Développé par Telltale Games, édité par Warner Bros. Interactive
Lorsque j’ai entendu parler des premiers jeux LEGO, j’ai souri en mon for intérieur. Mais lorsque j’ai essayé le premier LEGO Star Wars, je me suis aperçu que le géant danois du jouet avait su s’entourer de bons développeurs. Alors quand j’ai appris la mise en chantier de LEGO Harry Potter, j’ai une nouvelle fois souri, mais cela n’avait rien d’ironique cette fois-ci. Je me suis dit que peut-être, enfin, le sorcier le plus célèbre du monde allait avoir droit à un jeu à la mesure de sa renommée.
C’EST LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE
LEGO Harry Potter Years 1-4, comme son nom l’indique, reprend les quatre premières années d’études du jeune héros, autrement dit l’intrigue des quatre premiers romans : la Pierre Philosophale, la Chambre des Secrets, le Prisonnier d’Azkaban et la Coupe de Feu. En dehors de leurs cours de magie appliquée, Harry et ses amis Ron et Hermione devront déjouer les plans maléfiques de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom-mais-qui-s-appelle-en-fait-Voldemort-mais-chut-faut-pas-le-dire, et apprendre ce faisant les règles étonnantes qui régissent le monde des sorciers.
DE BRIQUES ET DE BLOCS, FORCEMENT
LEGO Harry Potter Years 1-4 est un jeu d’aventure en vue de trois quarts haut. L’aventure est divisée en quatre années, donc, et chacune d’entre elles se subdivise en plusieurs chapitres, pour un total de quarante-quatre chapitres. Certains d’entre eux vous opposent à des boss.
Même s’il parodie allègrement la saga (par exemple, il suffit à Dumbledore d’offrir un jeu de LEGO au père de Cédric pour le consoler de la perte de son fils), le jeu en suit scrupuleusement les grandes lignes. Ainsi lors de sa première année par exemple, Harry devra subir les brimades de Privet Drive, faire ses courses sur le Chemin de Traverse et en passer par le quai 9 ¾ avant d’arriver enfin à Poudlard, où il suivra les cours de Flitwick, McGonagall, Rogue ou encore Bibine, tout en lattant du Troll dans les toilettes des filles. Il obtiendra la cape d’invisibilité qui lui permettra de faire les quatre cents coups sans être vu et il finira par affronter le Professeur Quirrell après une partie d’échecs bien moins mémorables que dans le roman ou le film.
Pour faire tout ça et bien d’autres choses encore, il vous suffira de déplacer votre personnage à la croix ou au stylet. Par contre, seul ce dernier sera utilisé pour lancer les sorts, et pour toutes les interactions. Au fur et à mesure que l’aventure progresse, vous apprendrez de nouveaux sortilèges, dans la classe de monsieur Flitwick majoritairement. Il s’agira de deux types de sorts : ceux concernant l’attaque ou la défense et ceux permettant une quelconque interaction. Les premiers sont au nombre de quatre : Reducto et Ridikulus qui nécessitent de tracer un trait entre vous et l’ennemi, Spero Patronum qui commence pareil puis vous demande de dessiner un triangle autour du Détraqueur, et Stupefix qui vous demande d’encercler votre héros pour le prévenir d’une attaque. Pour ce qui est des sorts d’interaction, il faudra d’abord viser l’objet entouré d’une aura verte, puis reproduire le symbole demandé.
Notez que vous pourrez, au fil du jeu, incarner un très grand nombre de personnages. Par exemple, lors de votre première visite du Chemin de Traverse, vous pourrez alterner entre Harry et Hagrid (en utilisant la gâchette R ou en cliquant sur le personnage). Certaines actions sont possibles à l’un mais pas à l’autre. Ainsi, Hagrid peut pousser les objets encombrants et pas Harry. Si une interaction est impossible avec le personnage en cours d’utilisation, l’aura qui entoure l’objet est violette et non verte, et la tête du personnage pour qui l’interaction est possible apparaît en haut de l’écran. Si l’action est impossible pour tous les personnages de l’équipe, l’aura est rouge et il faudra revenir plus tard, lorsque vous aurez appris le sort ou obtenu le personnage qui peut résoudre la situation. En effet, vous pouvez refaire n’importe quel niveau du mode Histoire une fois que vous l’avez terminé, et ce avec n’importe quel personnage débloqué, ce qui donne lieu à des situations amusantes lorsque, par exemple, l’oncle Vernon vous demande de ramasser les cadeaux de Dudley alors que vous incarnez Mimi Geignarde et non Harry.
Outre les différentes énigmes dont la résolution fait avancer votre quête, vous devrez triompher de plusieurs mini-jeux permettant de varier un peu les plaisirs : jeu de mémoire, préparation de potion ou encore course-poursuite avec Touffu ou le Magyar à Pointes en sont quelques exemples.
Enfin, vous pourrez trouver un grand nombre d’objets à collecter : des chapeaux tout d’abord. Il y en a cinq par niveau, et ils s’obtiennent en réalisant diverses actions. L’un des cinq nécessite notamment de remplir la jauge en haut d’écran, qui se complète à mesure que vous accumulez les pièces d’or, d’argent et bleues. Vous pourrez ensuite, entre deux missions, dépenser vos chapeaux dans la Salle sur Demande pour acheter des cinématiques, des bonus, des personnages, etc. Vous pourrez aussi obtenir, dans certains niveaux, une brique rouge ou encore des cartes de sorcier. Pour ces deux-là, je vous avoue que je n’ai pas vraiment compris à quoi ça sert.
HARRY, UN AMI QUI VOUS VEUT ENFIN DU BIEN
LEGO Harry Potter Years 1-4, sur la portable à double écran en tout cas, n’est pas particulièrement sexy, mais pas vilain non plus. La 3D isométrique est un peu surannée et les décors paraissent souvent vides, mais l’ensemble est coloré et tout de même assez plaisant à l’œil. Les cinématiques entre les niveaux sont les mêmes que sur consoles de salon, seule la qualité de compression vidéo est en (grosse) baisse. Les animations sont relativement fluides, mais on note parfois quelques bogues d’affichage lors des collisions. Rien de véritablement gênant, mais ça sent le boulot mal fini. La partie sonore est quant à elle passe-partout, reprenant la majorité des thèmes connus de la saga, le fameux Hedwidge Theme notamment. Jusque là, l’élève Potter écope donc d’une appréciation Moyen ++, plus grâce à son humour potache que pour sa réalisation tout juste satisfaisante.
Il y a par contre du mieux en ce qui concerne la jouabilité. La maniabilité est relativement aisée - même si certains sorts sont un peu pénibles à reproduire au stylet, la faute à une reconnaissance tactile assez pointilleuse - et la difficulté est pour ainsi dire nulle. En effet, s’il est possible, et même fréquent, de succomber, on recommence pile au même endroit et notre avatar dispose d’un nombre infini de vies. Il n’y a donc pas à proprement parler de game over, et les amateurs de challenge en seront pour leurs frais. LEGO Harry Potter Years 1-4 s’adresse donc plutôt aux plus jeunes et/ou aux joueurs occasionnels.
Considérant cela, il atteint son but : amener une large frange de la population au jeu d’aventure sans jamais la brimer. Pas forcément qualitatif, le titre de Telltale Games reste en permanence jouable et accessible, et à vrai dire, c’est sans doute la première fois que l’ami Harry a droit à une transposition vidéoludique susceptible d’intéresser le joueur.