Attention, jeu français ! On sait à peu près tous ce que cela signifie : moyens limités, réalisation d’un autre âge et manque d’imagination flagrant. Aujourd’hui c’est le studio Toka qui s’y colle, après trois jeux de course, un de foot, un de snow et un beat ‘em all, tous moyens et tous sortis sur PlayStation. Pour l’occasion, le petit studio s’associe à Piggyback, ceux-là même qui éditent les fameux guides de jeux vidéo.
YOU FLOAT LIKE A FEATHER IN A BEAUTIFUL WORLD
Tout se passait bien au royaume de Gomar, où le roi bien-aimé Valmek avait épousé celle qui deviendrait la reine Antea et la mère de ses deux enfants, Sedan et Felies. Jusqu’au jour où Sedan est retrouvé mort lors d’une chasse célébrée en son honneur. Antea et Felies vont alors tout tenter pour le ramener à la vie, quitte à sacrifier leurs âmes aux ténèbres. En tentant de les arrêter, le chef de la garde (et père d’Altus) perd la vie, et Valmek est contraint de bannir les siens. Envoyant son espionne Sayomi épier les faits et gestes d’Antea et Felies, il découvre que la première est désormais capable de se changer en brume, qui transforme les hommes en bêtes, alors que le second est devenu un énorme dragon. Le roi demande donc à son sorcier Orion de préparer le royaume à une attaque qui ne tarde pas à survenir : le roi est désormais corrompu, et seuls Altus, Sayomi et Orion peuvent maintenant sauver Gomar et ses habitants.
AND I WISH I WAS SPECIAL, YOU’RE SO FUCKIN’ SPECIAL
Soul Fighter est un beat ‘em all dans des environnements en trois dimensions. Du coup il a beau se dérouler dans un univers médiéval-fantastique (avec son lot de cavernes, villages, forêts et tout le toutim) et vous opposer à des orques, des hommes-lézards ou des loups-garous, il se rapproche nettement d’un Dynamite Cop dans la forme.
Le titre propose deux modes de jeu distincts : l’action et l’aventure. Le premier vous impose de traverser les niveaux en temps limité mais avec la possibilité de changer de personnage à chaque stage, alors que le second vous permet de flâner mais ne vous laisse pas d’influence sur le choix du personnage. Vous devrez donc choisir votre avatar parmi trois répondant à des archétypes qui n’ont guère varié depuis le vénérable Final Fight : vous avez le personnage équilibré, le rapide et le bourrin, option magie pour le premier.
Et c’est ainsi que vous progresserez à travers les douze niveaux que comprend votre quête, éliminant toute opposition à coups de phalanges et débloquant le passage qui vous mènera jusqu’au repaire de l’indécrottable boss. Vous dirigez votre combattant à la Tomb Raider, avec la direction haute pour avancer, la gauche et la droite pour tourner et le bas pour faire demi-tour. Vous disposez ensuite d’un bouton pour les coups de poing, d’un pour les coups de pied, d’un pour bloquer les attaques adverses et d’un dernier pour sauter. Les gâchettes permettent quant à elles de gérer la caméra.
À force de mettre des gnons, vous remplirez votre jauge de furie, située juste en dessous de la jauge d’énergie. Une fois la jauge pleine, vous pourrez déclencher des super attaques en réalisant une combinaison de touches un minimum complexe. Vous trouverez sur votre chemin deux types d’objets à récolter : de quoi restaurer tout ou partie de votre jauge de santé, et des armes. Qu’il s’agisse de la hache, du couteau, de l’arc ou de la bombe, vous ne pourrez utiliser cet arsenal (l’arme s’utilise avec la touche de coup de poing) que durant un temps limité, symbolisé là encore par une jauge qui se vide à mesure que le temps passe.
BUT I’M A CREEP, I’M A WEIRDO
Il semblerait qu’il pèse une sorte de malédiction sur les productions françaises. Quel que soit le talent de leurs auteurs - et Toka n’est pas forcément dans le haut du panier - le résultat est rarement à la hauteur des attentes.
En l’occurrence Soul Fighter est, pour commencer, d’un ridicule à pleurer. Passe encore le scénario bancal, c’est ailleurs que se situe le problème. Alors d’un côté il est vrai que le jeu est plutôt joli, avec ses décors colorés. Mais dans un même temps les personnages sont encore terriblement polygonaux, et surtout ils sont animés de telle sorte que l’on se demande si celui qui a programmé leurs mouvements a déjà vu un corps humain se mouvoir. À tel titre que l’espèce de vieux bonze, lorsqu’on le sélectionne, tourne des bras pire que Gunjack dans Tekken, alors que ledit Gunjack est un robot, lui, au moins ; il a une excuse. Un dernier mot rapide sur la musique suintante qui vous poussera à couper le son, ce qui conclut ce paragraphe dédié à une réalisation peu convaincante.
À ceci s’ajoute une jouabilité poussive, vraiment poussive, peut-être plus poussive encore que celle de Tomb Raider, qui représentait pour moi, jusqu’alors, le summum de ce qu’il ne fallait pas faire dans un jeu en 3D. La caméra se place systématiquement pile poil au bon endroit pour vous emmerder un maximum, vos coups touchent uniquement lorsqu’ils ont décidé qu’ils n’avaient que cela à faire, et les ennemis sont à peu près aussi réactifs qu’un hérisson étalé sur une autoroute. D’ailleurs, le sort qui leur sera réservé ne variera guère de celui de la pauvre bête, et vous aurez finalement fait le tour du jeu plus vite que vous ne le pensiez. Inutile ensuite de se pencher sur l’autre mode de jeu ou sur un autre personnage, vu que c’est exactement la même chose.
C’est vrai que je ne suis pas vraiment patriote. Je ne soutiens pas l’équipe de France de foot, j’aime pas les jeux français… Mais en même temps, j’y peux rien si on est aussi mauvais en jivés qu’en sport…