Might & Magic VII n’est pas vraiment l’épisode le plus apprécié de la vénérable saga de jeux de rôle, loin s’en faut. Utilisant le vieillissant moteur du sixième opus à peine amélioré (prise en charge des cartes accélératrices 3D), offrant une aventure certes intéressante mais nettement en retrait des épisodes précédents, c’est véritablement le début du déclin de la prestigieuse série initiée par Jon von Caneghem.
Alors, je vois à votre mine déconfite que vous vous demandez pourquoi je vous parle d’un jeu qui n’a apparemment rien à voir avec Arcomage. « C’est l’âge », penserez-vous. « Le vieux Sig’ roule un peu sur la jante ». Que nenni (quoique) ! En réalité, dans Might & Magic VII était inclus un petit jeu de combat de cartes auquel on pouvait jouer dans chaque taverne, Arcomage. Ce feature fut suffisamment apprécié des joueurs pour que Ubi Soft décide d’en sortir une version commerciale, pour un prix assez faible. J’en viens donc au fait, puisque Arcomage est son portage sur DS. Adaptation gratuite, réalisée par Bodom-Child, présentée pour la première lors de la NeoFlash Compo de 2006.
Deux tours, des cartes, le jeu est en place
Dans Arcomage, apparemment, il s’agit ni plus ni moins d’une simple querelle de voisinage. Vous êtes un archimage qui déteste son voisin, lequel vous le rend assez bien. Non, parce que forcément, un archimage croit être le plus fort et déteste qu’un compère dans les parages puisse lui faire de l’ombre. OK, j’ai un peu imaginé le scénario, mais ça doit assez bien correspondre à l’idée du jeu. :P Pour vous débarrasser du gêneur, deux moyens s’offrent à vous : la méthode « je t’en mets plein la vue, sale plouc », en étant le premier à développer votre tour jusqu’à ce qu’elle atteigne cent étages, ou bien la méthode classique du « coup de tatane dans l’arrière-train », consistant à raser la cabane de votre adversaire.
Chaque joueur abattra à son tour une des six cartes de son jeu, sélectionnée au hasard (une nouvelle carte aléatoire se substituera automatiquement à celle jouée). Certaines sont des cartes de constructions, qui vous permettront d’ajouter des étages à votre tour, ou au mur qui la protège en absorbant une partie des dégâts reçus. D’autres sont des cartes d’attaques : monstre, sort etc. qui dégraderont les édifices ennemis.
Chaque carte coûte un certain nombre de ressources, ce prix étant indiqué dans sa partie inférieure. Les ressources sont au nombre de trois : mana, or et pierre. Stratégiquement, ce n’est pas forcément une bonne idée de jeter des cartes puissantes trop rapidement ; très coûteuses, elles vous laisseraient exsangue, vous obligeant alors à passer votre tour.
À chaque tour, chaque joueur gagne des ressources, à raison d’un élément par structure productrice détenue. Les temples pourvoient du mana, les mines de l’or, tandis que les carrières vous fournissent en minerai. Naturellement, il existe des cartes qui vont vous donner une structure supplémentaire, ou bien un bonus de ressources. Et d’autres, a contrario permettant de détruire des structures ennemies, ou le privant d’un certain nombre de ressources.
Certaines cumulent plusieurs effets, positifs ou négatifs, en occasionnant par exemple un certain nombre de dégâts à votre adversaire, mais aussi à vous. Le principe est donc simple, mais offre plusieurs stratégies possibles : course à la construction, accumulation des ressources, opérations de sape de l’effort ennemi, attaque brutale…
Techniquement parlant…
Le jeu exploite naturellement les deux écrans de la console. Celui du haut présente les deux tours, avec leur hauteur inscrite en dessous, ainsi que leur mur protecteur respectif. L’écran du bas présente votre jeu, ainsi que les ressources et les structures dont vous disposez. L’interface est donc lisible et intuitive, le jeu se jouant au stylet, en sélectionnant simplement votre carte qui apparaît alors en gros sur l’écran du bas. Il suffit de confirmer votre choix en cliquant dessus. Seule ombre au tableau, la carte jouée par l’adversaire, projetée sur l’écran supérieur, est trop petite et du coup peu lisible. Heureusement, une pression sur le bouton L de la console permet de l’agrandir.
Graphiquement, Arcomage est une bonne surprise pour un homebrew. Les illustrations sur les cartes sont très réussies ; ce sont cela dit, de l’aveu même du créateur, des rips de Realms of Magic. Peu d’animations en revanche, il faut dire que cela n’est pas rédhibitoire pour un jeu de cet acabit. De même au niveau sonore, c’est assez spartiate : une brève musique d’intro, puis de simples bruitages pendant la partie.
Le jeu propose de jouer seul, contre l’ordinateur, ou à deux, en hot seat. Je n’ai pas essayé cette dernière option, mais je doute qu’il soit très agréable de passer son temps à sélectionner sa carte, puis de passer la DS à son compagnon de jeu. Une option de jeu en wi-fi était prévue : présente dans le menu d’accueil, elle est toutefois désactivée. La dernière version datant de 2006, il est malheureusement peu probable qu’on puisse un jour en profiter…
Cet apparent abandon du développement est fort dommage car Arcomage est très agréable à jouer, et était très prometteur, mais outre l’absence du wi-fi, on aurait aimé plus. Plusieurs modes de difficulté en premier lieu, car l’ordinateur est assez facile à vaincre. On aurait apprécié aussi la présence de plusieurs decks ou de décors différents. Et pourquoi pas un mode tournoi, permettant d’affronter plusieurs ennemis les uns après les autres, sous forme d’une quête… Cela aurait grandement augmenté sa durée de vie.
Conclusion
Reste qu’Arcomage est, malgré ses manques, un bon jeu, sur lequel on revient régulièrement pour passer un bon moment, et les parties courtes le rendent particulièrement attrayant. Son développement eût-il été plus poussé, il serait probablement devenu un must de la petite console de Nintendo… Quel dommage !
_Testé sur Nintendo DS Lite avec un CycloDS Evolution. Le screen provient du site PlayerAdvance, qui semble être la page officielle du jeu : http://playeradvance.org/forum/showthread.php?t=3746_