Ignorant de l’oeuvre de Berserk et méfiant vis-à-vis d’un jeu tiré d’une licence, je me lance tout de même dans l’aventure, après en avoir appris un peu plus sur ce jeu à travers divers sites. Et je dois vous dire maintenant que je ne suis pas du tout déçu, et que désormais, lorsque je serais à la FNAC, je saurais quoi lire. Ce Berserk semble vraiment fabuleux ! Explications.
La rage de Guts
Pas question ici d’un scénario qui va bêtement reprendre celui du manga. L’auteur tient à son œuvre, si bien qu’il a écrit un scénario pour le jeu. Et même si le jeu est en anglais et que je n’ai pas tout compris, j’ai tout de même été captivé ! Encore un jeu en anglais me direz vous ? Et bien oui, il y a la version japonaise, la version anglaise, mais pas la version française. Il faut dire qu’il n’est même pas sorti en France, à cause d’un certain CSA. Je vais me retenir avant que je me lance dans une tirade de grossièretés, et passer tout de suite à l’histoire du jeu. Dans une contrée peu accueillante, une charrette a un problème de roue qui vient de se casser. Alors que ses occupants, une jeune fille et un vieil homme, tentent de la réparer, des bandits surgissent et s’apprêtent à les attaquer pour les dépouiller de leurs biens. C’était sans compter sur l’arrivée d’un ténébreux inconnu, Guts, qui arrive au bon moment pour les défendre.
Alors commence le jeu. On a affaire ici à un beat’em all. Bouton A et B pour attaquer avec votre ENORME épée, X pour sauter, Y pour glisser, gâchette gauche pour ranger/reprendre votre arme, et gâchette droite+bouton pour utiliser vos objets.
bouton A : lance un petit pieux
bouton B : Grenade (munitions limitées)
bouton X : Potion de vie (limitées)
bouton Y : fusil (limité)
Il y aura bien sur avec ça des attaques spéciales à sortir comme X+A ou bien A enfoncé… Naturellement, quand vous rangez votre épée, vous tapez avec vos gros poings, qui sont tout de même moins efficaces que votre épée. Alors pourquoi devrions nous ranger notre épée me direz vous ? Rappelez vous que j’avais insisté sur le fait que notre épée est ENORME. Et bien cette épée, comme toute épée qui se respecte, ne traverse pas les murs (sauf dans un certain cas que je citerais plus tard). Donc si jamais vous vous retrouvez dans un couloir étroit par exemple, vous serez gêné par votre épée ! Il sera donc préférable dans ces moments de la ranger et d’y aller à mains nues. Vous aurez par la même occasion la possibilité de profiter de la petite mitraillette à fléchettes de Guts. Un arsenal à lui seul ce Guts ! Et il faudra bien ça pour exterminer tous vos adversaires ! L’épée de Guts est très particulière, elle « boit » le sang, si bien qu’une fois la jauge de sang remplie, vous devenez l’espace d’un instant encore plus puissant, et votre épée peut même traverser les murs pour mieux latter vos ennemis. Dès le début du jeu, vous allez leur bourriner dessus et en avoir du sang, et ça défoule ! Vous voyez cette scène au début du film du Seigneur des Anneaux, où Sauron envoie valdinguer ses ennemis grâce à la puissance de son anneau ? Et bien ce sera vous cette fois ci ! Guts arrive, et nettoie la place. A coup de son énorme épée, les ennemis sont exterminés, jetés dans les airs, découpés en deux, et ce dans de grandes gerbes de sang ! Foua ! Après une journée de stress, cette violence et cette brutalité sont parfois la bienvenue. Mais trop de brutalité tue la brutalité, et on en attend beaucoup de l’histoire, alors on va faire évoluer l’histoire. Comment ? Je vous explique, Le jeu se passera comme ça : scène cinématique, jeu, scène cinématique, jeu, etc… Si ça parait normal comme ça, il faut vous dire que les scènes cinématiques sont conséquentes, en durée et en nombre. Ces scènes cinématiques sont faites à partir du moteur du jeu, et sont très bien faites, on a vraiment l’impression d’être devant un film d’animation dans la façon de filmer, dans les dialogues, dans la présentation, dans les musiques… Du beau boulot ! On pourrait croire que ces scènes sont lourdes, et qu’elles n’intéresseront que le fan, mais il n’en est rien. L’ignorant que je suis du manga a été captivé par l’histoire, même en ne comprenant pas tous les dialogues ! De plus, ces scènes font un très bon équilibrage entre action (jeu) et repos (scène cinématique). Rien à redire de ce coté. Le level design fait ce qu’il peut, et se fait assez varié finalement. Entre les boss, on a des niveaux en ville, en forêt, en prison, ce qui change les décors, mais aussi la construction des niveaux, si bien que c’est varié de ce coté. De plus, il y aura des fois des petites variantes. Par exemple, à un niveau, on doit suivre un chien pour ne pas se perdre. A un autre, fini la baston, on doit fuir un gros truc ! Il n’y aura pas énormément de niveaux, mais ils seront variés et intenses. On y retournera, d’autant plus qu’une fois le jeu fini, on a encore plein de petits bonus à débloquer : artworks, bonus, nouveaux modes, scènes cinématiques, infos sur les personnages, etc… Bien sympa tout ça ! On pourra cependant reprocher au jeu de n’avoir pas de chemins multiples (mais bon, ça aurait été complexe pour le scénario), et d’être limité à un joueur. Après, les gens qui ont oublié ce qu’était un beat’em all et qui confondent ce jeu avec un jeu d’action/aventure vont trouver le jeu lassant, car ils joueront tout le temps de la même façon. Bref, à vous aussi de faire évoluer votre technique si vous voulez vraiment vous amuser, quitte à pousser le niveau de difficulté.
Et dire que c’est un des premiers jeux Dreamcast…
1999, début de la Dreamcast, et Sword of Berserk est une véritable prouesse technique pour l’époque. « Ho bien sur, pour l’époque, maintenant c’est bien trop dépassé ». En fait, pas vraiment. Les personnages principaux sont très bien faits, très arrondis, et ont beaucoup de style, et peuvent se vanter d’avoir des expressions faciales d’excellente facture. Lors des dialogues, le mouvement des lèvres est même synchro avec les dialogues ! Des exemples en la matière ! Les personnages annexes sont plutôt en retrait, comme pour beaucoup de jeu en fait, mais on ne le remarquera pas trop ; lors des scènes cinématiques, c’est surtout les personnages principaux qu’on voit, donc ce n’est pas trop un problème en fait. Ils ne sont pas super mal faits, mais d’une qualité inférieure. On remarquera cependant le fait que le jeu n’a pas utilisé de motion capture, et que les mouvements ont été faits à l’ordinateur. Les personnages ont du coup des mouvements un peu robotiques lors de certaines scènes, surtout au début, en fait. D’ailleurs, il est bizarre de constater que le premier niveau est le seul qui soit médiocre de tout le jeu. En général, les jeux mettent le paquet pour le premier niveau, et là c’est l’inverse. Bah ! Les scènes cinématiques sont nombreuses, et utilisent très bien le moteur du jeu, et font l’objet d’un grand soin. Les personnages regorgement d’expression, le petit elfe aura même été modélisé en SD pour certains passages, et, chose qu’on ne verrait pas aujourd’hui, un perso super bien modélisé dans le jeu alors qu’on ne le voit que quelques secondes de tout le jeu lors d’une scène cinématique ! Les musiques ne sont pas en reste, loin de là ! Des musiques superbement orchestrées par un certain Susumu Hirasawa accompagneront le jeu. Pas question de dire que le jeu est dépassé de ce coté là ! La jouabilité est bonne, et la caméra se place toujours de façon à donner de l’ambiance à l’action. Ca donne vraiment l’impression d’un film ! Il n’y a que lors d’un boss où elle s’est avérée gênante par moment, rien de bien grave. C’est tout bon ici aussi. Des ralentissements ? Je n’en ai pas le souvenir. Si le jeu est fluide ? Parfaitement ! Les seuls défauts au niveau de la technique sont donc certains mouvements robotiques lors de certaines scènes cinématiques et aussi certains décors plutôt moches. Difficile d’avoir dans un jeu une texture pierre qui fait penser à de la pierre, mais ils auraient pu faire mieux pour l’herbe je trouve.
Conclusion guerrière !
Assurément, Sword of Berserk est un bon jeu. Il n’a pas le fun d’un Dynamite Dekka, mais il défoule plus, et l’univers est tout de même carrément plus intéressant (mais ça, on s’en serait douté). Le seul regret en fait est l’absence de mode 2 joueurs, ce qui est fréquent avec les beat’em all 3D, et que certains décors ont pris un coup de vieux. Quoiqu’il en soit, je lui met un bon 7/10, et le fan du manga peut lui mettre un 9/10 sans soucis ! Tout est dit, et n’oubliez pas que c’est un beat’em all, et non pas un jeu d’action/aventure !