Bon alors, Chrono Trigger, ça vous dit quelque chose ?
Pour les deux du fond qui connaissent pas, il s’agit d’un RPG développé par Square (Final Fantasy, pour leur série la plus connue), sorti sur Super Nintendo en 1995 (début de la suprématie des 32 bits). D’une qualité sans précédent, il s’imposa comme l’un des meilleurs RPG du support, et de l’époque. Même aujourd’hui, il est considéré à juste titre comme l’un des meilleurs jeux du genre.
Et c’est donc ce jeu que je teste, sorti maintenant sur Nintendo DS. Simple portage ? Adaptation prometteuse ? Voyons cela.
Back to the future
Le principe de Chrono Trigger (et le nom met la puce à l’oreille), c’est le voyage temporel dans un RPG. Beaucoup de fans disent que c’est le jeu qui a initié ce genre. J’y crois pas vraiment mais j’ai pas fait de recherche pour démontrer le contraire, donc admettons.
Bref, pour ses 10 ans, Square a décidé de taper très, très fort à l’époque, et comme un grand jeu se doit d’avoir une grande histoire…
Tout commence lorsqu’on se réveille aux commandes de notre héros : Crono, en préparation pour la fête du millénaire, où son amie Lucca doit faire une démonstration de sa nouvelle invention.
Crono se lie d’amitié pendant la fête avec Marle, qui se portera volontaire pour tester la machine de Lucca devant une assistance enjouée. Mais alors que la machine est censée servir de téléporteur, Marle est envoyé dans une autre époque. Crono décide alors de suivre Marle, ainsi que Lucca (qui se sent coupable).
Ceci constitue la première mission. Sans grand intérêt, elle pose néanmoins les bases du jeu. On a déjà pu constater que c’était plein d’humour et prenant. Cette mission permettra également de se familiariser avec le système de jeu.
A leur retour, nos 3 amis constatent qu’ils ont modifié leur présent et créé un paradoxe temporel. C’est là que l’aventure commence, lorsqu’ils comprennent qu’ils vont devoir voyager à travers moult époques pour corriger leurs erreurs, et qu’ils découvriront que comme dans tout RPG qui se respecte, le monde est gravement menacé…
Les époques traversées sont diverses. Ça va du futur assez lointain (2300) à l’époque des dinosaures. :)
A l’époque de la SNES, on pouvait aussi dire que c’était clairement au-dessus de tout ce qui s’était fait avant, techniquement parlant.
Système de combat
Pour ceux qui connaissent, ça ressemble pas mal à du Final Fantasy VI, sorti à peu près à la même époque, me direz-vous.
En tout, on pourra constituer une équipe de 7 personnages, mais seuls 3 seront utilisables simultanément en combat.
Bon, bien que tout le monde connaisse le principe d’un RPG, je vais me répéter encore une fois, des fois qu’un ou deux martiens passent par là.
Chrono Trigger est un RPG au tour par tour. C’est-à-dire qu’on choisit d’abord les actions que l’on va faire (magie, attaque, soin, utiliser un objet, fuir,) et une fois qu’on a défini ce que l’équipe fera, bah elle le fait, puis c’est au tour des ennemis. Une fois que le tour est fini, on recommence à définir nos action jusqu’à fin du combat.
Comme dans tout RPG ou presque (je répète pour les martiens), les combats rapportent de l’xp (expérience) qui elle, permet d’augmenter son niveau. Plus on prend du niveau, plus notre barre de vie est grande, plus on tape fort, plus on apprend des sorts, etc. En gros, pour roxxer du boudin (être super fort quoi), il faut un niveau important. Et comme de bien entendu, vos ennemis de plus en plus puissants vous obligeront à monter en niveau pour suivre le rythme, jusqu’à la confrontation inévitable avec le boss de fin, dont on a juste le niveau suffisant pour le trucider (ce con se serait déplacé dès le début du jeu pour nous niquer qu’on aurait pas duré un tour, mais on va pas se plaindre, c’est comme dans la plupart des mangas quoi).
Pour continuer dans ce que Chrono Trigger n’a PAS d’original, on trouve les traditionnels équipements plus ou moins puissants, plus ou moins adaptés à tel ou tel personnage de notre équipe (le guerrier prendra l’épée du dieu Viandox et l’armure en cuir de mammouth, alors que le mage prendra le bâton du dieu Tofuosoja et le string de la déesse Geekette, enfin c’est un exemple quoi).
Comme je l’ai dit plus haut, on peut bien sûr utiliser de la magie, comme d’hab’ basée sur un système élémentaire (eau-feu-air-terre). Par contre on constate une vraie innovation en ce sens : chaque personnage peut utiliser des techniques spéciales, cumulables avec la magie. Elles sont parfois utilisables avec plusieurs personnages en simultané. Pour être franc je ne sais pas si ces attaques, plus puissantes que les autres, valent le coup, vu qu’elles pompent aussi le tour de tous les personnages qui les utilisent… Mais elles en jettent, et puis c’est plus fun. ^^
Ces techniques spéciales s’utilisent avec des Tech Points (comme les MP pour la magie), qui se gagnent avec l’xp.
Contrairement à pas mal de RPG (Dragon Quest par exemple), les personnages de réserve (ceux que vous n’utilisez pas pendant le combat mais qui font partie néanmoins de l’équipe) ne gagnent pas d’xp. Et n’espérez pas vous en tirez en xpant seulement vos 3 persos principaux, vous seriez déçu.
Déjà parce que ce serait du gâchis que de ne pas exploiter TOUT le jeu, et ensuite parce que chacun de vos personnages ne maîtrise qu’un seul type de magie. Pour prendre un exemple bâtard, que le commun des mortels de moins de 12 ans peut comprendre, c’est comme Pokemon : chacun des membres de l’équipe aura ses ennemis favoris et ses bêtes noires, et donc chacun sera indispensable. Vous devrez permuter entre vos personnages avec stratégie donc, et veiller à ce que chacun soit apte à combattre et d’un niveau suffisant.
On ne peut pas changer son équipe en combat, mais on peut le faire à tout moment sur la carte.
Ah oui… Chrono Trigger dispose aussi d’une chose bénie des amateurs de RPG. Une chose qui devrait être partout, un standard : on ne tombe pas par hasard en combat. En vérité, on voit nos ennemis même sur la carte et, le cas échéant, on peut ainsi choisir d’aller à leur rencontre ou de les fuir. Bref, si vous êtes pressé, vous pourrez ne pas perdre votre temps à des combats inutiles, cool non ?
Un univers enchanteur
Le vrai point fort de Chrono Trigger (enfin un de ses points forts), c’est son ambiance. Entre le design très Dragon Ball des persos (non, c’est pas un Dragon Quest), l’humour toujours présent, et la richesse fabuleuse du scénario, on reste subjugué. On alterne vraiment les phases d’humour absurde avec des phases dramatiques, voire épiques, sans que ça nous choque.
En ajoutant la réalisation très particulière (je garde mes superlatifs pour plus tard) et la bande-son franchement fabuleuse, on a donc au final un des jeux les plus immersifs (ça existe ?) jamais sortis. Non seulement la musique est superbe, mais elle colle TOUJOURS à l’action.
Enfin y a pas que ça, le jeu est totalement (enfin non) non-linéaire. On se balade comme on veut, on a vraiment l’impression de disposer d’une liberté quasi-totale dans le choix de l’ordre des quêtes. Ce n’est pas tout à fait exact, et certains événements-clefs du scénario se doivent d’être accomplis dans un ordre précis, mais rares sont les RPG laissant une telle marge de manœuvre.
Bon, pour achever d’être honnête, à côté de tout cela le jeu se veut assez classique. Comme dans tout RPG, les villages sont nombreux, les PNJ également ; on trouve les traditionnels magasins d’armes, d’objets, d’équipements…, les auberges pour passer la nuit et régénérer ses persos.
Le jeu se finit sans forcer en une quarantaine d’heures. Sa non-linéarité propose une dizaine de fins différentes.
Techniquement… craquant
Les graphismes collent parfaitement à l’ambiance. Ils sont mignons, chaque personnage est très bien animés et très attachant dans ses habitudes. Le tout est très coloré, mignon ; les décors sont également superbes.
Par contre, j’en viens presque à oublier que je teste le jeu sur Nintendo DS et pas sur Super Nintendo. Et c’est une semi-déception en cela : les graphismes n’ont pas changé d’un poil. Déception car si le jeu était franchement magnifique sur SNES, on est en doit d’attendre beaucoup mieux de la dernière portable de Nintendo (sur GBA encore, on aurait pardonné), surtout au moment ou je m’apprete à finir Dragon Quest IV… Mais d’un autre côté, on retrouve pleinement l’ambiance de la version SNES, totalement intacte. Cela aurait-il été différent si le jeu avait bénéficié du même remaniement que les autres portages de Square Soft ? Bah, on peut quand même regretter que Square n’ait même pas essayé…
Non mais, c’est juste un portage à la con ?
Bah ouais… Presque.
Pour être franc, j’ai été assez déçu par cela. Aucun ajout au niveau des graphismes, ni de la bande-son. Aucun nouveau perso… Si le jeu semble plus fin, c’est à cause de la petitesse de l’écran.
Bon soyons honnête, on trouve deux nouveaux donjons. Le premier prendra place à l’époque de la fin des temps, et le second nous transportera aux temps des dinosaures. Je ne sais pas ce que d’autres en penseront (et je m’en fous, c’est moi le testeur), mais ces deux ajouts n’arrivent pas à la cheville du contenu initialement présent.
On trouve quelques nouvelles quêtes aussi. Mais si peu que j’ai dû refaire les deux jeux en parallèle (DS et SNES) pour trouver quelques différences. Pareillement, il y a de nouvelles fins en plus de la dizaine originale (là par contre, j’ai pas vu, et j’ai la flemme de recommencer de suite).
Histoire d’exploiter un peu la DS, et ses capacités en ligne, on pourra également s’adonner à du dressage de monstres et à les faire combattre en ligne. J’ai pas trop testé cet aspect du jeu… Mais il n’apporte pas grand chose, ça ressemble un peu au concept déjà vu dans Dragon Quest, qui permet de gagner des objets assez utiles en solo plus tard.
On notera aussi que de très belles cinématiques en D.A. ont été incluses dans le jeu. Là aussi made by Toriyama (Dragon Ball, Dr Slump).
Le stylet ne sert pour ainsi dire à rien. Enfin, comme pour FF III sur DS, on peut jouer tout le jeu au stylet, mais la maniabilité old school est franchement meilleure, donc pourquoi se forcer ?
Le double écran de la DS est assez peu exploité, rien à voir avec un DraQue 4 par exemple. L’écran du bas sert à commander nos persos, et l’écran du haut représente le graphisme à proprement parler (monde où on évolue, les combats, tout ce qui est affiché quoi, sauf les menus).
Pendant qu’on se balade hors combat, l’écran du bas, lui, affichera une « carte » du jeu, un plan si vous préférez. Enfin voyez le screen.
Des regrets donc, après avoir vu avec les Dragon Quest IV et V comme le dual screen pouvait être utilisé..
On peut choisir un mode « normal » qui sera le même que sur SNES, à savoir que seul l’écran du haut sera utilisé (l’écran du bas ne servira vraiment à rien sinon à afficher les noms des ennemis en combat). Le mode « DS » permettra de jouer au stylet, mais c’est très très dur (surtout qu’il y a trop de PNJ par endroit). On peut jour au stylet oui, mais la maniabilité old school étant meilleure je vois pas pourquoi se forcer.
Réalisation : 7/10
Bah comme à l’époque, donc super beau, même si la DS est capable de bien mieux.
Bande-son : 10/10
Là non plus rien n’a changé, et tant mieux !
Jouabilité : 9/10
Bah que dire… c’est un RPG quoi.
Durée de vie : 9/10
Scénario passionnant et plein d’humour, des dizaines d’heures de jeu sans compter les nouveautés. Excellent.
Chrono Trigger 1.1. Conclusion : 9/10
Je ne mettrai pas 10/10 à ce jeu par principe. Il n’est pas moins bon qu’il l’était sur SNES, c’est-à-dire le meilleur RPG de SquareSoft, une bombe, un hit… Mais il n’est pas vraiment meilleur non plus. On (en tout cas moi) était en droit d’attendre plus de nouveautés pour l’adaptation d’un hit vieux de maintenant 14 ans ; plus de contenu, une amélioration graphique. Autant on se demandait comment une cartouche SNES pouvait contenir le jeu initial, autant sur une carte DS censée pouvoir contenir une centaine de MO les doigts dans le nez…
Reste que le jeu, comme je l’ai dit, est toujours aussi bon que sur SNES, c’est donc une des références absolue sur DS. D’ailleurs, tout compte fait, j’y retourne.