Si Taito ne va pas fort en ce moment, au milieu des années 90 l’entreprise était florissante. Cleopatra Fortune date de cette époque, bien que cette version Dreamcast soit en réalité un portage de « Cleopatra Fortune Plus », une version remaniée sortie à l’origine sur NAOMI (le système d’arcade jumeau de la Dreamcast) en 2001. Ce n’est certes pas le jeu le plus connu de la firme, mais laissez-moi vous dire qu’il en vaut le coup pour les amateurs du genre. Et puis quel nez !
ANTIQUE, MAIS PAS EN TOC
Cleopatra Fortune ne dispose absolument d’aucun scénario. Tout juste puis-je vous dire que le jeu met en scène Cléopâtre, celle-là même dont le nez, s’il eût été plus court, aurait changé la face du monde. Ceci dit il s’agit plutôt de la petite sœur de la reine d’Égypte, puisque cette Cléopâtre-là, plus ou moins mascotte de la firme à l’époque (enfin bon, la véritable mascotte c’est plutôt Bub de Bubble Bobble), est haute comme trois couilles à genoux. Quoi qu’il en soit, il s’agit bel et bien d’une reine (ou en tous cas d’une fille), puisque seuls les trésors l’intéressent.
JE NE VOUS JETTE PAS LA PIERRE, PIERRE
Cleopatra Fortune est un puzzle game de type Tetris-like… Oui ? Qui est là ? Monsieur Toubon, vous voulez vous exprimer sur la question ? Que je quoi ? Que je go me faire fuck dans le asshole ? Je ne comprends pas, désolé. Très bien, je récapitule pour vous, monsieur Toubon. Il s’agit d’un jeu de réflexion semblable au vénérable Tetris.
Concrètement, des blocs de pierre tombent constamment du plafond, charge à vous de les empiler de telle manière à ce qu’ils s’imbriquent horizontalement en formant des lignes, qui disparaîtront de fait de l’écran. Pour ce faire, vous disposez de la croix pour diriger les pièces vers la droite ou la gauche, et d’un bouton pour les faire tourner dans le sens des aiguilles d’une montre. Oui, clockwise, monsieur Toubon.
Tant qu’il y a un espace vide dans une ligne horizontale, cette dernière ne disparaît pas. Or l’ennui, c’est que les pièces ne sont pas régulières : elle peuvent avoir des formes carrées, rectangulaires ou même en L. Enfin bon, je ne vous apprends rien puisqu’il s’agit du principe de Tetris. Cependant, la particularité de Cleopatra Fortune, c’est que les pièces ne sont pas formées que de pierres. Elles peuvent aussi comprendre des trésors. Mettons qu’une pièce soit constituée de quatre blocs, et bien l’un d’entre eux (ou deux, ou trois, voire les quatre) peut se présenter sous forme de joyau ou de statuette.
Le truc, c’est que ces trésors ne disparaissent pas de la même manière que les blocs de pierre. Pour les supprimer, il va falloir les enfermer : il faut qu’ils soient entièrement recouverts de pierre. Dans ce cas-là ils disparaissent de l’écran et les blocs de pierre restants, s’ils le peuvent, s’écroulent puisque plus rien ne les en empêche. On peut ainsi réaliser de chouettes combos et renverser complètement une situation critique. Allez, pour tout vous dire, il est aussi possible de supprimer les trésors en les alignant horizontalement, mais avouez que c’est moins drôle.
À ceci s’ajoutent quelques pièces spéciales, comme la pyramide d’or (qui apparaît au bout de quelques niveaux) qui fait disparaître tous les blocs du même type que celui qu’elle touche. Enfin, Cleopatra Fortune propose plusieurs modes de jeu : outre le mode classique, sans fin, il propose aussi un mode Versus pour que deux joueurs se tirent la bourre, et un mode Puzzle (ne criez pas, monsieur Toubon) qui vous demande, en un certain nombre de coups et avec un nombre de pièces prédéfini, de réaliser différents objectifs : détruire tous les trésors, réaliser un combo, etc.
DU HAUT DE CES PYRAMIDES…
…un bon petit jeu vous contemple. Cleopatra Fortune est certes un Tetris-like de plus, mais il n’en a pas moins un certain charme. Tout d’abord, les graphismes sont plutôt fins et les décors, que l’on voit sur les côtés et en transparence derrière les pièces, ressemblent presque à une carte postale. Ils changent pratiquement à chaque niveau (les niveaux s’enchaînent sans que l’on n’y prenne garde, à ma première partie j’étais arrivé au niveau 22 en moins de dix minutes) et font contraste, de par leur aspect réaliste, avec le design cartoon de l’héroïne et des pièces. Oui cartoon, quand bien même un bloc de pierre cartoon ressemble étrangement à un bloc de pierre normal.
Le rythme de jeu est vif à souhait, comme dans n’importe quel jeu du même type, et la bande-son, bien que pas vraiment d’époque - en même temps qu’est-ce qu’ils écoutaient à l’époque, hein ? - parachève une réalisation globalement sympathique.
En ce qui concerne le principe de jeu, Cleopatra Fortune se situe à mi-chemin entre Tetris, pour ses lignes de blocs, et Puyo-Puyo, pour ses enchaînements. Avec tout de même une petite originalité en ce qui concerne le système « d’emmurement » des trésors. Cela ne suffit pas à renouveler le genre, mais au moins cela permet de démarquer un tant soit peu le titre de Taito.
Un titre qui sera à réserver en priorité aux férus du genre, puisque comme ses confrères, Cleopatra Fortune est rapidement ardu et quasiment immortel. Moi ça me gonfle assez vite, mais je peux supposer que certains parmi vous y trouveront leur compte. Quoi ? Ouais, ben ta mother la bitch toi-même, m’sieur Toubon.