Re-Volt est un jeu vidéo DreamCast publié par Acclaimen 1999 .

  • 1999
  • Course

Test du jeu vidéo Re-Volt

1/5 — Bof… par

Je ne sais pas si vous vous souvenez des Micro Machines, ces véhicules miniatures qui ont eu un certain succès dans les années 80. Avec un peu d’imagination, les gamins de l’époque pouvaient s’imaginer parcourir les 24 heures du Mans au volant d’un bolide surdimensionné alors que finalement, ils ne faisaient que pousser du doigt une petite voiture entre deux doubles-décimètres. Au début des années 90, les Micro Machines ont même donné lieu à une série de jeux vidéo. Et à la fin de cette même décennie, Probe et Acclaim ont décidé d’en faire un remake en 3D. Pour le meilleur et pour le pire.

CHÉRIE, J’AI RÉTRÉCI LA VOITURE

Nous voici donc dans un jeu de course, à ceci près qu’il ne s’agit de rien d’aussi sérieux qu’un Gran Turismo ou un Colin McRae Racing. Ici les circuits peuvent être aussi bien les rayons d’un supermarché que la coursive d’un navire, le trottoir d’une banlieue américaine typique façon Desperate Housewives (oui je connais, j’aime et j’assume) ou encore les allées d’un musée. Et ce sont des voitures téléguidées que l’on contrôle.

Re-Volt propose d’ailleurs un nombre conséquent de véhicules, à débloquer petit à petit. Les modes de jeu sont relativement peu nombreux et plutôt conventionnels (ou plutôt ils le sont depuis un certain Trackmania) : championnat et courses simples bien entendu, ainsi qu’un mode dédié aux cascades sur un circuit à part - avec des boucles et tout le toutim - et un éditeur de circuits absolument imbitable.

En effet les contrôles durant ce dernier n’ont rien de très évident. Vous utilisez le stick pour déplacer le curseur sur la grille, le bouton A pour choisir une pièce (grille de départ, ligne droite, angle sec ou courbe, diagonale, tuyau, chicane, pont, croisement…), le bouton B pour en effacer une, le bouton X pour tourner la pièce et le bouton Y pour copier la pièce sur une autre case. Ajoutons la croix directionnelle pour varier la hauteur (haut et bas) et le revêtement (droite et gauche) et les gâchettes pour changer d’angle de vue, et ça devient vite le foutoir. En jeu heureusement, les commandes sont bien plus instinctives. On contrôle son bolide arthritique au stick et on utilise un bouton pour accélérer et un autre pour utiliser une arme.

Car à l’instar des jeux de course de type Mario Kart et consorts, le jeu vous gratifie souvent d’objets à vocation offensive pour pourrir la vie de vos congénères. Sont ainsi au menu des bulles d’eau, des rayons paralysants ou encore des fléchettes explosives. En plus de ces items, vous devrez trouver dans chacun des tracés une étoile plus ou moins bien cachée, qui ne sert à rien d’autre qu’à vous pavaner en annonçant fièrement que vous avez torché le circuit à cent pour cents.

MARIO KART DOUBLE CASH

Je fais partie, si vous ne vous en étiez pas encore aperçus, des déçus de Re-Volt, qui sont à peu de chose près aussi nombreux que les fans invétérés. Ceci aurait donc pu se traduire par une note moyenne, mais c’était oublier un peu vite ce côté enculeur de mouches qui me va si bien.

Pour commencer, Re-Volt est peut-être le jeu Dreamcast le plus laid qu’il m’ait été donné de contempler. Certes, il est en 3D et certes, cette dernière n’est pas trop baveuse ni trop polygonale, ni trop crénelée ni trop tout ce que vous voulez. Mais d’un autre côté, rares seront les fois où il vous sera possible de voir des environnements aussi vides. J’ai compté en tout et pour tout trois barils de lessive dans les rayons du supermarché. Pas trois au milieu de plein d’autres produits, trois au milieu de rayons totalement vides : c’est bien simple, on se croirait au Leader Price de La Rochelle au lendemain de la tempête Xinthia. Et sans même parler de la toile de fond, on notera que même les pistes sont affreusement pauvres. Quelle que soit la texture (sable, goudron, bois, parquet…), elle est toujours rendue avec un minimum d’effets et un maximum de laideur.

Toujours dans la famille « J’ai codé mon jeu en Pascal », signalons également une bande-son vaguement technoïde que ne renierait pas Captain Hollywood Project (en dehors des trois nolife qui ont connu, je vous laisse chercher chez l’ami Jean-Paul Google, il pourra peut-être vous trouver une vieille K7) et qui sent bon les vacances d’été de 1992 à la fête du village de Ploumenec’h-lès-Eaux, je vous y emmènerai un jour.

Enfin, et surtout, il va falloir faire avec une vitesse de défilement qui équivaut, à peu de chose près, à celle du déplacement d’une tortue Luth sous anxiolytiques une fois qu’on lui a coupé les nageoires. Forcément, dans un jeu censé représenter l’aspect grisant et le shoot d’adrénaline que représente le fait de piloter une bagnole à fond les ballons, ça le fait moyen.

Ne soyons pas mesquins, Re-Volt a au moins un bon point à son actif : sa conduite est aisée. Forcément, quand une caisse ne dépasse pas les trente-trois centimètres à l’heure pied au plancher, elle n’est pas beaucoup plus difficile à conduire que la future voiture à pédales de Matthieu, le gentil neveu qui vous a gerbé son biberon sur votre chouette costume Armani pour son baptême, le petit con. Par contre, si votre trip c’est plutôt « Moi j’ai envie de me péter les roustons avec des commandes chiatiques », je ne saurais que trop vous conseiller l’éditeur de circuit, un pur moment de branlette intellectuelle pour fans de Meccano.

Toujours est-il que les rares à s’être laissés aller à acheter le jeu en auront pour leur argent. Si, parce qu’ils vont avoir les glandes les six premiers mois, en se disant qu’ils se sont bien fait déflorer la rondelle, mais ils vont s’y investir, histoire de rentabiliser l’achat. Et donc ils ne le regretteront pas, parce que si l’on passe sur les nombreux défauts du jeu, qui rendent la galette aussi intéressante qu’un frisbee, on découvre que Probe y a intégré pas mal de choses à faire. Les circuits sont tout de même une quinzaine, on peut se prendre la tête pendant des heures sur l’éditeur, on peut jouer à deux, on peut se prendre la tête pendant des heures sur l’éditeur, le mode cascade est rigolo deux minutes, on peut se prendre la tête pendant des heures sur l’éditeur, et si jamais la console vous lâche sans crier gare, vous pouvez encore vous amuser : vous prenez une feuille de papier blanc, votre plus beau stylo, vous tracez une ligne verticale grosso merdo à la moitié de la feuille, et vous jouez au jeu des 1648 différences entre le génialissime Mario Kart 64 et le pitoyable Re-Volt. PO-SI-TI-VER, je vous dis.

Re-Volt