Développé par Treyarch, édité par Crave Entertainment et connu en Europe sous le titre de « Dragon’s Blood ».
Lorsque l’on se penche sur le cursus de Crave Entertainment, il n’en ressort que quelques titres au mieux sympathiques et au pire, oubliables. Quant à Treyarch, sorti de Call of Duty il ne reste plus grand-chose de potable. Quid de Draconus ? Eh bien voici une question qui mérite d’être posée, puisqu’en face de ce hack ‘n slash des plus discrets se profilait sur le même support un certain Gauntlet Legends, héritier d’une dynastie sacrément évocatrice. Les dés étaient-ils donc pipés dès le départ ? Pas si sûr.
LE SEIGNEUR DES ANNEAUX PEUT ALLER SE RHABILLER
Il y a de nombreuses années, une catastrophe appelée Backlash plongea le monde dans le plus grand chaos. Depuis lors, des créatures infâmes parcourent les terres à la recherche de puissants artefacts qu’elles comptent remettre à leur chef, le puissant shaman Rakka. Parallèlement à cela, une race de puissantes créatures nommées Draconus a fait son apparition et sème la terreur partout où elle passe. Vous, vous incarnerez au choix le puissant guerrier Cynric ou la belle sorcière Aeowin, chargés par les Elfes de récupérer les objets recherchés par Rakka et de mettre un terme aux plans diaboliques du sorcier, en unissant sous votre bannière l’ensemble des races de la planète. Une sorte de mission de routine, quoi.
DIABLO PEUT ALLER SE REFAIRE UNE BEAUTÉ
Draconus : Cult of the Wyrm est un hack ‘n slash, un de ces jeux d’action vaguement saupoudrés d’éléments de RPG que l’on rencontre plus volontiers sur PC que sur consoles. Il vous demandera de traverser quinze contrées afin d’y remplir divers objectifs. Les décors sont assez variés, et l’enchaînement n’est d’ailleurs pas spécialement logique puisque l’on passe d’une forêt à une forteresse, d’un lac à un cimetière ou encore d’une tour à un nid de bestioles flippantes, par le biais d’un très anachronique téléporteur.
Chacun des niveaux se présente sous la forme d’une vaste région complètement enclavée, où il sera nécessaire de remplir une ou plusieurs missions. Cela peut être tout simplement d’éliminer le gros monstre local, mais aussi de délivrer un prisonnier, de placer tel artefact à tel endroit, de rapporter une clef à un gardien ou encore de saboter l’installation de vos ennemis. Et des ennemis, vous en aurez une palanquée puisqu’en dehors des Elfes, tout ce que vous croiserez se liguera contre vous. C’est d’ailleurs un très bon point puisque ce jeu nous permet enfin de massacrer ces saloperies de Nains à la con, nous prouvant une bonne fois pour toutes que ces crétins sont aussi méchants que bêtes, là où la plupart des jeux de rôles les décrivent comment bourrus mais héroïques. Raclures, va ! Et en plus ça colle sous la semelle.
Enfin bref. Chacun des héros a sa spécificité. Idéal pour débuter, Cynric s’avère être le tank de service, brutal, imperméable aux coups adverses mais bon à rien dès qu’il s’agit de se montrer un minimum civilisé. Aeowin, au contraire, est un peu faible au départ mais elle maîtrise cet art subtil qu’est la magie et, surtout, a accès aux sorts de soin qui vous permettront de venir à bout des derniers niveaux sans y perdre votre santé mentale. Tous deux se jouent néanmoins de la même manière : vous avez un bouton d’attaque, un bouton de garde, un bouton de saut et un bouton pour utiliser l’objet (en général une clé ou une potion de soin) ou le sort sélectionné. À la différence de nombreux autres hack ‘n slash, il n’est pas question ici de parer toutes les attaques adverses (en restant appuyé sur la touche de garde) avant de porter un contre, puisqu’une fois un coup bloqué, votre avatar baisse sa garde. Les combats sont donc portés sur la mobilité et l’esprit d’initiative.
En fin de niveau, vous arrivez devant un écran vous permettant d’améliorer les capacités de votre avatar. Le nombre de points qui vous sont alloués est fixe, quel que soit le nombre d’ennemis tués ; charge à vous de les répartir entre vos statistiques d’attaque et défense et vos aptitudes à la magie. Cependant, vous pourrez malgré tout obtenir quelques points bonus.
Pour ce faire, vous devrez trouver ce que le jeu appelle des « Blessings » et que moi, j’appelle des fées. Il en existe de deux sortes, rigoureusement identiques à l’écran : les fées de soin, qui restaurent votre jauge de santé puis se barrent, et les fées de puissance, qui sont donc celles qui vous filent des points bonus. En dehors de ces fées, et des objets de quête bien entendu, vous trouverez uniquement des fioles de soin, de forme rectangulaire. Draconus est en effet assez avare en bonus. De même, vous ne pouvez sauvegarder qu’en fin de niveau. Heureusement, il vous sera possible de poser un checkpoint à n’importe quel moment, afin de ressusciter pile poil à cet endroit là en cas de mort fâcheuse et non désirée (j’aime les lapalissades). Autre aide précieuse : à tout moment vous pouvez visualiser la carte de la région. Cela vous permettra de situer le prochain point de chute de votre mission (en rouge) et les objectifs déjà atteints (en vert).
GAUNTLET LEGENDS PEUT ALLER SE VENDRE AILLEURS
Ce n’est un secret pour personne, les jeux de rôles baignant dans un univers médiéval-fantastique sont généralement tirés de l’œuvre de Tolkien. Draconus s’inspirant de ces jeux de rôles, on ne peut pas vraiment dire qu’il propose un scénario particulièrement novateur. Cependant son ambiance rappelle un peu Dragonlance et, de ce fait, pourra sans doute plaire aux rôlistes de tous poils (et Dieu sait s’ils en ont, des poils, ces énergumènes-là).
À côté de cela, le titre de Treyarch est franchement beau. La 3D est certes d’époque mais les environnements traversés sont globalement agréables à parcourir, même si certains paraissent un peu vides (le cimetière des trolls) ou pas assez texturés (le sanctuaire d’X’calith), ce qui revient finalement au même. Ajoutons que l’animation est plutôt fluide, au prix de quelques bugs graphiques par moments, et que les divers effets visuels ont la gouache, en témoigne l’impressionnant sort de bouclier. Cerise sur le gâteau d’une réalisation réussie, l’atmosphère sonore est particulièrement convaincante.
Mais c’est avant tout la manette entre les mains que l’on a le plus de chances de succomber aux charmes de Draconus. Certes, le principe de massacre en règle propre à tous les hack ‘n slash pourrait se montrer rébarbatif, mais il n’en est rien, grâce à des combats souvent techniques et en tous cas jamais semblables les uns aux autres. La difficulté de certaines joutes est d’ailleurs importante, mais généralement les ennemis abattus ne réapparaissent dans la zone que lorsqu’un nouvel objectif est débloqué, simplifiant quelque peu une tâche rendue ardue par la rareté des objets de soin. En un mot comme en cent, Draconus n’est ni simpliste, ni rédhibitoire. Par contre il est assez long, puisqu’il faut compter en moyenne une petite heure pour boucler chaque carte, un score plus que raisonnable lorsque l’on parle d’un jeu de ce type sur console.
Et puis d’ailleurs, le plus gros atout de Draconus, c’est probablement que ce genre de jeux est justement assez rare sur consoles. Alors quand on en tient un, et qui plus est lorsqu’il est réussi, il serait dommage de ne pas lui consacrer un peu de son temps, n’est-ce pas ?