C’est au petit studio Takumi que l’on doit quelques perles de shoot ‘em up éditées par Capcom. Le premier titre qui vient en tête est bien entendu Giga Wing, mais les développeurs sont également à l’origine d’un certain Mars Matrix, sorti sur CPS-2 et porté sur Dreamcast. Doit-on pour autant parler d’un jeu ? Le but d’un jeu est de prendre du plaisir non, pas de souffrir ? Alors disons que Mars Matrix est une épreuve. Mais de celles qui font du bien malgré tout, vous allez voir.
ALORS, RIEN DE TOUT ÇA N’EST RÉEL ?
Bienvenue dans la matrice. Nous sommes au vingt-cinquième siècle et pour cause de surpeuplement, les Terriens ont dû partir coloniser d’autres planètes. En l’occurrence, c’est Mars qui a été choisie, terraformée pour accepter la vie. Un gouvernement local a été mis en place, chapeauté depuis la Terre. Mais un beau jour, une puissante source d’énergie est découverte au pôle sud de la planète rouge, et s’ensuit une déclaration d’indépendance de Mars en bonne et due forme. L’escadrille des Mosquito Fighters est alors dépêchée sur place pour voir de quoi il retourne.
CHOISIS LA PILULE ROUGE, TU RESTES AU PAYS DES MERVEILLES ET ON DESCEND AVEC LE LAPIN BLANC AU FOND DU GOUFFRE.
Mars Matrix est un shoot ‘em up à défilement vertical que l’on classera volontiers dans la sous-catégorie des manic shooters, ces jeux de tir pour barjots qui ne jurent que par la déferlante de bastos multicolores. La quête s’étale sur six niveaux, ponctués comme il se doit par des combats dantesques contre des boss surdimensionnés capables de recouvrir tout l’écran de boulettes.
Face à eux il n’y a que votre petit vaisseau (ou vos deux petits vaisseaux si vous jouez en coopération), au masque de collision - la zone sensible de votre avatar - minuscule, seul espoir pour traverser les motifs de tirs bleus et roses qui s’affichent devant vous. Maigre consolation, car il faut bien reconnaître que le Mosquito Fighter n’est pas vraiment une arme de destruction massive sur le papier.
En tout et pour tout, vous n’avez à votre disposition que le stick pour vous diriger sur toute la surface de l’écran, et un seul et unique bouton de tir. En le martelant comme un frappadingue, on ne déclenche que le tir de base, qui pourra devenir plus puissant à mesure que l’on récoltera les options adéquates. Si on lui laisse le temps de se charger entre deux pressions du bouton, le vaisseau projette une attaque plus puissante et plus large. Enfin, il est possible de maintenir la touche enfoncée. Dans ce cas-là on réalisera une attaque qui non seulement troue le cul à l’adversaire, à supposer qu’un vaisseau dispose d’un anus, mais en plus absorbe les boulettes adverses.
Si les différents protagonistes et tirs ne remplissent pas suffisamment l’écran à votre goût, sachez que tout objet détruit par vos soins laisse derrière lui des pièces d’or. Les ennemis détruits au moyen de l’attaque réfléchissante rapportent assez logiquement plus d’or que ceux abattus grâce au tir de base. Cet or amassé non seulement fait grimper votre score, mais permet surtout de remplir une jauge au doux nom de GHB (dédicace à vous, mesdemoiselles, qui vous réveillez dans le lit du jumeau de Freddy Krueger un lendemain de cuite). Ladite jauge accroissant la puissance de votre tir, il va sans dire que vous ne pouvez vous permettre de faire l’impasse sur la récolte de pognon.
** POURQUOI J’AI MAL AUX YEUX ?
TU VOIS CLAIR POUR LA PREMIÈRE FOIS.**
Pour être tout à fait honnête, la 2D utilisée dans Mars Matrix fait un peu vieillotte sur Dreamcast. Le titre est un portage fidèle du CPS-2, et la différence de puissance entre les deux machines (celle d’origine et celle d’arrivée) saute aux yeux. C’est notamment au niveau des couleurs des tirs que cela se ressent. Ça vous fera une sorte de phénomène de persistance rétinienne lorsque vous arrêterez de jouer, la faute à des teintes un peu trop vives pour les boulettes. Le reste du jeu est tout de même très satisfaisant, les décors et sprites étant très fins et les couleurs de fond beaucoup plus douces.
Étrangement, le jeu souffre encore de ralentissements parfois sévères. Ceci dit rien de franchement étonnant à cela, puisque l’écran est quasiment inondé en permanence de tirs. Concernant la bande-son, peu de choses à signaler. Les thèmes sont assez quelconques mais plutôt enlevés, et accompagnent comme il se doit une aventure à cent à l’heure.
Car le rythme de jeu est vif. Mars Matrix ne vous laisse pas le temps de souffler et se montre assez élitiste, tant par l’agressivité des ennemis que par son système de jeu surprenant.
Quant à la durée de vie, pas de miracle ; les niveaux sont longs et touffus mais il ne sont que six. L’acharné trouvera peut-être son compte dans les deux versions réarrangées également présentes, qui changent grosso modo le positionnement des ennemis, ou dans le mode Score Attack qui, comme son nom le laisse supposer, vous demande d’établir le plus gros score.
Mars Matrix est un bon manic shooter, mais il faut une certaine abnégation pour en venir à bout : il faut à la fois se montrer capable de pardonner quelques limitations techniques, et accepter de souffrir et de recommencer ad nauseam avant d’en voir la fin (fin qui n’en vaut pas la peine d’ailleurs, mais ce n’est qu’un détail).