Connu au Japon sous le titre de Slime MoriMori Dragon Quest 2 : Daisensha to Shippo Dan, ce deuxième épisode des aventures du Slime mascotte d’Enix a, lui, connu l’heur d’une traduction en anglais. Pour l’occasion, la mini-série change de support : exit le Game Boy Advance en fin de vie, et bienvenue sur la séduisante déesse de Nintendo, qui en a conquis plus d’un.
ON PREND LES MÊMES ET ON RECOMMENCE
Cette deuxième aventure met en scène le Slime nommé Rocket, qui est sans doute le même que dans le premier épisode, sauf qu’à l’époque son nom s’écrivait en kanjis. Notre héros vit désormais dans le nouveau village des Slimes, plus râblé que le précédent bled mais toujours dirigé par le roi des Slimes, qui a malgré tout bien vieilli.
Parce que les vieilles habitudes sont dures à perdre et parce qu’il faut bien un scénario, même réchauffé, pour faire un jeu, le village est un beau jour attaqué par l’armée des canards à deux queues de Don Clawleone (oui, moi aussi ça m’a fait sourire), accompagnée d’un énorme tank canardesque à souhait. L’engin ne tarde pas à raser le village, tandis que les Slimes, décidément très courus en ce moment, sont enlevés et enfermés dans des coffres. Inutile de vous préciser que seul Rocket s’en sort, et qu’il va devoir tout faire pour blablabla…
TENDU COMME UN STRING
Dragon Quest Heroes : Rocket Slime est un jeu d’aventure dans la droite lignée de son prédécesseur. Même, pour être un peu mauvaise langue (j’en connais certaines qui ne s’en plaignent pas), il ressemble un peu trop à son aîné. Ainsi, il s’agit encore et toujours de traverser sept donjons vus du dessus et composés de moult salles, afin de délivrer les cent Slimes enfermés dans des coffres.
C’est ainsi que vous découvrirez les joies du batifolage dans les feuilles mortes de la Forewood Forest, de la construction de châteaux de sable dans la Tootinschleiman’s Tomb, des roulés-boulés sur les pentes du Mt. Krakatroda ou encore de la descente en rapides au cœur de Callmigh Bluff. Mais pas le temps de s’attarder : des monstres ridicules mais redoutables, issus du bestiaire de la série classique, vous attendent un peu partout.
Heureusement, Rocket est toujours extensible à loisir : vous utilisez le bouton A pour sauter et, si vous le maintenez enfoncé et que vous inclinez la croix dans l’une des huit directions (les quatre ordinales et les quatre cardinales), vous vous étirez. En relâchant le bouton, vous projetez le Slime dans le sens désiré, sachant que plus vous l’étirez longtemps et plus il partira loin. Ainsi touchés, les monstres, objets et Slimes se mettent à voler dans les airs et, dans le cas des adversaires, vous pouvez vous contenter de les laisser choir pour qu’ils se blessent et finissent par disparaître, laissant derrière eux un peu d’argent ou un sac contenant une surprise.
Mais vous pouvez aussi décider de les rattraper. Rocket peut ainsi porter trois objets, Slimes ou monstres, qu’il pourra dès lors envoyer (en appuyant sur le bouton B) vers son village. Pour ce faire, il lui suffira de trouver les chariots de mine, radeaux ou plates-formes auto-propulsées (il n’y a plus de nacelles dans cet opus) sur lesquels il pourra jeter ses acquisitions, voire même s’y positionner lui-même afin de retourner au village.
Il récupèrera alors toute son énergie, et n’aura même pas besoin de refaire tout le donjon si vous avez pris la peine de déverrouiller les points de téléportation. Au village, vous pourrez sauvegarder en vous rendant à l’église (car même les Slimes croient en la Déesse), participer à quelques mini-jeux et, surtout, améliorer votre tank.
ARRÊTE TON CHAR
Car la principale innovation du jeu, c’est qu’à de nombreuses reprises durant l’aventure, vous devrez guerroyer contre divers chars d’assaut ennemis. Ces phases de jeu sont un peu particulières : les chars sont affichés sur l’écran du haut (qui sert le reste du temps à afficher la carte ou les informations de jeu), un de chaque côté. Vous devez aller chercher des munitions dans votre arsenal (là encore vous ne pouvez transporter que trois projectiles à la fois), puis les transporter jusqu’à vos canons. Votre tank est muni de deux canons, l’un tirant en cloche et l’autre droit devant. Sachant que l’ennemi vous tire aussi dessus grâce à ses deux canons à lui, et que deux projectiles qui se rencontrent s’annulent, vous devez vous démerder pour vider la jauge d’énergie du tank adverse. Ceci fait, vous pourrez entrer dans le véhicule pour y saboter la salle des machines, signant ainsi la fin du combat. L’adversaire doit faire de même s’il veut l’emporter, aussi ce n’est pas parce que vous n’avez plus d’énergie que vous avez forcément perdu : vous pouvez défendre votre char contre toute intrusion en attaquant l’ennemi lorsqu’il s’approche !
Ce ne sont là que les règles de base, et bien vite les duels deviennent plus tactiques : vous pourrez former une équipe de trois Slimes et leur donner des instructions telles que « N’utiliser que le canon du haut », ou « Empêcher toute intrusion », ou encore « Saboter le char ennemi », vous pourrez vous projeter vous-même dans le char adverse afin de déconcentrer les ennemis (si vous ou l’un de vos sbires venait à mourir, il réapparaîtrait dans votre salle de l’arsenal), et vous découvrirez surtout un grand nombre de projectiles bien plus efficaces que les cailloux de base.
Ainsi, tous les objets que vous ramassez dans les niveaux ont enfin leur utilité, puisqu’ils servent de munitions : certains sont lents mais plus puissants, d’autres rapides mais peu dangereux ; certains traversent les projectiles adverses, d’autres ne « blessent » pas le tank mais empêchent ses machinistes de travailler ; d’autres enfin renvoient les projectiles à l’expéditeur ! Les monstres capturés ont aussi leur utilité, puisque si vous en collectez trente du même type, l’un d’entre eux vous demandera de devenir votre équipier dans le tank. Si vous trouvez le Slime mécano et que vous lui fournissez la matière première et un peu d’argent, il pourra donner plus de HP à votre tank. Enfin, lorsque vous aurez mis la main sur la marmite magique, vous pourrez faire de l’alchimie ! Comme dans DraQue VIII par exemple, vous pourrez marier deux objets pour en obtenir un plus puissant.
VERS L’INFINI ET AU-DELÀ
Dragon Quest Heroes : Rocket Slime représente l’aboutissement d’une mini-série fort plaisante. Notez au passage que le jeu tourne sans peine sous DesMume, y compris du point de vue sonore, chose suffisamment rare pour être signalée. À ce propos, on retrouve ici encore les thèmes chers à Sugiyama, à la fois épiques et joyeux.
Visuellement, les améliorations sont minces entre cet épisode et le précédent. L’ensemble est toujours aussi coloré et mignon, le design des monstres étant comme d’habitude confié à maître Toriyama. Les animations sont fluides, les cinématiques de début et de fin sont fort bien réalisées et le passage sur deux écrans permet une meilleure lisibilité.
Et si le gros de la partie se déroule comme dans le premier épisode, les nouveautés apportées par les combats de tanks sont nombreuses : non seulement cela apporte un petit côté stratégique bienvenu, mais en outre, capturer des monstres ou ramener des objets au village sert enfin à quelque chose. D’ailleurs, ce Rocket Slime a un aspect RPG bien plus poussé que le précédent.
Et parce qu’une bonne nouvelle ne vient jamais seule, la difficulté a été légèrement revue à la hausse. Alors bon, les combats contre les monstres ou les ennemis ne sont pas plus complexes qu’avant, mais les duels de chars empirent progressivement, le dernier méritant son titre de boss final. Si bien que même avec un niveau de moins, Dragon Quest Heroes : Rocket Slime est plus long que son grand frère. Et le New Game Plus a ici une vraie signification puisque, passé l’écran de fin, il vous reste toujours à affronter le boss bonus et à participer au tournoi géant, sans oublier la collecte des monstres et objets qui passionnera sans doute les complétistes.