Développé par 1st Playable Productions, édité par Disney Interactive Studios
« Sous les croûtes, le pus », comme disait un gérontophile de mes amis. Une fois que vous aurez nettoyé les excrétions buccales que vous venez de laisser sur votre clavier en vous représentant l’image, vous pourrez méditer sur cette sage maxime. Oui, on peut commencer le test d’un jeu pour les petites filles par une sentence bien trash, la preuve. En même temps, ce n’est pas comme si la suite allez être intéressante, non plus.
BIJOUX DE FAMILLE
Oh là là ! La méchante sorcière a volé les joyaux du Gentil Royaume de la Sympathique Amabilité (qui reste un royaume quand même, autrement dit une forme de dictature, aimable mais despotique quand même), ce qui a brisé l’équilibre… Euh, je ne sais pas. L’équilibre cosmique, l’équilibre de la gentillesse, l’équilibre de la femme de chambre qui passait le plumeau sur les lustres, va savoir. Bref. Lutine, une espèce de fée gardienne du royaume, de son équilibre et de tout le reste, se met en devoir de retrouver les cristaux, bien aidée en cela par quatre princesses : Cendrillon, la Belle (de la Belle et la Bête hein, qu’est-ce que vous voulez faire avec un chien ?), Blanche-Neige et la Belle au Bois Dormant.
AU PAYS DE CANDY
Dans l’absolu, on pourrait considérer Disney Princesse : les Joyaux Magiques comme un jeu de plates-formes, à condition de ne pas être trop regardant et de ne pas le comparer aux cadors de sa catégorie. Il se compose de quatre mondes, eux-mêmes divisés en cinq chapitres. Au bout de chaque monde, vous devrez affronter un boss, sur lequel nous reviendrons sous peu. Vous pouvez traverser les niveaux dans l’ordre de votre choix.
Quatre princesses, quatre mondes… Vous aurez compris par vous même qu’il y a un lien entre les deux. Et en effet, chaque monde reprend l’univers du long métrage dont la princesse est l’héroïne. Cendrillon se balade dans le château du Prince Charmant, la Belle dans le manoir de la Bête, la Belle au Bois Dormant se fait un petit trekking en forêt et Blanche-Neige aussi, mais ce n’est pas du tout la même forêt. Sisi, regardez-bien, les feuilles sont vert clair dans celle-là, pas vert foncé.
Le jeu se pratique exclusivement au stylet sur l’écran tactile, celui du haut ne servant qu’à afficher les objets que vous avez récoltés. Chaque princesse est accompagnée par Lutine, et vous pouvez déplacer les deux à la fois ou juste la fée (lorsque vous relâchez la pression sur le stylet, Lutine revient au pied de sa princesse). Ceci a deux intérêts : tout d’abord la bestiole peut voler n’importe où, et ainsi trouver les trésors planqués dans les hauteurs ; et secundo comme on dit à Maubeuge, elle est invincible, contrairement à la princesse qu’elle accompagne. De fait, vous pouvez vous jeter sur les rares lutins - qui servent d’ennemis - comme la petite vérole sur le bas clergé, et les transformer en bouillie sanguinole… en petites fleurs, ça leur fera les pieds (ou les racines).
Sur votre chemin, vous récolterez des pièces nécessaires pour passer au stage suivant, ainsi que trois objets spéciaux par niveau. Or, les princesses ne sautent pas (elles ne font pas caca non plus, tout le monde le sait). Du coup, c’est Lutine qui fait tout le boulot, et pour ramasser les pièces qui volent, il faudra les toucher avec la fée. Par contre, la fée ne peut pas les ramasser elle-même, donc c’est à la princesse qu’échoira la tâche ingrate et dégradante de récolter le pognon.
Une fois les passionnants niveaux normaux terminés, vous aurez donc à affronter un boss. Cette phase de jeu se présente sous la forme d’un shoot’em up vertical, oui m’sieurs-dames ! Bon en vérité, il s’agira juste de diriger Lutine, seule cette fois-ci, pour lui faire éviter les projectiles de la méchante sorcière. Elle devra aussi ramasser des symboles dorés, ce qui aura pour effet de remplir la jauge située en bas d’écran. Lorsque cette dernière est pleine, Lutine rattrape la sorcière et récupère l’un des joyaux magiques.
Si jamais, et ce serait bien surprenant, il vous arrivait de vous emmerder royalement durant la quête principale, vous avez encore la possibilité de participer à trois mini-jeux. Le premier se déroule sous l’océaaaaaaaaan (air connu), où vous aiderez la Petite Sirène à crever des bulles, bah oui. Le second au pays des Mille et une Nuits, où vous guiderez une Jasmine juchée sur le tapis volant pour l’aider à ramasser les lampes du Génie. Le troisième est tout simplement un copier-coller du combat contre le boss.
CENDRILLON, POUR SES TRENTE ANS…
Il n’est pas toujours évident de se mettre dans la peau d’une petite fille, surtout lorsque vous êtes trentenaire, velu et monté comme un petit poney. Pour palier à un tel handicap, il m’a fallu trouver un élément féminin et jeune dans ma famille. Heureusement pour moi, ma sœur en avait pondu un il y a quelques années, il fallait bien que sa serve.
La réaction de mon interlocutrice interloquée ne s’est pas faite attendre : « Il est moche ton jeu ». La vérité sort de la bouche des enfants. Oui, Disney Interactive tente de nous vendre son jeu comme très fidèle aux films de tonton Walt, et non, il n’y parvient pas. Le style graphique à la fois dépouillé et excessivement coloré n’est pas spécialement fidèle aux dessins animés et, de toute évidence, ne correspond pas non plus aux attentes des pisseuses, à moins que ma nièce soit déjà trop vieille pour ces conneries. Auquel cas, le jeu s’adresserait aux fillettes de moins de six ans.
Et si tel est le cas, je ne suis pas persuadé que cette jeune clientèle y trouve matière à un quelconque amusement. Je dois vous avouer penaudement que j’ai mis une bonne demi-heure avant de comprendre que l’on pouvait leur latter les gencives, à ces cons de lutins. Et vu la supériorité de mon intellect sur celui du reste de la population mondiale (en particulier sur les filles de six ans ou moins), je n’ose imaginer le temps qu’il leur faudra pour comprendre.
Ceci dit, une fois cette subtilité assimilée, les niveaux s’enfilent comme des perles. Les héroïnes sont immortelles (les lutins vous empêchent simplement de passer, ils ne vous blessent pas), les niveaux contre les boss durent jusqu’à ce que vous les ayez réussis… On ne peut donc pas parler de challenge, et finalement c’est normal. Le principe du death and retry, pour une gamine de quatre ans, ça serait peut-être pas complètement justifié. Le fait de pouvoir jouer les niveaux dans le sens que l’on veut, les parties courtes, les mini-jeux : tout a été fait pour que la petite ne se lasse pas et ne se montre pas frustrée (parce que si on commence à les frustrer à cet âge, après c’est simulation et migraines intempestives quand elles sont grandes).
A vrai dire, avec des graphismes un tout petit peu plus jolis et une jouabilité bien pensée, j’aurais sans doute recommandé le jeu pour la clientèle visée. En l’état actuel des choses, on s’y fait royalement chier, même lorsqu’on porte des couettes et une jupe plissée. Non, je parle pas de toi, Jean-Jacques, porter une jupe plissée et un string pour faire du pole dance au Blue Oyster Bar, ça ne compte pas.