Inazuma Eleven, cékoidon ?
Prenez ‘Captain Tsubasa’, plus connu chez nous sous le nom de ‘Olive et Tom’… Mais si, vous savez, ce manga sur le foot où les terrains faisaient 10 kilomètres de long et où les joueurs possédaient des attaques spéciales capables de repousser le gardien dans ses buts, et même de lui faire traverser le filet.
Prenez aussi ‘Dragon Ball Z’… Mais si, vous savez, ce manga où les héros comme les méchants sont capables de détruire une planète d’un simple geste du bras.
Mélangez les deux et vous obtenez Inazuma Eleven : un jeu sur le football, où les attaques spéciales des joueurs sont capables de détruire la moitié du terrain et font passer les matchs d’Olivier Atton pour un modèle de réalisme !
L’histoire a pour héros Mark Evans, le gardien de but et capitaine de l’équipe de Raimon… Enfin quand je parle d’équipe, il n’y a que sept joueurs en tout. Et sur les sept, seul Mark est réellement motivé : il rêve en effet de gagner le Football Frontier, le plus grand tournoi de football du pays.
Néanmoins ne jouant pas de matchs, le club est au bord de la dissolution, jusqu’au jour où la Royal Academy lui propose un match amical.
Pour les joueurs de Raimon, c’est le match de la dernière chance : s’ils ne sont pas capables de le gagner, le club sera définitivement dissout. Le problème est que la Royal Academy est la plus puissante équipe du pays et n’a pas perdu un seul match depuis quarante ans !
Notre sympathique héros réussit tant bien que mal à recruter pour avoir les onze joueurs minimum, mais le match est à sens unique et, à la mi-temps, la Royal Academy mène par 20 à 0.
Bref, avant même le début du jeu proprement dit, l’équipe de Raimon est déjà bien mal barrée, à tel point que l’un des joueurs préfère s’enfuir plutôt que de vivre une seconde mi-temps aussi terrifiante que la première.
C’est alors qu’Axel Blaze, nouvel élève de Raimon, revêt le maillot du joueur s’étant enfui et monte sur le terrain… Le miracle aura-t-il lieu ?
Tempête de clichés
Si, en lisant cela, vous avez l’impression qu’Inazuma Eleven va reprendre tous les clichés des mangas footballistiques, eh bien vous avez parfaitement raison !
Le jeu est découpé en 10 chapitres ; à la fin de chacun d’entre eux vous devez affronter une autre équipe pour passer au tour suivant du Football Frontier. Une défaite entraîne un game over définitif, alors pensez à sauvegarder avant ce match.
Le déroulement d’un chapitre est grosso-modo sans surprise : vous apprenez qui est votre adversaire, et que celui-ci est ‘beaucoup plus fort que toutes les autres équipes que vous avez jamais rencontrées et que, sans apprendre une nouvelle technique de la mort qui tue, vous n’avez aucune chance de gagner’. Bien entendu, vous apprenez la nouvelle technique ultime et vous remportez le match.
Bon, dit comme cela, cela a l’air très nul… mais ce n’est qu’une impression. Oui, le scénario est bourré de clichés et sans surprise mais, malgré cela (ou peut-être grâce à cela, je ne sais pas trop), l’histoire se laisse suivre et se déroule sans heurts.
Je hais ce jeu
L’histoire est divisée en dix chapitres. Le premier (résumé au-dessus) fait office de tutoriel pour apprendre comment jouer. Car oui, la première chose qui choque, c’est la maniabilité. Oubliez tout ce que vous savez sur les jeux de football : ici les matchs se jouent au stylet. Vous ne contrôlez aucun joueur, mais vous pouvez leur donner des ordres via l’écran tactile : tracez un trait à partir d’un joueur, celui-ci suivra la trajectoire que vous avez définie ; appuyez sur une zone du terrain, le porteur de la balle effectuera une passe à cet endroit. Si des adversaires tentent de prendre le ballon, deux petits coups rapides de stylet sur le possesseur de balle lui permettront de faire une pointe de vitesse pour se débarrasser de ses poursuivants les plus proches. Et enfin, pour tirer au but c’est comme une passe, mais en tapant sur le but adverse.
Lorsqu’un joueur adverse arrive au contact du possesseur de balle, un menu s’affiche, vous proposant trois actions pour conserver le ballon face à votre adversaire, ou le prendre si c’est lui qui la possède. La première est dite ‘simple’ ; elle a moins de chance de réussir que les autres mais si c’est le cas, la balle vous collera au pied. La seconde est dite ‘risquée’ ; elle a plus de chance de réussir, mais celui qui la réalise prend le risque de perdre le contrôle de la balle après coup. Et enfin il y a les attaques spéciales, surpuissantes ; elles réussissent quasiment tout le temps et vous permettent toujours d’avoir le contrôle du ballon. Par contre, les utiliser épuise vos joueurs.
Dire que jouer se fait intuitivement est faux. On galère énormément au début avant de trouver ses marques, mais une fois que les principes de base sont assimilés, on enchaîne instinctivement les passes, les attaques et les autres actions.
Le problème est de tenir jusque là : en effet, un pic de difficulté se présente dès le deuxième chapitre, à tel point que l’on se demande ce que les développeurs ont fumé.
Le second chapitre est, là encore, un match amical pour convaincre le proviseur du lycée d’inscrire l’équipe au tournoi. Le problème est que ce match est très scripté : en seconde mi-temps, vous devez prendre la balle à vos adversaires et la passer à un de vos attaquants, et uniquement à celui-là, afin qu’il tente un tir et échoue ; puis reprendre à nouveau la balle et reproduire la même attaque avant de pouvoir espérer marquer un but. Les mi-temps sont courtes (3 à 4 minutes en temps réel) et les joueurs adverses ne se laissent pas faire. Alors lorsque l’on ne maîtrise pas le maniement du jeu, réussir à attaquer peut s’avérer galère ; mais réussir à réaliser l’attaque, précisément comme demandé, dans le temps imparti, semble être mission impossible, et au bout d’une dizaine de tentatives ratées, l’envie d’acheter une tronçonneuse pour régler son compte à cette saleté de cartouche se fait irrésistible.
J’adore ce jeu
C’est ce que l’on appelle ‘apprendre à la dure’. Mais bon, pour une fois qu’un jeu ne nous mâche pas le travail… Et au moins, cela sert de bon entraînement : une fois ce match réussi, on maîtrise parfaitement le jeu.
Inazuma Eleven est la fusion quasi-parfaite du jeu de rôle ‘à la japonaise’ et du jeu de foot.
Chaque joueur possède ses propres caractéristiques (précision, rapidité, endurance…). Après chaque match ou défi, chacun reçoit une certaine quantité de points d’expérience et, une fois un certain seuil atteint, gagne un niveau ; ce qui augmente ses capacités, voire même lui permet acquérir de nouvelles techniques.
Je viens de parler de défis. Il s’agit de l’équivalent footballistique des monstres errants. Pour vous montrer leur soutien, les autres clubs de votre école (basket-ball, judo, athlétisme mais aussi cancres et… euh… journalisme) ont décidé de vous entraîner à la dure : à n’importe quel moment dans vos explorations, vous pouvez être ‘attaqué’ par un club pour réussir un défi. Ceci se déroule sous la forme d’un mini-match (quatre joueurs contre quatre). Généralement le but sera de marquer un but en premier, ce qui ne sera pas bien difficile. Mais de temps en temps l’objectif du défi sera un peu plus original, comme par exemple conserver la balle durant toute la durée du défi, ou au contraire s’en emparer le plus vite possible.
Dans un jeu de rôle classique, la victoire rapporte de l’expérience mais aussi de l’argent. Ici l’argent est remplacé par des points de motivation et des points d’amitié.
Les points de motivation servent pour tout : acheter de l’équipement pour améliorer vos joueurs, les soigner lorsqu’ils sont épuisés, les entraîner individuellement et leur donner de nouvelles techniques. Les points d’amitié servent pour recruter de nouveaux joueurs. Globalement ceux-ci ne sont pas très bons, mais de temps en temps vous pouvez tomber sur une perle rare.
Une fois le second chapitre passé, les matchs ne vous poseront plus de problèmes jusqu’à la fin du jeu, les autres équipes étant largement plus faciles à battre. Seule l’équipe finale pourra vous causer des difficultés mineures, mais rien d’insurmontable.
Et donc, en même pas une vingtaine d’heures vous pouvez finir le jeu sans rencontrer beaucoup de problèmes.
À ce moment vous devez vous dire : ‘Vingt heures de jeu, pas de difficulté, c’est nul’. Eh bien non, l’intérêt du jeu se révèle vraiment après sa fin : une fois la partie terminée, vous pouvez choisir de continuer à jouer. Si vous le faites, vous débloquez de nouveaux matchs dits ‘relevés’ ; et là, vous pouvez oublier la facilité du jeu : les équipes les plus faibles vous mèneront la vie très dure au début, et il vous faudra beaucoup de temps et d’entraînement avant d’être capable de marquer contre les plus puissantes.
Vaincre ces équipes vous demandera quasiment deux à trois fois plus de temps que pour finir le mode histoire… Autrement dit, la durée de vie du jeu devient conséquente.
Mon principale grief contre Inazuma Eleven est la gestion des sauvegardes… enfin, je devrais dire de LA sauvegarde. Donc, si votre petit frère veut découvrir le jeu depuis le début, soit il vous vire votre sauvegarde, soit il s’achète sa propre cartouche. Honteux ; autoriser deux ou trois sauvegardes différentes n’est pas un exploit technique !
L’école des champions
Graphismes : Corrects. Sur le terrain les personnages sont un peu petits, mais on n’a aucune difficulté à reconnaître les joueurs.
Sons : Les voix digitalisées sont correctes mais largement sous-exploitées. Les musiques sont globalement bien faites. Par contre les bruitages manquent de crédibilité.
Animation : Le tout est fluide et rapide.
Difficulté : C’est ridicule que, pour un joueur débutant, le match le plus dur soit le second. Il aurait été plus agréable d’avoir un match plus facile et un peu plus de difficulté lors des matchs suivants dans le mode histoire.
Richesse : Ce jeu se démarque vraiment des jeux de la licence ‘Captain Tsubasa’, non pas par son principe mais par sa jouabilité.
Scénario : Tous les clichés des mangas sur le football sont réunis ici, pour notre plus grand plaisir.
Ergonomie : Il faut un très long temps d’adaptation avant de maîtriser le gameplay. Mais une fois celui-ci acquis, on fait ce que l’on veut sans la moindre difficulté.
Longévité : Même si le mode histoire est très court et offre peu de défi, les matchs contre les équipes avancées se déroulant après vous occuperont de nombreuses heures.
En bref : Vous aimez les mangas sur le foot ? Pour vous, un vrai terrain de foot doit faire sept kilomètres de long et trois mètres de large ? Ce jeu est pour vous. Irréaliste à souhait et doté d’une jouabilité originale et efficace, il vous occupera un bon moment.