Kirby : le Pinceau du Pouvoir est un jeu vidéo DS publié par Nintendoen 2005 .

  • 2005
  • Plates-formes

Test du jeu vidéo Kirby : le Pinceau du Pouvoir

4/5 — Exceptionnel ! par

Développé par HAL Laboratory, édité par Nintendo. Connu au Japon en tant que Touch ! Kirby et aux États-Unis sous le titre Kirby : Canvas Curse.

Kirby a beau être une série relativement vaste et globalement au-dessus de tout soupçon, force est de reconnaître que la petite boule rose n’a que rarement évolué depuis ses débuts. En termes de mécaniques de jeu, l’œuvre de HAL Labs s’est toujours plus ou moins présentée sous la forme d’un gentil petit frère de Mario, pouvoir d’aspiration en plus mais challenge en moins. Seules exceptions à la règle, les quelques mini-jeux du Fun Pack / Super Star, et les courses molles du Air Ride. Au milieu de la décennie précédente (déjà, diantre !), les développeurs ont eu une idée en apparence toute conne : mais au fait, notre héros est une boule, non ? Il peut donc rouler ! Ben oui, suffisait d’y penser.

JE PEUX PAS TE VOIR EN PEINTURE

Comme toujours lorsqu’on entame un Kirby, tout allait bien sur le paisible Dream Land. Mais voilà qu’un jour apparaît Crayona, sorcière de son état, qui se met en tête de transformer la contrée en tableau de maître. Avant qu’elle ne s’en retourne au travers de son portail dimensionnel, Kirby la prend en chasse mais la confrontation tourne au vinaigre : la thaumaturge transforme notre héros en… boule ! Ainsi condamné à rouler jusqu’à la fin de ses jours, son salut viendra peut-être du Pinceau du Pouvoir, capable de tracer des arcs-en-ciel dans le monde peinturluré de Crayona. C’est que ça doit pas fumer que du tabac, chez HAL…

TRACE TA ROUTE

Kirby : le Pinceau du Pouvoir est un jeu de plates-formes vu de profil qui se déroule le long de huit mondes, chacun d’entre eux - à l’exception du dernier - étant lui même subdivisé en trois niveaux. Un monde n’est débloqué que lorsqu’on parvient à finir le précédent. Dans chaque niveau, le but est d’atteindre la porte de sortie. À la fin de chaque monde - sauf pour l’avant-dernier cette fois - le héros doit affronter un boss. Les environnements, quoique très stylisés, représentent qui un volcan, qui une forêt, ou encore une caverne ou un fond marin. Quant aux ennemis, vous les connaissez bien puisqu’ils sont les adversaires traditionnels de la saga. Même le roi Dadidou ou Kracko sont de la partie, en guise de boss.

Dit comme ça, on pourrait croire que le Pinceau du Pouvoir n’est qu’un Kirby parmi tant d’autres. Or, il n’en est rien. Ne cherchez pas à utiliser quelque bouton de la console que ce soit, tout se joue au stylet, sur l’écran tactile. En outre, à aucun moment vous ne contrôlez directement Kirby : en fait, tel un démiurge, vous maîtrisez le fameux pinceau (représenté par votre stylet, donc) pour tracer une route au héros qui, lui, continue sa course quoi qu’il advienne.

Et c’est bien là tout le génie de l’affaire. Vous allez tapoter votre écran pour tracer des arcs-en-ciel qui serviront de pistes d’envol, de rampes ou de murs pour faire progresser ou au contraire stopper la boule rose, « lemmingisée » pour l’occasion. Le truc, c’est que les arcs-en-ciel ne sont pas éternels : ils disparaissent au fur et à mesure, d’autant plus vite s’il vous prend l’envie d’en dessiner un second à l’écran. Mieux vaut donc tracer une seule piste en un seul mouvement, aussi tarabiscoté soit-il, que plein de petits traits stériles. L’autre subtilité, c’est que la jauge de peinture servant à tracer ces fameux arcs-en-ciel n’est pas inépuisable. Heureusement, elle se recharge d’elle-même, assez lentement si vous êtes dans les airs ou sur une piste, mais bien plus vite si le héros retombe sur la terre ferme.

Bien entendu, l’aventure serait bien plate s’il n’existait pas de vermine pour se mettre en travers de votre progression. Ici, Kirby est incapable d’aspirer ses proies. Il vous faudra donc, au choix, tapoter la boule rose pour lui faire prendre de la vitesse et ainsi foncer sur ses adversaires, ou au contraire frapper l’ennemi du bout de votre stylet pour l’assommer et permettre au héros de lui rouler dessus en toute quiétude. L’une comme l’autre de ces possibilités vous permettent, face à certains monstres, de récupérer leur pouvoir. Vous obtiendrez donc de nouvelles capacités (électricité, flammes, etc.) qui remplaceront le dash : il suffira de toucher Kirby pour les activer. Les deux seuls moyens de perdre une capacité sont de se faire soi-même toucher par un monstre, ou de cliquer sur le bouton prévu à cet effet.

Kirby pourra également trouver des médailles au cours de sa progression, trois dans chaque niveau auxquelles s’ajoutent celles que l’on peut obtenir dans les épreuves facultatives (une course contre la montre ou un parcours où il faut limiter l’utilisation de l’encre). Ces médailles permettent de débloquer divers bonus : de nouvelles couleurs, d’autres personnages à incarner ou trois mini-jeux : un shmup à l’ancienne, une course de chariots ou un jeu de dessin.

Terminons-en en parlant des boss. Si vous les rencontrez au terme de sept des huit mondes, vous n’en affronterez en réalité que quatre. Crayona, le boss final, se présente sous la forme d’un combat relativement classique, mais les trois autres (Dadidou, Kracko et Paint Roller, que vous affronterez deux fois chacun) s’affichent sous forme de mini-jeux alliant vitesse et réflexes.

ÉLÈVE HAL : MENTION BIEN

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas pour son scénario que l’on retiendra cet épisode. Kirby conserve son intrigue au ras des pâquerettes et son univers niais, pour le plus grand bonheur des puristes et au grand dam de ses détracteurs.

Ceci étant, le titre est visuellement bluffant. Toujours très guimauve dans l’âme, le design général abandonne les dessins naïfs pour une esthétique plus abstraite. Les couleurs sont brutales, les formes et les textures se mélangent de manière surprenante et tout ce petit monde s’anime joyeusement au rythme des mélodies sucrées propres à la saga.

La surprise continue lorsque l’on s’attaque à la maniabilité. Reprenant certaines ficelles de Yoshi : Touch and Go ! et se déclarant comme une parfaite vitrine des capacités offertes par l’écran tactile de la bécane, Kirby : le Pinceau du Pouvoir est un petit bijou de maniabilité, comme toujours. Inutile de passer des heures en tutoriels abscons, il ne faut que deux secondes chrono en main pour apprécier le titre à sa juste valeur, et le level-design brillantissime accroît la difficulté pas à pas. Une difficulté d’ailleurs plus importante qu’à l’accoutumée, tant il faut surveiller non seulement son personnage, mais aussi ses adversaires, le décor et les lignes que l’on trace, et parfois réagir au quart de tour. Ceci compensant une durée de vie maigrelette, à peine minimisée par des épreuves bonus sans trop de charisme.

HAL Laboratory s’est donc appliqué, en bon développeur second, à ce que son jeu serve de faire-valoir à la bécane. Mais plus que l’utilisation du stylet et de l’écran, ce Kirby-là fait montre d’une parfaite maîtrise des codes du game design. Une maîtrise qui n’est pas sans rappeler celle d’un certain Nintendo. Ah merde, ça fait encore trop fanboy, hein ?

Kirby : le Pinceau du Pouvoir