Développé par EnjoyUp Games, édité par Oxygen Games.
Sur le papier, la DS se présentait comme la console la plus originale de la décennie. Hélas, rares ont été les studios à vraiment profiter de ses capacités, et sorti des productions Nintendo, la majorité des jeux s’appuie sur des concepts que l’on peut retrouver sur n’importe quel autre support. Heureusement, il existe des exceptions, comme en témoigne ce Chronos Twin.
TOI, TU ES MON AUTRE
Les habitants de la planète Skyla ont beau être beaucoup moins velus que les Ewoks, leur sort sera grosso merdo le même : pacifiques, ils accueillirent l’entité Twime avec chaleur, et celle-ci leur répondit avec violence, massacrant tout ce qui bougeait. Les survivants parvinrent à fuir le monde désolé, et décidèrent de construire une machine à remonter le temps pour empêcher l’assaut. Mais, parce que les Skylans sont faibles, ils choisissent d’envoyer un Llhedar du nom de Nash à leur place. Il faudra hélas plusieurs boucles temporelles avant de parvenir à un résultat probant.
NOUS SOMMES DEUX FRÈRES JUMEAUX
Chronos Twin est un jeu de plates-formes / action vu de profil qui, dans un premier temps, semble s’appuyer sur des conventions très classiques. Le niveau d’introduction nous met en effet dans la peau d’un colosse lourdement armé qui traverse l’écran (celui du haut) de gauche à droite en sautant de plate-forme en plate-forme et en tirant sur tout ce qui bouge, jusqu’à atteindre le boss et… se faire fumer ! Game over ? Oui, mais ce n’est que le début. Et si cette première partie s’achève sur le sentiment de jouer à un mauvais clone de Metroid, la suite s’avère bien plus originale.
En effet, passée la scène et le blabla qui en découle, le joueur reprend l’aventure du début, mais avec cette fois-ci les deux écrans de la console allumés. En haut, le présent, en bas, le passé. Et sur chacun, un colosse lourdement armé qui ressemble à l’autre comme Armande Altaï ressemble à un Picasso. Les différences entre passé et présent ne sont pas immédiatement visibles, mais finalement on distingue ici et là quelques particularités : ici, un trou comblé dans le présent, là, un mur qui n’existait pas dans le passé…
Le truc, c’est que l’on contrôle les jumeaux en même temps, au moyen de la croix directionnelle. L’un ne peut avancer sans l’autre, mais bien souvent, l’un sauvera la vie de l’autre : par exemple, celui du présent peut très bien marcher dans le vide si son jumeau se tient, lui, sur un sol meuble. Et vice et Versailles. Par contre, si l’un des deux doit se baisser pour passer sous un obstacle, alors il faudra le faire pour les deux à la fois. Et les niveaux sont agencés de telle manière que l’on assiste à de véritables passages de plate-forme où l’on doit scruter en permanence les deux écrans pour vérifier qu’au moins l’un des deux héros a bien de quoi poser ses pieds sous lui.
Pour ce qui est des commandes, vous utilisez le bouton A pour sauter (ou pour glisser avec A plus bas) et les boutons B et X pour tirer (vous avez la possibilité de maintenir la touche enfoncée pour charger votre tir) : B pour le héros du bas, X pour celui du haut. Certains ennemis, les boss notamment, ont la faculté de passer à loisir du passé au présent, voire même d’attaquer sur les deux fronts à la fois. Imaginez donc la galère pour surveiller leurs patterns en même temps sur les deux écrans !
Dites-vous aussi que ce n’est pas tout : rapidement, vous allez recevoir la possibilité d’arrêter le temps ! Mais pas complètement. C’est-à-dire que vous pouvez choisir d’arrêter le temps pour le passé ou le présent, l’autre continuant de vivre sa vie. Le but de la manipulation est de permettre à l’un de progresser sans l’autre afin de débloquer le mécanisme (ou au moins trouver un indice) qui permettra à l’autre de continuer son parcours. Donc dès que vous êtes bloqués : time split (le nom de l’action dans le jeu).
L’aventure comporte sept niveaux composés chacun de plusieurs sections, certaines vous imposant le défilement de l’écran : il s’agit alors de course-poursuite avec un monstre, et vous devez trouver le moyen d’arrêter la bête avant qu’elle ne vous rejoigne. Bien entendu, plus vous progressez dans votre quête, et plus les casse-tête et l’opposition armée s’intensifient. Difficile par contre de vous décrire la gueule des niveaux ou des ennemis, puisque cela ressemble fortement à Metroid : des couloirs caverno-organiques remplis de créatures informes.
TOUT VIENT À POINT À QUI SAIT ATTENDRE
En terme de réalisation, Chronos Twin ne casse pas trois roues à Hubert Reeves. Les décors sont globalement assez détaillés et les couleurs sont chaudes, avec des nuances dans les tons entre passé et présent, pour différencier les deux (lors du time split, l’écran figé affiche des teintes sépia, en outre). Mais en terme de design des ennemis comme des héros, il est difficile de distinguer quoi que ce soit. L’ensemble est assez petit et peu détaillé. L’animation est par contre plutôt correcte, et les thèmes, dans un style techno progressif (enfin, moi j’appelle ça comme ça en tout cas), se laissent écouter.
À jouer, Chronos Twin aurait pu être carrément dantesque. Pensez donc : une vraie utilisation intelligente des deux écrans, l’obligation de suivre sans arrêt l’action sur l’un ou sur l’autre. Dans la pratique, ce n’est pas tout à fait le nirvana. Tout d’abord parce que les héros sont assez lourds et souffrent d’une certaine inertie, notamment lors des sauts. Ensuite parce qu’en vérité, l’action devient réellement touffue lorsque l’on se fait attaquer dans le passé et dans le présent, et… que l’on ne peut pas répondre ! Impossible de tirer à la fois en haut et en bas, le jeu ne prend en compte que l’appui d’un bouton à la fois.
De fait, le jeu se montre rapidement difficile, voire à la limite de l’absurde face à au moins deux des boss. Les phases de course-poursuite sont également intenses et finalement, les niveaux paraissent bien longs dans ce titre qui s’apparente au bout du compte à un calvaire. Il est vraiment dommage qu’EnjoyUp n’ait pas réussi à parfaire sa recette, tant elle semblait alléchante à première vue. Mais peut-être qu’un jour, le studio se décidera à pondre une suite mieux maîtrisée…