Atelier Annie : Alchemists of Sera Island est un jeu vidéo DS publié par N/Cen 2009 .

  • 2009
  • Role Playing Game (RPG)

Test du jeu vidéo Atelier Annie : Alchemists of Sera Island

3.5/5 — Très bien par

Développé et édité par Gust.

Parfois, je me fais l’effet d’un prédicateur parcourant les terres incultes pour prêcher la bonne parole. Aujourd’hui, il va s’agir une nouvelle fois d’expliquer ma dévotion envers la saga de Gust devant un parterre de gens pour qui les « Atelier » se limitent à une simulation de crafting. Acte de foi d’autant plus délicat que cet épisode, qui demeure en dehors de la continuité de la série-mère, est sans doute celui dans lequel l’alchimie est la plus importante.

ANNIE AIME LES SUCETTES

Annie (pour une fois, il semblerait qu’il s’agisse de son vrai prénom et pas d’un diminutif comme Marie - pour Marlone - ou Elie) habite dans la ville principale du continent. Fainéante comme une couleuvre, elle passe son temps à rêver d’un bon mariage qui la rendrait riche et célèbre. Ses parents s’en émeuvent auprès de son grand-père, alchimiste reconnu, qui leur conseille de l’envoyer sur l’île de Sera, pour participer à la construction d’un vaste projet. Dont acte. Annie est envoyée de force sur l’archipel et y rencontre Pepe, une fée masculine qui lui explique son nouveau job. Job qu’elle s’empresse de refuser, jusqu’à ce que son superviseur, Hans, lui avoue que la compétition à laquelle elle doit participer a une récompense de taille : celle qui l’emporte épousera le prince d’Orde. Annie se met dès lors en tête de devenir la meilleure alchimiste de l’île.

LE TRAIN-TRAIN SIFFLERA TROIS FOIS

Si les seuls Atelier auxquels vous ayez participé font partie du triptyque des Iris (ce qui n’aurait rien d’étonnant vu qu’ils font partie des rares à avoir traversé les frontières), oubliez tout ce que vous avez connu. Atelier Annie fait grandement l’impasse sur l’aspect RPG pour se concentrer sur l’alchimie.

À la manière de la première trilogie (Atelier Marie, Elie et Lilie), vous avez trois ans pour prouver que vous êtes la meilleure de tous les alchimistes. Trois ans constitués de douze mois de trente jours chacun. Or, toutes les actions que vous entreprendrez (qu’il s’agisse de concocter des recettes alchimiques ou de partir à la cueillette d’ingrédients) durent au minimum une journée et peuvent même monter jusqu’à près d’un mois. Tous les six mois environ, vous aurez une épreuve d’alchimie à passer, et de la réussite de ces épreuves dépendra la fin que vous obtiendrez.

Concrètement, vous êtes libre de faire quasiment ce que vous voulez du début. Vous commencez l’aventure dans votre magasin, au cœur du quartier marchand de la ville. Dans ce quartier, vous trouverez aussi un restaurant (pour acheter des aliments), un magasin (pour acheter des ingrédients genre de la cire, de la ficelle, etc.), et une armurerie. Le quartier résidentiel abrite pour sa part le QG (où vous passerez vos épreuves d’alchimie), la bibliothèque (où vous achèterez les livres de recette) et la guilde (où vous accepterez diverses missions), entre autres. Vous pourrez également discuter avec les PNJ, et même en recruter certains pour vous accompagner à l’aventure.

Parce qu’avant d’acheter des tas de choses, il vous faudra de l’argent. Et pour ce faire, quoi de mieux que de latter du streum. Vous aurez donc accès à un atlas simplifié où sept destinations (cascade, carrière, volcan, forêt enneigée, plage…) se débloqueront au fur et à mesure. Vous ne courez aucun danger sur l’atlas, mais les « donjons », constitués d’un seul écran chacun, fourmillent d’adversaires qui vous assailliront lors de rencontres aléatoires.

Lors de ces duels, vous pouvez frapper l’adversaire, utiliser une capacité spéciale ou un objet, voire carrément laisser l’ordinateur résoudre le combat de lui-même. Votre équipe peut compter trois membres au maximum, et celle de l’adversaire aussi. En fin de combat, les survivants gagnent un peu de points d’expérience (vous ne pouvez pas dépasser le niveau 50) et de l’argent.

Mais les combats ne seront pas votre principal objectif lors de ces déplacements. En effet, tous les lieux que vous traverserez abritent différents ingrédients (par exemple, vous pouvez trouver à la cascade des poissons, de l’eau fraîche, du bois ou encore différentes herbes), de plus en plus rares à mesure que vous progressez dans les niveaux d’expérience (si vous atteignez un certain palier, les poissons de la cascade seront par exemple beaucoup plus recherchés).

Une fois votre besace bien remplie, vous pourrez retourner en ville afin de réaliser vos recettes. En vous plaçant devant votre marmite, vous aurez le choix entre l’alchimie standard ou spéciale. Commençons par la plus simple. Il suffit de sélectionner les ingrédients indiqués dans la recette, de choisir le bon chaudron (chacun ayant un pourcentage de réussite selon la recette) et c’est parti ! Au départ, vous ne pourrez réaliser à coup sûr que des réalisations simples, mais à mesure que vous réussirez vos mélanges, votre niveau d’alchimiste évoluera, de même que le niveau de votre marmite (ce qui améliorera le pourcentage de réussite des recettes les plus avancées). Vous pourrez alors vous essayer à l’alchimie spéciale, qui consiste à adjoindre à une recette de base un colorant ou un additif de qualité pour obtenir un nouvel objet. Exemple bidon : mettons qu’il vous faille de l’eau et une herbe pour faire une potion de soin. Et bien en lui adjoignant un complément, vous pourrez réaliser une potion différente, et qui peut soigner plus de points de vie (ou moins si ce n’est pas un bon complément).

Après quelques mois à ce tarif-là, vous commencerez à bien gérer le cœur du jeu. Vous pourrez alors vous intéresser aux quêtes secondaires, qui sont nombreuses. Tout d’abord, des gens entreront régulièrement dans votre boutique pour vous demander de réaliser un objet par alchimie. Vous pourrez les satisfaire afin d’obtenir de l’argent ou un objet. À la guilde, vous trouverez également des missions. Le principe est le même, si ce n’est que vous avez cette fois un nombre de jours limité pour créer l’objet.

Et puis vous pourrez également vous intéresser à la création de commerces (parc d’attractions, jardin public, boulangerie, hôtel…) sur l’île. Il faudra d’abord les acheter, puis les faire fructifier en y plaçant un gérant parmi les PNJ que vous avez rencontrés. Chacun a ses forces et ses faiblesses, à vous de surveiller le chiffre d’affaires et de leur donner des conseils pour s’améliorer. Mais ce n’est pas tout : un bon gestionnaire ne suffit pas, et il faudra aussi vous intéresser aux quêtes spéciales visant à améliorer vos attractions.

Dans la plupart des cas, il s’agira encore une fois de créer par alchimie les objets que l’on vous demande. Mais chaque commerce a également besoin d’une mascotte. Lorsque vous acceptez une mission visant à trouver une mascotte, une espèce de chamallow rouge apparaît dans l’une des destinations (celles dont je parlais au début, cascade, carrière, etc.) que vous avez déjà visitées. En le touchant, vous déclenchez le combat contre un boss. Boss que vous devrez vaincre pour délivrer la mascotte et l’envoyer vers le commerce qui en a besoin.

QUELQUES GRAMMES DE FINESSE DANS UN MONDE DE BRUTES

Encore une fois, la série des Atelier ne brille ni par son scénario, ni par sa réalisation. L’histoire est un peu toujours la même, les graphismes sont excessivement limités pour le support, l’animation est réduite à sa plus simple expression et la bande-son tartignolle aura vite fait de vous échauffer les oreilles. Histoire de contrebalancer un peu, disons que l’humour est omniprésent au travers des dialogues et des mimiques des personnages, et que le design général est tout à fait fidèle aux premières heures de gloire de la saga. Autrement dit, le néophyte se demandera où est passé son argent, tandis que l’habitué retrouvera immédiatement ses marques.

Concernant le fond de jeu, c’est un peu la même chose, il y a deux écoles : celle des adeptes, qui passeront des heures derrière leur marmite à concocter leur gloubiboulga dans la joie et la bonne humeur ; et les autres qui ne verront pas l’intérêt de ce RPG aux interactions si limitées, au challenge minimaliste et à l’aspect épique aussi peu prononcé.

Pour ma part, je ne peux me résoudre à enfoncer un jeu qui respecte autant son héritage, au point de surclasser ses illustres aînés sur bien des points. Mais je ne peux pas non plus l’encenser au risque de provoquer bien des déceptions auprès des acheteurs potentiels qui n’ont jamais entendu parler de la série. Profitez-en, pour une fois que je fais preuve d’un minimum d’objectivité…

Atelier Annie : Alchemists of Sera Island