deux écrans. Les zombis jouissent de nombreuses animations d’une fluidité exemplaire, et la partie musicale, aux petits accents rock, est plutôt plaisante, quand bien même elle se retrouve souvent noyée sous les bruitages des différents tirs et des borborygmes de vos ennemis.
La maniabilité est simple à appréhender mais parfois compliquée à mettre en œuvre. Il est par exemple assez fréquent que l’on balance une bombe plutôt qu’un coup de poing, simplement parce que dans le feu de l’action, on a double-cliqué sur l’écran. En effet, le jeu ne vous laisse aucun répit, et les derniers niveaux sont sévèrement burnés. D’autant plus que le niveau de difficulté normal ne vous permet pas de profiter de la véritable fin, il vous faudra impérativement en passer par un niveau de difficulté élevé, qui porte hélas bien son nom. Les niveaux étant nombreux et plutôt longs, parvenir à la conclusion de l’aventure vous demandera un investissement considérable, que seuls les plus acharnés accepteront.
EnjoyUp réserve donc son titre à une frange de la population ultra-minoritaire : les joueurs exigeants amateurs de rail shooters. Autant dire qu’une simulation de Scrabble en Papouasien aurait plus facilement trouvé preneur. Malgré tout, le titre est vraiment plaisant pour qui souhaite y perdre du temps, et ce n’est pas non plus comme si l’offre était pléthorique.