Sous-titré « The Hand of the Heavenly Bride » en anglais et « La fiancée céleste » (sans la main, donc) en français, Dragon Quest V se paye lui aussi un petit tour sur DS, qui est décidément la machine à brouzoufs préférée de Square/Enix ces temps-ci, et pour cause : ils allaient quand même pas sortir le jeu sur PS3 ou PSP hein, ils sont pas cons non plus.
Toujours signé Artepiazza et directement tiré du remake PS2 que s’était offert Enix à l’époque où ils avaient besoin de soussous, Dragon Quest V est à l’origine le premier de la saga à voir le jour sur Super NES.
UNE HISTOIRE GÉNIALE… PARDON, GÉNITALE
Deuxième volet de la trilogie zénithienne, Dragon Quest V fait mieux que le précédent et son chapitrage, puisque lui nous propose carrément des tranches de vie. Ça sent Phantasy Star III, ça a le gout de PSIII, mais c’est du DraQue, oui m’sieurs-dames.
L’aventure commence alors que le héros revient de voyage avec son père Pavros (Papas à l’origine). Non pas que le vieux soit grabataire, au contraire il est dans la force de l’âge : c’est le héros qui a six ans. KEUWAH ?! Je vais pas incarner un chiard, non mais oh ?! Si, mais rassurez-vous, pas longtemps. Car si le début du jeu nous perd dans le nébuleux passé de papounet, la suite voit le héros grandir de plusieurs années et arriver en âge d’être un homme, un vrai, un poilu. Et un marié. Voui, vous choisirez votre conquête parmi trois (contre deux lors des itérations précédentes) et fonderez une famille avec tout ce que cela comporte de clébard, de maison au milieu des champs et de « Ils vécurent heureux… » Ou pas. Car je vous le donne en mille, il y a une vilaine histoire avec un monstre pas beau qui se cache derrière ce remake de Dallas.
TU JOUERAS QUAND T’AURAS FAIT TES DEVOIRS
Première chose à faire si vous jouez via un linker, allez là (http://www.linkersnds.fr/showthread.php?t=1627) et suivez les instructions, sans quoi vous ne sortirez jamais du bateau. En effet, le jeu est protégé contre les vilains gars de chez Tipiak, et le seul moyen de passer la protection est de patcher le jeu ou d’activer un fix.
DONNE-MOI TA MAIN, ET PRENDS LA MIENNE
DraQue V est donc comme ses prédécesseurs et successeurs un RPG tour-par-tour ultra-classique, mais quand je dis ultra-classique, comprenez plus-roots-tu-meurs. Et je suis content parce que j’ai placé tout un tas de tirets dans cette phrase. Petit rappel pour les ermites qui viennent de sortir de leur retraite himalayenne où ils méditaient sur la bêtise humaine : un RPG, dans son acceptation nipponne en tout cas, est un jeu où l’on suit, dans la mesure du possible, un scénario qui nous conduit à travers moult donjons et villages.
Dans les villages, vous trouverez tout ce qu’il faut pour compléter votre parfait attirail du petit rôliste, à savoir un magasin d’armes et armures pour vous équiper, un magasin d’objets pour vous payer les diverses beus bien utiles au cours de votre périple, une auberge pour pioncer, et selon les cas un casino (où vous participerez à divers mini-jeux pour gagner des équipements parmi les plus puissants du jeu) ou un bar. Sans oublier une église, pour confesser les cochoncetés que vous aurez pratiquées avec la fille ramassée au comptoir, et dans le verre de laquelle vous avez versé votre GHB. Et accessoirement, l’église sert surtout à sauvegarder.
Les donjons, eux, abritent bon nombre de trésors abandonnés depuis des lustres, mais aussi des générations entières de streums visqueux et aggros, qui vous chercheront querelle sitôt que vous aurez posé votre premier pas dans la fange de leur caverne, putain c’est beau. Entre les deux (les villes et les donjons), vous parcourrez un atlas, à pince ou autrement, et serez là encore harcelés par des tas de bestioles plus ou moins velues qui ont décidément pas mal de griefs envers les héros de RPG.
C’EST TOI ET MOI CONTRE LE MONDE ENTIER
Heureusement, face à toute cette haine, vous n’êtes pas seul. Non seulement quelques personnages vous accompagnent temporairement (Pavros/Papas, mais aussi Sancho ou Henry par exemple), mais en plus vous allez fonder une famille. Quelle que soit l’épouse que vous choisirez, elle vous donnera deux enfants, une fille et un fils. Lorsqu’ils grandiront, ils ne deviendront pas de bêtes ados junkies qui se prostituent pour obtenir leur came, mais de vrais héros qui vous suivront dans votre aventure et vous succèderont dans votre quête.
Non content de cela, vous allez pouvoir vous faire accompagner par les monstres que vous aurez capturés en combat. Toutefois, tous ne sont pas recrutables et certains nécessitent des trésors de patience et un bol de cocu pour qu’ils acceptent de se joindre à vous.
LE FILS PRODIGUE
Encore une fois, le public occidental va enfin mettre la main sur une petite bombe. C’est pas pour dire mais des quatre que j’ai testés jusqu’à présent, DraQue V est celui que j’ai le plus « saqué », avec un huit à la fin !
Le découpage en tranches de vies, avec des ellipses de dizaines d’années, et la question du mariage et de la famille, sont ici abordés à la manière naïve et légère des DraQue. Le scénario est plein de rebondissements, mais toujours (à une exception près ici, c’est vrai) dans la joie et la bonne humeur. Bref, chaque DraQue est une bouffée d’air frais dans un paysage vidéoludique qui se veut de plus en plus mature (je ne pense pas, pour ma part, que charcuter du nazi dans un FPS ou jouer le gangster dans un GTA soit beaucoup plus mature, mais ceci est un autre débat) et désespéré.
A cet univers attachant s’ajoutent des graphismes de toute beauté et archi-colorés. On reconnait instantanément la patte de Toriyama et ses persos et décors qui se ressemblent un peu tous. Qu’importe, le ton est rigolard et le maître s’est à vrai dire remis en question pour cet épisode, puisque les environnements sont infiniment plus variés que dans l’épisode précédent.
Artepiazza se fend d’une réalisation sans faille. Les décors sont désormais quasiment tous en 3D temps réel, et la rotation sur deux écrans en simultané est désormais parfaitement maîtrisée, n’occasionnant plus de ralentissements. Ajoutons quelques effets de lumière bien choisis, et surtout les thèmes toujours redondants mais toujours épiques et enchanteurs de Sugiyama, et nous tenons là un remake de très haut vol, en attendant le déjà culte DraQue VI (qui est dans la saga l’équivalent du non moins culte FF VI).
C’est un enchantement pour les yeux et les oreilles, et pour dire la vérité, c’est aussi un plaisir à jouer. Le joueur ayant tenté l’aventure précédente aura l’impression de jouer au même jeu. C’est ça l’effet Dragon Quest : un gameplay qui ne varie quasiment jamais d’un épisode à l’autre. Tout juste notera-t-on le recrutement de monstres, qui reste anecdotique mais donnera naissance à une sous-saga (les Dragon Quest Monsters). Hormis cela, absolument rien n’a changé, je vous renvoie donc au test du précédent, une ligne plus haut dans la liste. Notez que les spécificités de la DS sont toujours aussi peu exploitées.
La difficulté est toujours bien présente, avec un levelling toujours obligatoire avant d’affronter chaque donjon. Et le jeu tient une bonne quarantaine d’heures sans se presser, une petite vingtaine en plus si vous comptez boucler les mini-quêtes. La possibilité supplémentaire de mariage avec la troisième nana n’offre que peu d’intérêt, et ce nouveau perso est qui plus est introduit comme un mâtin de Naples dans un Yorkshire, apparaissant dans une cinématique rajoutée à l’arrache. Pour autant, ça fait un peu plus de rejouabilité…
Voilà donc de quoi nous faire patienter jusqu’au prochain portage, celui du génialissime sixième épisode (je vous le vend déjà). Dragon Quest V est une nouvelle itération réussie dans une franchise qui de toute façon n’a jamais déçu. Au point de rameuter encore des centaines de milliers de personnes au Japon rien que pour un remake !