Lorsqu’on parle de jeux de combat à l’arme blanche, on évoque généralement les séries Samurai Shodown ou SoulCalibur. Mais tout ceci est un peu réducteur, et c’est oublier un peu vite le duo des Last Blade, lui aussi sorti d’abord sur Neo-Geo. Pourtant, les critiques dithyrambiques à la sortie de chacun des deux volets auraient dû leur assurer une belle destinée dans le petit monde du beat ‘em up. Cela n’a pas été le cas, alors essayons d’en savoir un peu plus sur ce qui cloche, en prenant pour point d’appui la version Dreamcast.
LA PORTE, MERDE !
Nous sommes au milieu du dix-neuvième siècle, au Japon. Quelques mois avant le début du jeu - durant le premier épisode, quoi - le portail mystique qui faisait le lien entre l’enfer et la Terre a été brisé par celui-là même qui était censé le garder, Kagami. Ce dernier avait constaté que l’humanité était faible et qu’elle méritait donc d’être rayée de la surface du globe. Heureusement pour nous, un certain Kaede a reporté ce plan néfaste aux calendes grecques. Cependant, le portail n’est pas tout à fait refermé et deux esprits de la mort sont parvenus à passer sur le plan physique. The Last Blade 2 nous refait donc le coup de l’invasion extra-dimensionnelle mais qu’importe, là n’est pas l’intérêt d’un beat ‘em up.
AVEC OU SANS PATATE ?
The Last Blade 2 est donc un beat ‘em up en deux dimensions plus ou moins dans la veine de Samurai Shodown, et en tout cas dans la droite lignée des autres jeux de combat made in SNK. Le titre propose plusieurs modes de jeu on ne peut plus conventionnels, depuis le classique mode solo jusqu’à l’entraînement, en passant par le versus et le Time Attack. Concernant le casting, ce sont seize personnages qui nous sont proposés, auxquels s’ajoutent deux boss et deux personnages secrets (ceci dit, Kotetsu ne peut pas vraiment être affronté et Hagure se contente de copier les autres personnages).
Le tout se joue à quatre boutons. Le stick permet comme toujours de diriger le personnage, de le faire sauter ou s’accroupir ; et les quatre touches sont dévolues aux attaques à l’arme blanche faibles ou fortes, aux coups de pied et aux contres. Il faudra appuyer sur ces deux derniers boutons pour réaliser vos projections. Les combats se déroulent en deux rounds gagnants et sont chronométrés, comme il se doit. Vous devez comme toujours vider la jauge de vie de l’adversaire avant qu’il ne vide la vôtre.
Pour ce faire vous enchaînerez attaques standards et coups spéciaux, ce qui aura pour double effet Kiss Kool de vider petit à petit la jauge d’énergie adverse, mais aussi de remplir votre jauge de furie. Une fois celle-ci pleine, vous pourrez déclencher un coup spécial encore supérieur aux autres, que l’on pourrait appeler Desperation Move si l’on était dans un Fatal Fury. Mais là ne s’arrêtent pas les possibilités offertes par le titre, et c’est maintenant que je dois vous parler des modes Speed et Power.
Ces deux modes sont à choisir au moment ou vous sélectionnez votre avatar. Le mode Speed accroît comme il se doit votre vitesse, mais surtout il permet de réaliser des enchaînements de tueur, que l’on peut même interrompre pour balancer un Desperation Move. Il est aussi possible de réaliser des Speed Combos en grillant la jauge de furie au passage. En gros, il s’agit d’un enchaînement affreusement long et qui provoquera de vives douleurs anales à qui le subira. Le mode Power quant à lui vous rend plus puissant. Il permet de réaliser des coups imblocables (mais très lents), et surtout de déclencher des Super Desperation Moves. Il faut que votre jauge d’énergie soit quasiment vide et que votre jauge de furie soit pleine, mais si tel est le cas, l’attaque que vous déclencherez fera passer le Speed Combo du copain pour un gentil suppositoire. Enfin, il est possible de débloquer le mode EX, où votre personnage est plus faible et moins résistant aux coups, mais où il peut profiter à la fois des Speed Combos et des Super Desperation Moves.
Parallèlement à ce qui constitue le cœur du gameplay, Last Blade 2 propose différents petits concepts qui font la renommée des grands jeux. La touche de contre est ainsi au cœur d’un concept primordial qui consiste non seulement à parer un coup, mais à provoquer en même temps un gros temps mort chez l’adversaire, largement assez long pour lui en coller une derrière les oreilles. Évoquons aussi le cas des Super Cancels, qui permettent d’annuler un coup spécial pour le remplacer par un Desperation Move. Last Blade 2 implémente aussi un système de Guard Cancel, qui permet d’annuler le temps de latence qui suit une parade, ainsi qu’un jeu aérien assez évolué avec parades en plein saut et autres rétablissements aériens (pour éviter de se croûter comme une merde quand on s’est fait toucher durant un saut).
Autant dire que le système de jeu est très complet, mais aussi qu’il n’est pas forcément à la portée de tout public. Last Blade 2 est assez technique et demande quelques séances d’entraînement avant ne serait-ce que d’appréhender correctement les bases. La difficulté intrinsèque du jeu solo est d’ailleurs assez élevée, rendant le soft plutôt élitiste.
J’AURAIS VOULU ÊTRE UN ARTISTE
Maintenant que nous avons fait le tour du jeu, parlons un peu de sa réalisation. À dire vrai c’est sans doute là que le bât blesse, n’en déplaise aux fanatiques. Last Blade 2 n’est pas particulièrement repoussant, mais il est loin des canons esthétiques du genre. Tout d’abord le design peut surprendre. Les personnages sont assez particuliers (pour information, c’est l’un des papas de Guilty Gear qui avait signé le design des personnages du premier épisode), et s’ils ne manquent pas d’originalité, c’est le charisme qui leur fait défaut. À côté des grands noms du beat ‘em up, la vingtaine de combattants qui nous est offerte fait un peu pâle figure.
Mais avant toute chose, c’est sur un plan plus technique que Last Blade 2 déçoit. En effet, cette version Dreamcast est un portage pur et dur de la mouture Neo-Geo, et si ce n’est pas un mal en soi, ce n’est pas forcément un bien non plus. Par exemple, on pourra reprocher au jeu sa résolution ridicule, comparée à celle d’un Guilty Gear X, référence incontestable dans le domaine sur la 128 bits de SEGA. Cela ne vous dérangera pas forcément si vous jouez sur un écran minuscule, mais sur une dalle géante les gros pixels baveux piquent les yeux.
Et puis ce n’est pas non plus comme si le jeu était un modèle de fluidité. Les combats sont mous, techniques aussi, on l’a dit, et finalement un peu ennuyeux sur le long terme. La bande-son digne d’un enterrement n’aide pas beaucoup non plus. Le seul moment amusant reste lorsqu’on achève l’adversaire, une manœuvre bien plus jouissive que dans un Mortal Kombat qui ne comptait que sur cela pour faire sa renommée.
Au final, The Last Blade 2 : Heart of the Samurai, de son nom complet, ne représente pas la relève tant espérée. S’il rivalise de chiantitude avec un Virtua Fighter, il déçoit sur de nombreux points et ne saurait obtenir la même reconnaissance que les grands pontes du milieu. Cela dit face à un Samurai Shodown, il reste clairement au-dessus. Mais est-ce vraiment une référence ?