Développé par Vicarious Visions, édité par Activision en 2008.
Que faites-vous lorsque vous êtes aux antipodes, séparé de vos guitares pour un an, des milliers de kilomètres entre vous, mais que vous avez une DS ?
Vous vous consolez comme vous le pouvez avec une simulation de guitare… un jeu comme Guitar Hero on Tour.
Où qu’c’est qu’je branche ma gratte ?
Quel est l’intérêt d’avoir une console portable, si c’est pour s’encombrer d’une copie de guitare en plastique fisher-price (rires) ?
Aucun. En effet.
D’où l’absence de guitare, laquelle est remplacée ici par le guitar grip, un accessoire qui épouse la paume de votre main et s’insère dans la fente prévue pour accueillir les cartouches de jeux GBA, et qui comporte quatre boutons de couleurs différentes. Ceux sur lesquels vos petits doigts boudinés par trop d’heures passées crispés sur une manette vont souffrir.
Rock ‘n roll all nite
Guitar Hero on Tour comporte en tout vingt-cinq morceaux (à débloquer au fur et à mesure). En fait, ils sont répartis sur cinq endroits différents où vous jouerez, de la station de métro à… mais chut, je vous laisse le plaisir de découvrir tout cela.
Ces morceaux vont de « Will you be my girl » par Jet à « I don’t want to stop » par le croulant et décérébré Ozzy Osbourne, en passant par « Spiderwebs » par No Doubt ou « Breed » par Nirvana. Ou encore « Rock ‘n roll all nite » par Kiss, « We’re not gonna take it » par Twisted Sister ou « Pride and Joy » par Stevie Ray Vaughan.
Je signale à toutes fins utiles que c’est la version australienne que j’ai, donc la liste des morceaux peut changer en Europe, no se, Ich weiss nicht, I dunno, no lo so, ik weet niet, nie wiem et j’en sais rien.
Vous pouvez incarner six personnages différents, trois jeunes femmes et trois mecs. Je ne sais pas pourquoi mais je choisis presque toujours une fille… surtout celle en vêtements de lycéenne… mais celle en bas et porte-jarretelles me plaît fort aussi… serais-je un pervers qui s’ignore ? Grand débat dans lequel je me garde bien de pénétrer (ouh l’affreux jeu de mot bien salace) ici.
Les mecs sont typés à mort : le punk maigre comme un clou avec les spiky hair, le hardos basé en jeans et le mec genre intello calme avec une veste, mais qui sait se lâcher.
Chez les femmes on trouve la rockeuse sudiste avec stetson de rigueur, la hardeuse (huhu encore un jeu de mot bien senti… tu le sens, mon jeu de mot ?) et une autre qui m’inspire moyen, même si elle est parfois en robe blanche et prend des poses provocantes… rhaaa la demoiselle sans défense qui se la joue rebelle… viens près de papa… ;-p
Bien évidemment, de même que vous débloquerez les venues au fur et à mesure de votre progression, vous débloquerez plusieurs tenues vestimentaires pour chacun des zigotos. Rhaaaa la tenue d’écolière de la nymphette… hhhmmmmm je suis le grand méchant loup, que transportes-tu donc dans ton panier, petit chaperon noir ? Viens jouer avec mon vibrato… :-O
Mais… mais… mais je deviens fou ou quoi ?!? Je parle de lieux de concert, de gratteux/ses, de fringues… je fais croire à tout le monde que je suis un vicieux pervers à enfermer, mais… j’omets l’essentiel !
J’OUBLIE DE MENTIONNER LES GUITARES !!!
Scandale ! Brûlons l’impie ! Au bûcher, l’hérétique !!!
Eh bien des guitares, vous en verrez. Hélas, uniquement représentée sur l’écran, un bien piètre palliatif quand on connaît le frisson éprouvé lorsqu’on tient son manche fermement d’une main, le médiator dans l’autre, et qu’on fait rugir l’ampli (et les parents, mais heureusement ils ne peuvent humainement vociférer plus fort qu’un Marshall 100 watts même pas poussé à fond !).
GHoT étant réalisé en partenariat avec Gibson, illustre marque américaine de guitares de légende, vous ne verrez donc aucun modèle d’autres fabricants, et notoirement, pas de Fender ! Un crime de lèse-majesté que je ne supporte que très difficilement (j’ai une Telecaster et je l’aime).
Au menu, donc : Les Paul, SG, Flying-V, X-Plorer, Firebird, ES-335 (j’en veux une !!!), Moderne (l’Arlésienne, jamais commercialisée, et quand on voit sa gueule on en remercie le ciel), la Vangard et je pense en oublier une mais on s’en fout (ah ouiche, que c’est une sorte de gratte-synthé… un truc moche sans tête, je ne l’ai pas encore débloquée et je ne suis pas pressé). Sélectionner un modèle plutôt qu’un autre ne modifiera aucunement le son de guitare entendu en jouant, ça n’a qu’un effet esthétique et psychologique.
Let’s rock !
La DS se tient verticalement, l’écran normal se trouvant à gauche, et le tactile à droite (pour un droitier). À gauche s’affiche le groupe, avec en bas un manche de guitare schématisé, en vue plongeante (type panneau annonçant une autoroute), divisé en cases par des frettes horizontales et avec les quatre (sic) cordes représentées verticalement, sur lesquelles ‘glissent’ depuis le haut vers le bas les notes à jouer, respectivement en jaune, vert, rouge et bleu. L’écran tactile affiche la guitare choisie, équipée d’une tige de vibrato (une blague quand on sait que les Gibson n’en possèdent pas, sauf parfois d’antiques vibratos Bigsby), lequel servira à agrémenter vos notes tenues de langoureuses sinusoïdales flatteuses.
Le guitar grip dispose d’une courroie pour maintenir la main gauche (si vous êtes droitier), et chacun des doigts (sauf le pouce) vient se positionner sur un des quatre boutons de couleur, lesquels servent à sélectionner une note. On joue avec un médiator-stylet servant à attaquer les cordes, le but restant de jouer les notes lorsque celles-ci arrivent sur la ligne du bas et coïncident avec le symbole situé dessus. On procède en pressant le(s) bouton(s) ad hoc tout en grattant les cordes avec le plectre. Un peu trop tôt ou trop tard et vous produirez un magnifique ‘crrrunk’ des plus disgracieux pour vos esgourdes (et très frustrant lorsque vous êtes un vrai guitariste et que vous savez dans votre modestie légendaire que vous êtes un DIEU !!!).
En fonction du rythme, il arrivera que l’on doive imprimer un mouvement plus ou moins continu au médiator. Surtout en difficile et hard bien entendu. Et l’on fera bien de prêter attention aux syncopes et contretemps qui peuvent surprendre, spécialement -j’imagine- si vous n’avez aucune expérience musicale. Choper le rythme sera parfois aussi dur que de synchroniser ses appendices digitaux (ben ses doigts quoi, on peut plus faire le malin ici ?).
On différenciera (holy shit, quel mot difficile…) aussi les notes simples, à jouer puis à relâcher, des notes tenues, représentées par une ligne situés après le symbole sur le manche, et qui sont comme leur nom l’indique, des notes dont la durée est plus longue et requièrent (fucking hell, quel autre mot tout zarbi !!!) que l’on maintienne la pression sur la touche correspondante.
En fonction du niveau de difficulté sélectionné (facile, moyen, difficile et expert), le nombre de notes augmentera (le bouton bleu n’est pas utilisé en facile), ainsi que les groupes de notes à jouer simultanément (qu’on peut grossièrement appeler des accords). En tant que gratteux moi-même, j’ai commencé à suer en difficile. Mais aussi parce que certaines habitudes acquises en jouant sur une vraie guitare s’avèrent devenir un handicap ici. Crotte !
Les bons compteurs font les bons amis
Un compteur est affiché en haut à gauche de l’écran tactile, et représente votre performance. L’aiguille est dans le jaune ? Ok, c’est bon, et les cris enthousiastes de vos fans en chaleur vous confortent dans votre assurance d’assurer. Elle vire au rouge ? Vous craignez et les huées du public qui vous conspue vous en fait douloureusement prendre conscience.
Par ailleurs, un autre compteur ressemblant à un ampli affichera parfois des ‘x2’, ‘x3’ et ‘x4’. Cela signifie que les points que vous marquez en assénant vos décibels sont multipliés par le chiffre correspondant, jusqu’à ce que vous vous plantiez. Il repart alors à zéro.
Et comme on aime les compteurs, une jauge apparaîtra parfois à gauche de ce même écran, dans un bruit de décharge électrique avec un éclair pour agrémenter le tout. Il s’agit de la jauge d’étoiles, et elle se manifeste lorsque vous avez réussi à jouer une série de notes en forme d’étoile sans vous planter comme une merde, ce que vous êtes quand même puisque vous jouez à ce jeu tandis que les vraies stars jouent sur de vraies guitares dans de vrais stades avec de vrais fans vraiment hystériques et de vraies groupies véritablement dévolues à leur dégorger le poireau en coulisses, voire onstage. Na !
Cette jauge, une fois que vous l’avez remplie à moitié, vous pouvez l’activer, ce qui multiplie encore les points que vous obtenez. L’activation est amusante puisque vous le faites en beuglant quelque chose comme « ROCK ON » dans le micro. Ou bien si comme moi vous avez un gamin australien de 18 ans comme compagnon de chambrée et ne pouvez vous résoudre à vous taper une grosse honte, vous pouvez aussi touchez n’importe quelle touche ou la croix, ça fera l’affaire, mais le risque de se planter est plus présent.
C’est donc avant tout une affaire de score. Car au plus vous marquez de points, au plus vous risquez de gagner du flouze (un tout petit peu car vos frais seront astronomiques), et ce flouze vous servira à acheter ce qui sera débloqué dans le magasin, grattes, fringues et aussi, suprême inutilité mais si délicieusement sympa, des finitions différentes pour chaque instrument. J’aime particulièrement la SG daytona blue, même si je préfère ma vraie SG et sa finition rougeâtre.
In your face, pal !
Un mode ‘versus’ existe aussi, dans lequel vous affrontez un des autres guitaristes du jeu dans un duel qui vous permettra de vous jouer des tours pendables (envois de notes-bombes à ne pas jouer, fans hystériques qui obstruent votre champ de vision avec un caleçon à signer au stylet, cassage d’une corde à réparer en connectant les deux extrémités avec le stylet, augmentation de la vitesse de défilement ou du niveau de difficulté…). On obtient tout cela en jouant correctement des groupes de notes différentes des autres, jusqu’à l’apparition d’une icône sur l’écran tactile. Il suffit dès lors de toucher celle-ci avec le stylet pour que l’effet correspondant se déclenche chez votre adversaire. À condition toutefois que celui-ci n’ait pas sournoisement activé le bouclier, auquel cas votre étron vous revient dans la gueule. Elle est dure la vue d’apprenti-rocker…
Comme pour le jeu principal, les différentes venues sont à débloquer au fur et à mesure. Les chansons sont par contre les mêmes. Sad but true (non, elle est pas de la partie celle-là, sûr que Lars Ulrich demanderait un milliard de dollars pour les droits !).
Electric warrior
À l’usage, on regrettera tout d’abord la stabilité relative que le power grip offre à la main. En particulier lorsqu’on doit jouer des notes avec l’auriculaire. Il est difficile de conserver une préhension idéale, et la jouabilité s’en ressent parfois, en particulier bien sûr lorsque le débit de notes à jouer est conséquent, et surtout lorsque des changements d’accords rapides doivent être effectués (par exemple, alterner entre deux notes jouées avec le majeur et l’auriculaire et deux autres avec l’index et l’annulaire). Comme dit plus haut, rien ne vaut un bon manche bien solide fermement maintenu dans une main ferme, et ce n’est pas la jeune asiatique qui veille aux destinées du cybercafé où je tape ceci à 20:15 heure de Melbourne qui me contredira.
En outre il arrive qu’il se déboîte de la fente et on est parfois forcé, en pleine chanson, de sacrifier quelques notes pour le renfoncer correctement. Même alors, il reste un peu de jeu.
Mais le plus important reste les crampes occasionnées au poignet. On en est averti dans le livret, d’accord, mais bon… je conseille de faire des pauses entre les morceaux et de lâcher la bête pour s’assouplir le poignet et relaxer les doigts. C’est chiant, je suis bien d’accord, mais la tendinite n’est peut-être pas loin autrement.
Par contre, niveau main droite, c’est très facile de maîtriser le plectre. On chope vite le ‘truc’, et les vibratos deviennent vite une étape que l’on attend comme un nouvel épisode de sa série préférée.
Au niveau du rendu sonore (on parle quand même d’une simulation de gratte), je recommande définitivement de jouer au casque. Le haut-parleur peinant à convaincre. Ce point de détail étant dit, le son est bon, les différents instruments (basse, batterie, chant, et bien sûr les guitares) étant bien rendus. Les clameurs et applaudissements de la foule (ou les huées, rappelez-vous que vous êtes une merde !) ;-p sont sympas. Bref rien de transcendant mais suffisamment bon pour qu’on se prenne au jeu.
Visuellement, les guitares sont reconnaissables même si pas exactement comme dans la réalité (mais je chipote parce que je suis moi-même un gratteux). Les personnages sont bien définis et animés, surtout quand ils jettent leur instrument par terre, par dépit d’avoir raté une chanson (public, je te hais).
Ah oui : comme d’habitude, j’ai pas pu tâter du multijoueur.
Thank you, you’ve been a wonderful audience
Fort agréable au début, et puis devenant un défi après dès lors que l’on s’échine à augmenter ses performances, même dans les ‘niveaux’ déjà terminés (pour débloquer tout ce qui est déblocable, surtout l’option ‘sexe avec la groupie derrière la batterie pendant le changement de micro du chanteur’), Guitar Hero on Tour s’avère malgré tout assez répétitif, puisqu’on se tape toujours les mêmes chansons (25 c’est un peu peu, surtout qu’il n’y a pas d’AC/DC…). Les soucis de préhension du guitar grip posent également problème et amènent de la frustration car on se sent limité par la bête. Et puis on a vite mal au poignet et aux doigts, donc faites gaffe et effectuez des pauses, sans quoi ils vont vous haïr !!!
Mais bon, je suis bon public, j’ai pas touché une vraie gratte depuis deux mois, et le divertissement proposé ainsi que la réalisation sont bien chiés, donc je suis content de cet achat. Si vous avez tâté du Guitar Hero sur consoles de salon, sans doute serez-vous déçus, moi je n’y ai pas joué, donc voilà !