Capcom vs. SNK : Millenium Fight 2000 est un jeu vidéo DreamCast publié par Capcomen 2000 .

  • 2000
  • Beat them up

Test du jeu vidéo Capcom vs. SNK : Millenium Fight 2000

4/5 — Exceptionnel ! par

Des jeux SEGA sur consoles Nintendo, la fusion-acquisition de Squaresoft et Enix, Capcom vs. SNK… La fin des années 90 et le début des années 2000 ont vu naître trois évènements vidéoludiques que l’on aurait difficilement pu imaginer ne serait-ce que cinq ans auparavant. À vrai dire, Capcom vs. SNK : Millenium Fight 2000 n’est pas la première rencontre entre les deux géants du jeu de combat, puisqu’un SNK vs. Capcom : The Match of the Millenium avait déjà été produit par Dimps sur Neo-Geo Pocket un an plus tôt. Mais ce deuxième volet, cette fois-ci produit par Capcom, est le premier à atterrir en salles d’arcades.

CHARITÉ BIEN ORDONNÉE

En l’an 2000, un grand tournoi d’arts martiaux est organisé par les deux principales firmes mondiales du genre : la Garcia Financial Clique et la Masters Foundation. Présenté comme une œuvre caritative, le Tournoi du Millénaire est censé apaiser les tensions grandissantes entre les deux mastodontes. Loin de ces petits arrangements entre amis, de nombreux combattants du monde entier sont venus s’inscrire, afin d’obtenir la couronne ultime.

C’est avec cette amusante mise en abîme que débute la plus grande rencontre entre les principaux personnages de Capcom (Street Fighter, Darkstalkers…) et SNK (Fatal Fury, Samurai Shodown, Art of Fighting…).

PAS PLUS, PAS MOINS

Capcom vs. SNK : Millenium Fight 2000 est un beat them up en deux dimensions qui propose plusieurs modes de jeu distincts : l’Arcade vous promet un mode solo fidèle à la version d’origine, le Pair Match est une variante où l’on ne peut prendre que des équipes de deux combattants, le VS. autorise deux joueurs à se défier et le Training permet, comme on s’en doute, de s’entraîner. En outre, vous pourrez enregistrer et visualiser vos plus belles parties (Game Replay Mode), changer la couleur des vêtements de tous les personnages (Color Edit Mode), débloquer de nouvelles couleurs, de nouveaux stages ou des personnages secrets, visualiser les secrets débloqués ou encore récupérer les points gagnés sur Neo-Geo Pocket - car pour rappel, les deux consoles peuvent être liées au moyen d’un câble spécifique, comme un Game Boy Advance et une Game Cube - (Secret Mode), régler diverses options (difficulté, temps, vitesse, son, affichage, configuration des manettes…) et, enfin, sauvegarder vos données.

Ensuite, ce sont en tout et pour tout vingt-huit combattants qui s’offrent à vous, quatorze pour chacun des camps. À ceux-là s’ajoutent cinq boss et personnages secrets : Morrigan la succube de Darkstalkers, Nakoruru la fauconnière de Samurai Shodown, Evil Ryu et Riot Iori (respectivement versions Orangina Rouge de Ryu et de Iori Yagami), et l’indécrottable Akuma. Vous devez constituer une équipe qui peut comprendre de un à quatre combattants. En effet, chacun des personnages possède un ratio allant de un à quatre : par exemple, Dhalsim et Vice, on s’en doute, ne valent qu’un point, alors que Sagat ou Rugal en valent trois. Si vous prenez Sagat dans votre équipe, vous ne pourrez prendre qu’un personnage à un point avec lui. Mais vous pouvez aussi vous constituer une équipe de quatre personnages à un point : Dhalsim, King, Vice et Sakura, v’là l’équipe de tueurs ! Ou au contraire, vous pouvez préférer un personnage à quatre points (Akuma, Evil Ryu ou Riot Iori), mais quoi qu’il en soit vous ne pouvez pas dépasser quatre points au total.

Enfin, il vous reste à choisir votre Groove. Il s’agit de la manière dont se remplit votre jauge de Special, située en bas d’écran. Le SNK Groove s’apparente à l’Extra Mode des premiers King of Fighters, à savoir que lorsque vous avez rempli votre jauge de Special (à force de latter les gencives de l’adversaire), vous entrez en MAX Mode et vous pouvez déclencher vos Super Specials durant tout le temps de la décharge (rien de sequesuel). Le Capcom Groove, pour sa part, est la copie conforme du Super Combo des Street Fighter Alpha : vous pouvez charger votre jauge sur trois niveaux et consommer ensuite un, deux ou trois niveaux à la fois, selon la puissance de vos attaques spéciales. Notez que le Groove est indépendant des personnages choisis : vous pouvez très bien prendre un personnage Capcom avec un SNK Groove, et vice et Versailles.

Pour la suite des évènements, on est dans du on ne peut plus classique. Capcom vs. SNK : Millenium Fight 2000 se joue à quatre boutons, à la SNK. Vous avez deux boutons de coups de poing (faible et fort) et deux de coups de pied, et démerdez-vous avec ça pour réaliser vos enchaînements, coups spéciaux et projections. Chaque personnage vaincu est définitivement éliminé, et vous gagnez le match dès que vous avez défait tous les membres de l’équipe adverse.

L’ÉVÈNEMENT DU MILLÉNAIRE

L’annonce de Capcom vs. SNK : Millenium Fight 2000 fit, à l’époque, l’effet d’un petit raz-de-marée dans la communauté fermée du beat ‘em up. Imaginer les plus grands noms des deux sociétés ennemies se foutre sur la gueule, c’était un peu comme déterminer enfin qui de Superman ou de Hulk était le plus fort. Beaucoup ont cru à l’époque à un fake, et même parmi ceux qui y croyaient, nombreux étaient ceux à craindre une vaste pantalonnade indigne des deux géants. Bref, CVS ne partait pas sous les meilleurs auspices, mais force est de constater que Capcom savait très bien ce qu’il faisait.

Le jeu est diablement beau. Les décors sont d’une finesse incomparable, et l’on ne ressent pas ce désagréable effet d’incrustation comme dans un Capcom Fighting Jam par exemple, parce que les sprites des personnages s’affichent en « haute résolution » (pour l’époque). Les animations sont fidèles aux jeux d’origine, le joueur régulier ne sera pas perdu dans les timings qui sont les mêmes que dans un Street ou un KOF. Et pour couronner le tout, les thèmes musicaux, connus mais réarrangés pour l’occasion, collent bien à l’action. Pour l’anecdote, il paraîtrait qu’une chanson destinée à une pub pour une bière brésilienne se cache dans le thème du menu d’options.

Manette en mains, le constat est tout aussi probant. Certes, Capcom vs. SNK : Millenium Fight 2000 fait dans la surenchère de coups spéciaux et de personnages pas toujours très utiles, mais l’équilibre a été trouvé et joueurs néophytes comme praticiens acharnés devraient y trouver leur compte. Surtout, les deux écoles sont bien représentées grâce à leurs Grooves respectifs, et le système de ratio est bienvenu pour que chaque personnage ait ses chances. La durée de vie est également gigantesque, avec un grand nombre de personnages permettant des soirées multi sans fin.

Capcom vs. SNK : Millenium Fight 2000 s’avère donc être le beat-pour-tous (agréable aussi bien pour les noobs que pour les durs de durs) le plus intéressant sur Dreamcast, bien plus en tout cas que Marvel vs. Capcom 2 et son système bourrin. Notez qu’une version plus aboutie, nommée Capcom vs. SNK : Millenium Fight 2000 Pro, est sortie l’année suivante. Elle propose deux low tiers supplémentaires (Dan Hibiki pour Capcom et Joe Higashi pour SNK) ainsi qu’un meilleur équilibrage des coups et de nouveaux modes de jeu.

Capcom vs. SNK : Millenium Fight 2000