Suite au succès phénoménal de Street Fighter II, Capcom mit en place un plan massif visant à décliner la franchise sur tous les supports possibles. Et je ne parle pas que des supports vidéoludiques, mais aussi d’autres médias, des vêtements, des jouets, des objets de collections… Bien entendu, le jeu connut aussi de nombreuses suites, ainsi que des séries inspirées par son gameplay, parce que Capcom fut en son temps le champion toutes catégories de l’essorage de licences. Et puis parmi tous ces produits dérivés, il en est un un peu particulier, qui reprend certes les personnages mais rien d’autre.
Y’A DES BONSHOMMES DANS MON TETRIS
Afin de justifier un titre très proche de Super Street Fighter II Turbo, le jeu reprend les grands noms de la série. Le joueur pourra ainsi prendre pour avatar Ryu, Ken, Chun Li, Sakura ou encore Akuma. Mais ce n’est pas tout : l’autre moitié des personnages est issue de la deuxième grosse licence de Capcom en matière de beat ‘em up 2D, Darkstalkers. Sont donc également présents Felicia, Morrigan, Hsien-Ko et Donovan. Le dernier combattant se trouve être Devilot, de la courte saga des Cyberbots. Tous ces personnages sont présentés en version SD, avec un petit corps et une grosse tête.
Y’A DES COUPS SPÉCIAUX DANS MON TETRIS
Super Puzzle Fighter II Turbo est un puzzle game qui, dans l’esprit, se rapproche un peu de Puyo-Puyo ou Columns. Le jeu se joue par contre uniquement face à quelqu’un. Il y a trois modes de jeu distincts : le solo où vous affrontez l’ordinateur, le versus pour jouer face à un autre compétiteur humain, et un mode online pour s’affronter à travers le monde (sauf que bon, en France, le modem Dreamcast c’était pas vraiment la panacée).
L’écran comprend donc deux zones de douze blocs de haut sur six de large. La zone de gauche vous est réservée, celle de droite étant occupée par votre adversaire. Basiquement, le principe est le suivant : des gemmes de couleurs tombent par paire du haut de l’écran, et vous devez les faire pivoter et les déplacer latéralement pour les assembler par couleurs. Ensuite, il n’y a plus qu’à attendre la gemme explosive de même couleur pour faire péter le bloc complet. Bien entendu, l’ordre des couleurs est aléatoire et vous devez apprendre à gérer correctement la vitesse de chute des paires de gemme.
Le fait est que jouer seul ou à deux selon un principe aussi simple ne changerait pas grand-chose. C’est là qu’interviennent les enchaînements. Lorsque vous réunissez deux gemmes ou plus d’une même couleur, elles se cristallisent et fusionnent en un gros bloc. Si vous faites exploser un bloc d’un coup, votre personnage déclenche un coup spécial (c’est une simple animation, souvenez-vous que nous NE SOMMES PAS dans un beat ‘em up) et l’écran de l’adversaire se retrouve pourri de gemmes qui ne peuvent être détruites qu’au bout d’un certain temps, rendant sa tâche plus ardue. Bien entendu, l’inverse est aussi vrai. Il se peut également que lorsque un bloc est détruit, les pièces restantes tombent et se réunissent elles aussi : vous venez de réaliser un combo, et l’effet sera encore plus dévastateur chez l’adversaire.
Si ce système de jeu ne vous convient pas, sachez que la version Dreamcast en propose deux variantes. Ainsi, ce type de jouabilité est désormais appelé XISM, et il est accompagné des types YISM et ZISM. La version YISM ressemble un peu à Columns (quelles références, jusque là !) : vous devez rassembler les gemmes au moins par lignes de quatre verticalement, horizontalement ou en diagonale, sans tenir compte des gemmes explosives. Le ZISM propose quant à lui une variante du fameux Bejeweled : l’écran est désormais rempli de gemmes et vous devez les inverser par paires, afin de créer des blocs ou de déplacer les gemmes explosives.
MAIS… EN FAIT C’EST PAS UN TETRIS MON TETRIS !
Super Puzzle Fighter II Turbo est sorti en Dreamcast Direct à l’époque. Je ne sais absolument pas ce que ça signifie, mais je me suis dit qu’il fallait que je le précise. Bref, quoi qu’il en soit, à première vue il ne s’agit que d’un bête portage, et ceci pourrait être synonyme de douleurs rectales quand on pense que l’original a déjà cinq ans et tournait sur un CPS-2 certes formidable en son temps, mais clairement pas au niveau de la Dreamcast.
Conversion facile ? C’est un fait, les graphismes sont absolument identiques. Ce n’est pas un mal parce qu’il s’agit d’une belle 2D, très colorée, bourrée d’effets visuels et pourvue d’un design mignon à croquer. Les animations sont nerveuses, la partie sonore est pour le moins entraînante…
Oui, d’accord, mais ça reste du foutage de gueule, non ? Dans l’absolu, oui. Seulement voilà. La grande force de cette version Dreamcast, ce n’est pas son habillage mais son fond de jeu. En dehors de son mode online qui reste très anecdotique pour nous autres, ce sont les deux variantes qui permettent de renouveler complètement l’expérience de jeu. Par exemple, moi qui ne suis pas un grand fan, ni de Puyo Puyo, ni de Columns, je me suis quand même éclaté sur le mode ZISM parce que j’adore Bejeweled. Alors j’imagine que le mec qui aime ces trois grands noms du puzzle game va tacher son caleçon rien qu’à l’idée de se faire les trois sur un seul et même GD-Rom. Si en plus il apprécie aussi les personnages de Street Fighter et Darkstalkers et l’ambiance kawaii, alors nul doute que ce sera pour lui l’orgasme assuré.