Malgré son nom, c’est la première fois à ma connaissance, que l’éditeur Midas Interactive, surtout connu pour ses jeux budget (échecs, jeux de cartes, etc.) sur Playstation première et deuxième du nom, s’intéresse un tant soit peu à la mythologie grecque. Sorti à l’origine conjointement sur PC et Playstation 2, le jeu revient aux origines du genre plates-formes, avec des références bien couillues comme Rainbow Islands. Pour ceux qui commenceraient à avoir une érection rien qu’à la lecture du fameux titre de Taito, je tiens à doucher vos ardeurs en vous rappelant qu’il s’agit bien d’un jeu Midas, le Davilex des temps modernes.
J’M’APPELLE HERCULE, ET SI J’T’ATTRAPPE…
Banni de l’Olympe par son dieu de père, Heraclès bat la campagne avec son ami, le cheval ailé Pégase, lorsque ce dernier se fait enlever par les hommes de main de son oncle Poseïdon. Non, pas l’oncle du cheval, l’oncle de notre héros. Le Lion de l’Olympe (l’un des nombreux surnoms du demi-dieu) s’élance donc à la poursuite des ravisseurs, histoire de sauver son ami et accessoirement, de regagner sa place dans les cieux.
RAINBOW WARRIOR
Etant donné qu’Heraclès - ou Hercule de son nom romain - représente l’idée de la puissance physique à son summum, on est en droit de s’attendre à un gros beat’em all qui sent bon la sueur et le sang, les corps huilés et les sandalettes spartiates. Alors nous dirons qu’il y a tromperie sur la marchandise, puisque Heracles : Battle with the Gods est un jeu de plates-formes. Et pas de ces jeux à défilement latéral, hein, des plus anciens. Ceux où l’on se cantonne à la verticalité, façon Joust, Ice Climber ou Bubble Bobble.
En effet, les niveaux sont latéralement sans fin : si vous persistez à avancer vers la droite ou la gauche, vous revenez forcément tôt ou tard à votre point de départ. L’objectif est donc de gravir les différents tableaux qui composent chaque niveau (cieux, enfer, etc.) et d’affronter, en fin de parcours, un boss. Les adversaires vont de la simple mais anachronique chenille à Cerbère, en passant par des centaures volants, des oiseaux ou des espèces de yétis.
Mais si Heracles, tel que présenté dans ce jeu, est une petite lavette pas même capable de faire usage de ses muscles, il n’en est pas pour autant dénué de talents. Il peut tout d’abord sauter (bouton B), et même effectuer des doubles-sauts. Il peut ensuite projeter des disques qui lui servent d’arme de jet (gâchettes L ou R). Il peut enfin, et c’est là tout l’intérêt de la chose, se créer des arcs-en-ciel (bouton A). Ceci peut aussi bien servir de moyen d’attaque, puisqu’un ennemi touché par un arc-en-ciel succombe, mais aussi de plate-forme : vous pouvez grimper dessus pour sauter de plus haut. Attention cependant, il ne faut pas sauter SUR l’arc-en-ciel mais DEPUIS l’arc-en-ciel. Sinon, il s’écroule. On peut créer un arc, aller dessus et re-créer un nouvel arc, mais surtout, il ne faut PAS SAUTER.
Plusieurs règles s’appliquent aux arcs. On ne peut donc pas sauter dessus au risque de les faire disparaître, comme nous l’avons vu. On ne peut pas non plus poireauter cent sept ans dessus, puisqu’au bout d’un moment, l’arc-en-ciel disparaît quand même. On ne peut pas non plus en créer à loisir : si vous avez créé deux arcs et que vous en faîtes un troisième, le premier disparaît.
A ces mécaniques quelque peu confuses s’ajoutent plusieurs problèmes. Les ennemis bien entendu, mais également les plates-formes friables ou mobiles, les ressorts ou encore les revêtements glissants ou nocifs (piques, chaleur, etc.). Ajoutons que l’on ne peut pas « traverser » (c’est-à-dire que dans la plupart des jeux de plates-formes, lorsqu’on saute sur une plate-forme depuis en dessous, on la traverse pour atterrir dessus ; sisi, essayez, vous verrez) les plates-formes et on tient là un joyeux casse-tête.
Heureusement, notre héros trouvera tout au long de son parcours des objets plus ou moins utiles. Ainsi en est-il des doubles arcs-en-ciel permettant plus de marge de manœuvre, des bonus de rapidité (les arcs partent plus vite), de l’éclair symbolisant une invincibilité temporaire, des vies représentées par des têtes d’Heracles, ou encore des boucliers. Ces derniers fonctionnent de la même manière que les anneaux de Sonic : tant que l’on en a au moins un, on ne peut pas mourir, et si on se fait toucher, on les perd tous mais on peut en récupérer une partie. Par contre, la limite est ici de neuf boucliers (il existe des boucliers géants équivalents à plusieurs boucliers normaux).
BATTLE WITH THE BUGS
Heracles : Battle with the Gods est un jeu assez peu attirant de prime abord. Les environnements en 3D précalculée des versions PC/PS2 font ici place à des décors pixellisés, vides et sans effet de rotation, ce qui empêche au début de comprendre que l’on tourne en rond. La représentation des ennemis comme du héros est minimaliste, leurs animations sont particulièrement hachées et la bande-son est répétitive au possible.
Mais par un malheureux hasard, la réalisation n’est pas le pire. Le pire, c’est tout le reste. Le système de jeu peu avenant (IL NE FAUT PAS SAUTER SUR LES ARCS-EN-CIEL !!!), les errances en matière de gameplay, le héros répondant lentement et mal aux injonctions, la détection des collisions toute relative (on peut se trouver avec la tête du héros qui chevauche entièrement le sprite de l’adversaire sans être touché, mais si on a le malheur de sauter à huit pixels du monstre, pan dans la gueule !), le level-design rebutant qui veut qu’un ennemi soit forcément placé pile là où c’est le plus chiant pour pouvoir sauter…
Et surtout, SURTOUT, un nombre effarant de bugs. Bugs graphiques comme je viens de vous l’écrire, mais pas seulement. Par exemple, les niveaux sont latéralement infinis, donc. Soit. L’ennui, c’est que la distance requise pour faire un « tour complet » est tellement petite qu’un adversaire peut aussi bien se trouver à gauche ET à droite de l’écran en même temps ! C’est par exemple le cas du deuxième boss. Ce dernier est d’ailleurs à lui seul un bug, puisque son masque de collision est tellement petit qu’il est quasiment impossible de trouver la faille. Techniquement, il faut le toucher derrière la tête, chose difficilement concevable puisqu’il vous regarde à la fois d’un côté et de l’autre. Et le meilleur pour la fin. Vous avez vos neuf boucliers, vous partez confiant. Vous ramassez un autre bouclier… Eh bien dans ce cas-là, le compteur revient à zéro !
Sortir un tel non-jeu, lorsqu’on est une société qui a pignon sur rue (même avec un historique aussi pitoyable), c’est tout bonnement une honte, ou une insulte. Il n’est tout simplement pas concevable que quelqu’un, même complètement déviant, puisse trouver un quelconque plaisir à jouer à… A ça. Ca ne mérite même pas d’être qualifié de quoi que ce soit.