Advance Wars : Dark Conflict est un jeu vidéo DS publié par Nintendoen 2008 .

  • 2008
  • Stratégie

Test du jeu vidéo Advance Wars : Dark Conflict

3.5/5 — Très bien par

Souvenez-vous : en 2002 sortait sur GBA un jeu de stratégie au tour par tour du nom d’Advance Wars, qui avait la particularité d’associer un univers coloré proche du cartoon à un gameplay sans faille. En y ajoutant des personnages charismatiques (et une insouciance telle qu’on pourrait se demander si la guerre narrée dans le jeu a vraiment fait des morts), le titre d’Intelligent Systems fut considérée comme l’un des meilleurs jeux de la portable de Nintendo. Pourtant, sa suite sur le même support un an plus tard plaça la barre encore plus haut, et le troisième opus sur DS acheva de porter la série à son apogée. Ce petit résumé de la série d’Advance Wars va me servir à introduire le 4ème du nom ; et vous pensiez sincèrement que vous alliez retrouver un monde chatoyant et chaleureux ? Désolé de briser toutes ces illusions, mais vous pouvez d’ores et déjà considérer cette époque comme révolue.

Apocalypse Now

Je ne comprends pas trop la décision d’Intelligent Systems, l’équipe de développement en charge de la série, pour un changement aussi radical par rapport aux précédents volets. Rassurez-vous, le gameplay est intact, mais pas l’univers, qui se veut beaucoup plus mature. Vu que ceux au fond commencent à s’impatienter, je vous fais rapidement un topo du scénario : le monde vient juste de subir une pluie de météorites qui a anéanti 90% de la population mondiale et soulevé un énorme nuage de poussière, plongeant les survivants dans une pénombre éternelle (rien que ça). Cet Armageddon a pourtant fait le bonheur des pillards, qui s’en donnent à cœur joie pour imposer leur loi dans les ruines de l’ancien monde et persécuter les plus faibles. Tout espoir semble donc perdu… Tout ? Non ! Une petite armée menée par un officier au grand cœur résiste encore et toujours à la barbarie, en secourant la veuve et l’orphelin dans l’espoir d’un monde meilleur…

Vous l’aurez compris, la série se rapproche maintenant d’avantage d’une ambiance à la Mad Max, qui se répercute aussi dans les menus, adoptant une dominance grise et métallique. Mais intéressons-nous d’abord à ce qui fait le cœur du jeu, à savoir le gameplay.

La loi du plus intelligent

Je suppose que tout le monde a déjà entendu parler de la série (excepté ceux ayant passé ces dernières années reclus dans une tribu d’Amazonie), mais un bon testeur se doit de décrire le gameplay du jeu qu’il teste, même s’il est archi-connu. Comme les précédents volets, cet épisode est un jeu de stratégie au tour par tour, opposant 2 à 4 factions (en équipe ou chacun pour sa peau), le but étant soit d’anéantir totalement l’armée adverse, soit de capturer son QG. Le champ de bataille est quant à lui représenté par un damier, avec sur chaque case un type de terrain différent. Vous pourrez commander à une trentaine de types d’unités, allant de la simple infanterie au monstrueux méga tank, en passant bien entendu par les unités aériennes et maritimes. Comme dans tout jeu de ce type, chaque unité a ses propres forces et faiblesses, tournant sur le schéma « pierre-papier-ciseaux ». Par exemple un tank fera des ravages face à une DCA, qui décimera elle-même un hélicoptère en deux secondes, alors que ce dernier mange des tanks au petit-déjeuner. Par ailleurs, il faudra faire attention à utiliser le terrain à son avantage (un bois offrant plus de couverture qu’une plaine) et veiller à ce que vos unités ne tombent pas en panne d’essence ni à court de munitions. De plus, avant chaque bataille, il vous faudra choisir un général pour diriger votre armée. Ce choix a son importance, car chacun de ces officiers possède ses propres avantages et inconvénients (untel est plus à l’aise avec les unités aériennes alors qu’un autre préfère foncer dans le tas), en plus de disposer d’une « rupture », utilisable après avoir rempli une jauge de puissance en combattant les unités ennemies. Derrière ce terme se cache en fait le système de « pouvoir » déjà vu dans les anciens épisodes. Cette rupture (ou pouvoir, donc) ne dure qu’un tour, et n’a pas le même effet d’un personnage à un autre (regain général de PV, augmentation de la force de frappe, et j’en passe…), mais il peut parfois renverser le cours d’une bataille s’il est bien utilisé.

Pour terminer ce rapide descriptif du gameplay, citons l’importance des bâtiments présents sur les différentes cartes. Vous pouvez en prendre le contrôle par l’intermédiaire d’une unité d’infanterie, l’intérêt de cette action étant que chaque bâtiment sous votre contrôle vous rapporte un peu d’argent à chaque tour, argent utilisable pour produire de nouvelles unités dans les usines sous votre autorité. Cependant, les villes ont un deuxième effet « kiss cool » : chacune de vos unités placée sur une de vos villes sera ravitaillée à chaque tour, en plus d’être réparée si elle est endommagée.

Je préfère m’arrêter là en ce qui concerne la description du gameplay, car énumérer toutes les subtilités prendrait beaucoup trop de temps (si vous voulez vraiment tout savoir, procurez vous le jeu ou cherchez par vous-même avec l’ami google), et passer directement aux choses qui fâchent avec cet épisode, à commencer par le nettoyage de printemps opéré dans les modes de jeu. La série, qui avait pris l’habitude de proposer toujours plus de nouveautés, se retrouve ici avec une campagne solo, un mode multijoueur, un éditeur de cartes et un atelier, pour écouter les musiques du jeu et « customiser » les généraux débloqués (comprenez par là : changer la couleur des vêtements), ce qui fait vraiment maigre comparé au précédent volet.

En effet, là où les anciens épisodes proposaient une boutique, où l’on pouvait échanger des points durement gagnés dans les différents modes contre de nouvelles cartes et autres personnages, un mode « Q.G. » proposant des missions avec une carte et un adversaire donnés, etc., il n’en reste rien ici ; disparus avec l’apocalypse. D’autant plus que les généraux charismatiques des trois premiers épisodes ont tous laissé la place à de nouveaux personnages (au nombre d’une douzaine seulement) qui peinent à gagner la sympathie du joueur, tant leurs personnalités sont stéréotypées. D’un côté nous avons le lieutenant altruiste prêt à se sacrifier pour le bien du peuple, secondé par un jeunot bourré d’idéaux sur la solidarité et l’espoir ; d’un autre côté nous avons le général darwiniste rêvant de conquérir le monde, assisté par un savant fou considérant les humains comme des cobayes. Certes, ça n’allait pas plus loin dans les autres opus, mais c’était assumé ; ici le ton se veut vraiment sérieux, et ça va forcément moins bien.

Épisode 4 : un nouvel espoir ?

Alors tout est à jeter dans ce jeu ? Pas nécessairement, car les développeurs ont inclus des nouveautés forts intéressantes, à commencer par la capacité du général à prendre part DIRECTEMENT à la bataille ! Eh oui, terminé le temps des généraux propres sur eux qui restent bien au chaud au Q.G., maintenant c’est des durs de durs qui n’hésitent pas à sauter dans un tank et à aller en découdre avec l’ennemi. Mine de rien, on assiste ici à toute une refonte d’une partie du gameplay de la série : désormais vous pouvez inclure votre général dans une unité fraîchement sortie de l’usine (qui sera définie alors comme « unité d’état-major » ), l’intérêt étant que les bonus propres au général ne s’appliquent que dans une zone toujours centrée sur ce dernier, dont la taille peut varier selon l’officier (plus les bonus sont importants, moins la zone est grande). En outre, la jauge de rupture du général n’augmente que s’il est présent sur le champ de bataille.

Alors, certes, envoyer son général en première ligne peut apporter un bonus non négligeable, mais c’est aussi l’exposer au risque de se faire exploser par l’ennemi… Mais pas de panique ! À chaque fois que l’officier sera défait, il retournera sain et sauf au Q.G., prêt à intégrer une nouvelle unité. Toutefois, le prix à payer sera le retour à zéro de sa jauge de rupture (rageant lorsqu’elle était remplie).

En ce qui concerne les autres nouveautés et changements, cela varie de l’intéressant à l’anecdotique. On remarquera le beau mode online, tout nouveau dans la série (mais non testé, faute d’une connexion wifi), une fonction de dezoom, très utile pour englober d’un coup d’œil une grande carte, et pas mal de changements du côté des unités. On notera la disparition de certaines, comme les missiles kamikaze de Dual Strike, et l’apparition de nouvelles. Certaines font juste office de curiosités, à l’image des tanks pouvant balancer des fusées éclairantes (utile quand le brouillard de guerre est activé), d’autres par contre se révèlent bien plus intéressantes : il faudra compter dans cet opus avec les motards, unités d’infanterie pouvant se déplacer très rapidement (décisif quand il s’agit de prendre rapidement une ville éloignée), et les canons d’autodéfense, pouvant à la fois attaquer à distance et au corps-à-corps (une première dans la série).

Les développeurs en ont profité aussi pour modifier certaines unités déjà existantes ; ainsi la puissance monstrueuse du méga tank et son prix (lui aussi monstrueux) ont bien été revus à la baisse, les VTB (véhicule de ravitaillement) peuvent désormais construire un aéroport ou un port temporaire, servant à ravitailler respectivement les unités aériennes et maritimes. Quant aux porte-avions, ils sont maintenant capables de créer des intercepteurs, sortes d’avions assez coriaces mais avec un réservoir de carburant très petit.

Techniquement parlant

Graphismes : Agréables à l’œil dans l’ensemble, excepté le design des menus que je trouve absolument horrible. D’ailleurs certains ne vont pas aimer les couleurs, bien plus sombres, utilisées pour les graphismes, mais c’est une conséquence logique de la nouvelle ambiance (vous ne pensiez tout de même pas qu’on utiliserait des couleurs aussi chatoyantes que celles utilisés par les réalisateurs des Bisounours pour un monde pareil ? ).

Maniabilité : Comme son prédécesseur, la prise en main est intuitive et je n’ai rien à y redire. Tout peut se faire au stylet ; on sélectionne les unités en les pointant et on les déplace sur la case souhaitée en un clin d’œil… La navigation dans les menus s’en retrouve bien plus agréable. Pour les réfractaires, il est toujours possible d’utiliser les boutons de la DS.

Bande-son : Cela va du médiocre à l’agréable. La cacophonie du menu principal est juste bonne à éteindre les haut-parleurs, la plupart des musiques se laissent écouter sans pourtant s’ancrer dans les mémoires. Seules deux ou trois sortent vraiment du lot ; le thème d’Ed est ainsi une bonne surprise pour moi.

Durée de vie : Il vous faudra une vingtaine d’heures pour finir la campagne, qui ne posera pas trop de problèmes à un joueur confirmé. Néanmoins, il vous faudra multiplier la durée par l’infini si vous vous mettez à jouer en multijoueur avec des amis.

Scénario : Décevant, bien que la première partie de la campagne exploite pleinement l’univers post-apocalyptique du jeu, en mettant en avant l’aspect survie tout en proposant quelques missions dans des ruines. La seconde partie délaisse totalement cet aspect et tombe dans un scénario des plus classique, avec des coups de théâtre que l’on voit arriver à des kilomètres.

En conclusion de ce test, je dirai que l’appréciation dépend du point de vue que l’on prend. Dark Conflict se révèle un excellent jeu de stratégie si on le place en marge de la série ; mais si on le compare aux précédents Advance Wars, il est clair qu’il ne fait pas le poids en raison de son contenu rachitique. Toutefois, il mérite que les vétérans de la série s’y intéressent. Les développeurs ont eu de bonnes idées et ont tenté de les tester à travers cet épisode. En fait, le comportement des fans reflète le nouvel univers d’Advance Wars ; certains s’adapteront et resteront, d’autres n’y parviendront pas et partiront. Il n’empêche que l’acquisition de cet opus n’est conseillée qu’aux habitués voulant découvrir de nouvelles possibilités de gameplay, les joueurs débutant la série faisant mieux de se tourner vers l’excellent Dual Strike sur la même console.

Advance Wars : Dark Conflict