Giana Sisters DS est un jeu vidéo DS publié par N/Cen 2009 .

  • 2009
  • Plates-formes

Test du jeu vidéo Giana Sisters DS

4/5 — Exceptionnel ! par

Développé par Bitfield GmbH, édité par DTP Entertainment en Europe et Destineer aux Etats-Unis

Les temps changent, dit-on. Il fut une époque où les micros n’avaient pas la chance (ou la malchance selon les cas) d’accueillir les licences prestigieuses qui voyaient le jour sur consoles ou, lorsqu’ils l’avaient, les portages étaient franchement insultants. En ces temps reculés, les copies de mauvais calibre fleurissaient, et c’est ainsi que les possesseurs d’Amiga par exemple, ont eu droit à des Assassin plutôt qu’à des Strider, à des The Sword & the Rose plutôt qu’à des Ghouls’n Ghosts (les deux titres de Capcom sont bel et bien sortis sur Amiga, mais dans quel état…), ou encore à des Great Giana Sisters plutôt qu’à des Super Mario Bros. Ce dernier exemple est cependant un peu particulier, puisque Rainbow Arts (les publishers du jeu) a dû retirer en toute hâte son titre des rayonnages, la menace d’un procès de Nintendo planant sur sa tête comme une épée de Damoclès. Aujourd’hui, les détenteurs de la licence sortent en toute bonne foi leur Giana Sisters sur la portable à double écran de Big N sans que personne ne s’en émeuve. Il faut dire que Mario a bien changé. Alors que Giana, elle, est finalement restée la même.

LE SONGE D’UNE NUIT D’ETE

Un soir avant de s’endormir, la petite Giana découvre un coffre rempli de cristaux. Plus tard, elle se réveille dans un monde étrange peuplé de créatures tout aussi bizarres et qui, de toute évidence, en ont après elle. Et ceux qui ont déjà pratiqué la mouture pour micro-ordinateurs à l’époque le savent, elle ne pourra en sortir qu’en trouvant le diamant géant qui se cache au fin fond de ce pays de cocagne, gardé par un monstrueux dragon qui n’aura de cesse de harceler la fillette. Cette fois-ci, notre héroïne est toute seule, sa sœur Maria n’ayant apparemment pas réussi à l’accompagner.

PUNK’S NOT DEAD

Giana Sisters DS est parait-il une conversion de l’épisode Commodore 64, d’après Wikipedia. Mais comme toutes les versions étaient à peu près semblables, disons simplement qu’il s’agit d’un portage plus que d’une nouvelle aventure. A ce titre, il s’agit donc d’un jeu de plates-formes en deux dimensions qui comprend rien moins que quatre-vingt douze niveaux ! Les stages sont répartis en huit mondes, et douze d’entre eux sont facultatifs, et même bien cachés parfois.

En effet, chaque monde comprend théoriquement neuf stages (le dernier étant gardé par un boss, à l’exception du dernier niveau du premier monde) plus un dixième visible sur la carte mais accessible uniquement si vous avez trouvé tous les diamants rouges de chaque niveau normal. Il existe également deux niveaux (les stages X-1 et X-2) accessibles par des warp zones et invisibles en temps normal, ainsi que deux niveaux (les stages 9-1 et 9-2) accessibles uniquement après avoir terminé l’aventure.

Contrairement à la plupart des jeux de plates-formes, un monde ne signifie pas un univers distinct. A vrai dire, les décors sont assez peu variés et on trouve majoritairement des prairies, des cavernes et des volcans, auxquels ont peut ajouter quelques châteaux, temples, plateaux enneigés ou landes battues par la pluie. De même, les types de monstres sont peu nombreux : lutins, boules cyclopes faisant penser au Beholder de Dungeons & Dragons, abeilles armées de bazookas, mouches ou spectres seront votre principale source d’ennuis.

Mais pas la seule. A ces bestioles s’ajoutent des décors tarabiscotés où l’eau (Giana ne sait pas nager) et les piques le disputent à la lave ou aux plates-formes friables, qui transformeront votre promenade champêtre en parcours du combattant.

Heureusement, Giana n’est pas non plus dénuée de talents. Au départ, la petite fille ne peut que sauter si vous appuyez sur le bouton A, et elle succombe au moindre choc encaissé. Mais si vous trouvez une sphère d’énergie (il y en a sous la plupart des briques marquées d’une étoile), elle se transforme en Giana Punk. Si sa crête rougeoyante et son air mauvais la distinguent de son état normal, c’est surtout sa capacité à projeter des boules de feu (si vous appuyez sur la touche B) qui en fait une arme redoutable. Sa cadence de tir peut être importante, mais vous devrez attendre qu’une boule de feu ait touché son but (ou se soit perdue dans le décor) pour en tirer une nouvelle. Et puis surtout, Giana Punk peut encaisser un coup sans mourir : elle se contente de reprendre sa forme traditionnelle de petite fille modèle.

En outre, notre héroïne trouvera sur sa route plusieurs objets bien utiles : des diamants bleus, qui gonflent son score mais qui, surtout, lui octroient une vie supplémentaire tous les cent cristaux cumulés, des diamants rouges qui permettent de débloquer les niveaux bonus (le nombre de diamants rouges par niveaux est indiqué sur l’écran du bas, et le drapeau de fin de niveau vire du bleu au rouge si vous les trouvez tous ; n’hésitez pas à chercher n’importe où, y compris au milieu d’un mur), des chewing-gums et du soda. Rassurez-vous, amis détracteurs de la malbouffe, la fillette ne les ingurgitera ni l’un, ni l’autre. La pâte à mâcher de monsieur Toubon permet de voler en s’enfermant dans une bulle (martelez le bouton A pour vous maintenir dans les airs), tandis que la boisson, pour surtaxée qu’elle soit, est suffisamment pétillante pour que son jet perce les murs !

Notez enfin qu’à la manière des achievements sur les récentes consoles de salon, Giana Sisters DS propose plusieurs défis, depuis le simplissime « Finir le premier niveau » jusqu’au plus délicat « Finir le jeu sans perdre une vie ». Une manière comme une autre d’offrir une expérience de jeu plus large et plus variée que la simple traversée de la quête principale.

BRAQUAGE A L’ITALIENNE

DTP s’est dit que pour réussir sur DS, il lui fallait toucher la cible la plus jeune et la plus féminine possible. Je ne sais pas si c’était le bon constat à faire et je ne sais pas non plus si ça a porté ses fruits, mais la réalisation est en adéquation avec cette volonté-là.

Depuis l’héroïne bien sous tous rapports (sauf sexuels) jusqu’aux scènes d’introduction et de fin, dont le style graphique fait irrémédiablement penser à des dessins animés type Powerpuff Girls, en passant par l’univers pastel et chaleureux qui tranche radicalement avec l’esthétique micro des versions antérieures, tout a été fait pour plaire aux petites filles. Et tant pis pour le gros poilu qui voulait se remémorer son adolescence derrière son Amiga, une main sur le clavier et l’autre… ailleurs, à regarder l’écran-titre où Giana faisait indubitablement plus femme.

Et l’aspect visuel (je jetterai un voile pudique sur l’ignoble morceau agressif qui constitue la seule et unique bande-son de tout le jeu) n’est pas le seul levier utilisé pour séduire les plus jeunes. La jouabilité est assez permissive, on peut bien souvent éviter la chute en se raccrochant aux minuscules aspérités qui bardent chaque précipice ou presque, et il suffit d’avoir au moins un pixel sur du plat pour ne pas sombrer. La difficulté est très progressive et sa courbe ne monte de toute façon pas bien haut. Par contre, il y a de quoi faire avec la centaine de niveaux proposés.

En un mot comme en cent, Giana Sisters DS s’impose là où nombre d’autres (Disney avec ses princesses détendues du string ou même Nintendo avec sa Super Princess Peach pas complètement convaincante) se sont cassés les dents. Il parvient à plaire aux moins aguerris et pourrait même rallier à sa cause quelques vieux briscards, à condition qu’ils ne s’attendent pas à retrouver les mêmes sensations que sur leurs vieux micros. Et avec un peu plus de variété dans les décors et dans le level-design, il aurait pu prétendre au podium du jeu de plates-formes sur DS.

Giana Sisters DS