Qui n’a jamais passé de loooooooooongues soirées, étant enfant, à jouer au Monopoly avec les parents, la grand-mère qui avait du poil au menton, tatie Germaine l’éternelle vieille fille et les cousins au troisième degré venus passer les vacances depuis leur Ardèche natale ? Comment ça, personne ? Y’a que moi ? Non allez, sans déconner ? Bon, quoi qu’il en soit, Capcom vous propose de revivre ces intenses souvenirs de votre innocence perdue, à quatre derrière l’écran du vieux poste cathodique.
NON, JE NE SUIS PAS UN NUMÉRO !
Gaie Master Kessen ! est le deuxième épisode d’une série entamée l’année précédente sur PlayStation, et qui comptera également un dérivé sur Game Boy Color : Gaia Master Kessen ! Card Attack. Aussi surprenant que cela puisse paraître, cette itération Dreamcast (et peut-être les autres aussi, mais n’y ayant pas joué je ne saurais l’affirmer) possède une histoire, que je m’en vais vous conter sur-le-champ.
Tous les cent ans, le gnome divin Gaia Master descend sur Terre. Dès lors l’humanité n’est plus maîtresse de ses actes et, durant toute une journée, c’est la loi des dieux qui prévaut sur celle des hommes. Or, Gaia Master est joueur : il décide que le monde sera un jeu de plateau et que les humains seront des pions. Ah ben je vous ai dit qu’il y avait une histoire, pas qu’elle était cohérente.
POUR METTRE UN HÔTEL RUE DE LA PAIX
Gaia Master Kessen ! Seikiou Densetsu est donc un jeu de plateau. Plus précisément, une sorte de Monopoly se déroulant dans un univers et avec des personnages dérivés plus ou moins de l’heroic fantasy japonaise, comme on en trouve dans la majorité des RPG nippons.
Le titre de Capcom propose deux modes de jeu. Le mode scénarisé vous propose de suivre l’histoire de l’un des huit personnages jouables et de lui faire gagner diverses compétences. Le mode bataille, quant à lui, est une partie simple pouvant se pratiquer jusqu’à quatre. Vous pouvez le pratiquer chacun pour soi ou en équipe, en parties normales ou rapides (durant ces dernières, les joueurs disposent dès le départ de plusieurs cartes de compétences). L’écran principal vous permet également de visualiser les compétences déverrouillées, et d’accéder aux options : options de jeu (angle de caméra, difficulté, vitesse d’affichage, vibrations…), règles de jeu (nombre de tours maximum, argent de départ…), options vis-à-vis de votre argent, réglages sonores, etc.
Une fois que vous vous serez bien pris la tête sur tous ces menus - exclusivement en japonais, pour rappel - vous déciderez à un moment donné de jouer. Ou alors de revendre le jeu, mais pour les besoins de ce test on va faire comme si vous n’aviez qu’un seul choix possible. Le but du jeu est d’avoir le plus de pognon en fin de partie. Pour ce faire, vous allez bâtir des résidences et faire payer vos adversaires. Contrairement au Monopoly, il faudra aussi en passer par quelques combats, à l’aide de cartes.
Vous vous déplacez en lançant deux dés, et en bougeant d’un nombre de cases égal au total des dés. Cependant, avant de bouger, vous pouvez utiliser une ou plusieurs (autant que vous voulez) des cartes d’évènements que vous possédez. Ces cartes peuvent vous envoyer ailleurs sur le plateau, vous protéger de certains effets néfastes, ou encore changer les propriétés de certaines cases. Qui dit cartes dit effets. Ainsi, votre tour de jeu est terminé une fois que vous vous êtes déplacé et que tous les effets des cartes sont résolus.
Concrètement, le plateau de jeu est divisé en cases. Les cases de base sont celles de propriété, regroupées par zones de deux à quatre cases. Le premier joueur qui tombe sur une case propriété peut l’acheter. Ainsi, le suivant à tomber dessus devra lui payer un loyer. Si vous possédez deux propriétés d’une même zone, le loyer est doublé ; si vous en possédez quatre, il est quadruplé. En outre, vous pouvez construire une baraque sur la case, ce qui augmentera encore le prix à payer.
En plus des cases de propriété, il y a d’autres cases. À chaque fois que vous passerez sur la case de départ, vous toucherez un salaire (ah, si seulement ça pouvait être aussi simple…). Les cases combats vous permettent de déclencher une bataille avec l’un de vos opposants. Les cases évènements vous font gagner une carte éponyme. Les cases tavernes vous permettent de gagner des cartes de combat en participant à un mini-jeu, sur lequel nous allons revenir. Les cases intersections vous font suivre le sens de déplacement de la flèche (vous pouvez changer le sens qu’indique la case si vous tombez dessus ou si vous utilisez la carte d’évènement idoine). Les cases d’intersections fluctuantes suivent le même principe, mais changent d’orientation une fois que tous les joueurs sont passés dessus. Les cases taxes vous contraignent à payer une certaine somme, qui sera cumulée sur la case trésor. Si vous tombez sur cette dernière, vous empochez le magot. Enfin, les cases téléportation vous envoient ailleurs sur le plateau.
Comme nous l’avons vu, Gaia Master Kessen ! Seikiou Densetsu est un peu plus évolué que le Monopoly traditionnel. Un peu plus dans le détail, maintenant. Le mini-jeu de la taverne consiste simplement à deviner si le prochain lancer de dés sera supérieur ou inférieur au précédent. Les résidences peuvent avoir diverses propriétés : vous obtiendrez différents bonus en passant dessus (des cartes de combat, une restauration de vos points de vie, un combat…). Les affrontements, ensuite, se déroulent à l’aide de cartes de combat tirées de votre deck et suivent des règles strictes : vous n’avez pas le droit d’utiliser plus d’une carte d’objet et une carte d’attaque à la fois, l’emplacement où se déroule le combat influe sur les points de vie du défenseur (le gars qui s’est fait attaquer), et encore d’autres que j’oublie probablement.
Un mot, enfin, sur les différents modes de jeu évoqués au début. Si vous jouez en équipe, sachez que les terrains sont cumulés pour toute l’équipe (si vous possédez deux terrains d’une zone et votre équipier les deux autres, alors votre équipe possède toute la zone). Deux équipiers ne peuvent pas se défier en combat. Tomber sur le terrain d’un équipier ne vous fera rien. Et enfin, les deux équipiers partagent le même score : s’il arrive à zéro, l’équipe a perdu.
ALEA JACTA EST
Lorsque l’orfèvre du jeu vidéo (Capcom) décide de dépoussiérer le plus connu des jeux de société (le Monopoly), cela donne Gaia Master Kessen ! Seikiou Densetsu. Et c’est plutôt une bonne nouvelle.
Avec son ambiance medfan colorée et son visuel en trois dimensions plutôt accrocheur, Gaia Master est déjà nettement moins austère que le bon vieux plateau de jeu. En outre, les quelques nouvelles règles qu’il implémente sont assez agréables à jouer, et permettent de renouveler quelque peu l’expérience de jeu.
Reste que Gaia Master Kessen ! Seikiou Densetsu n’est pas non plus exempt de défauts. Tout d’abord, le jeu est intégralement en japonais, même si à vrai dire on arrive à peu près à s’en sortir en y allant au flan. Par contre, la partie combat à coups de cartes est assez pénible. Pas que le jeu soit très compliqué, puisqu’il est encore moins pointilleux qu’un Deus (pour ceux qui n’ont pas connu ce mirifique JCC, je le qualifierai de sous-Magic light du pauvre) allégé. L’ennui c’est que l’on a souvent l’impression que le CPU « triche » et défavorise le joueur lors des parties solo. Un sentiment qui se reproduit lors du lancement des dés, rarement convaincant. Mais qui s’oublie aussi très vite lors des parties multi, puisque chaque joueur est logé à la même enseigne.