A moins d’avoir passé les 6 derniers mois dans Dieu sait quel trou non raccordé à Internet, tout amateur de jeux Sega a probablement entendu parler de Beast of Rage. Pour les autres, rappelons qu’il s’agit d’un des plus impressionnants jeux amateurs disponibles. Développé à la base sur PC (en version DOS), Beast of Rage fut porté sur de nombreuses plates-formes, entre autres Dreamcast, PS2, Xbox, GP32, Windows, ou encore MacOs, grâce à la magie de l’OpenSource. Parmi toutes ces versions, le portage Dreamcast est certainement le plus réussi et le plus facile d’utilisation. C’est donc celui-là que nous allons découvrir.
A l’origine de ce projet, on retrouve trois nostalgiques de la glorieuse époque des consoles 16-bits, connus sous les pseudos de Opla, Leila et Albatross. Constatant avec dépit que Sega ne sortira probablement jamais la suite tant attendue de Street of Rage, leur jeu fétiche, ils décidèrent de la faire eux-mêmes. Plutôt que de se lancer dans l’aventure fort risquée que représente la création d’un jeu de toutes pièces, la joyeuse bande a préféré utiliser des sprites issus de Kings of Fighters. On retrouve donc comme héros Kula, Max et Mandy, ainsi que de nombreux autres personnages de la mythique saga de SNK en tant qu’ennemis. Les décors sont par contre entièrement « faits maison », bien que très inspirés par le fameux beat them all de Sega. On retrouve ainsi le niveau du bistrot, du pont avec ses trous mortels ou encore l’ascenseur vers le dernier niveau.
Techniquement, ce jeu est une totale réussite, qui n’a absolument rien à envier à la production Neo-Geo ou CPS2. Le travail de création de la plupart des personnages ainsi que de leurs animations étant celui de SNK, nous ne nous attarderons pas sur ce point-là.
Le gameplay est calqué quasiment à l’identique sur celui de Streets of Rage 2 sur Mega Drive, la disposition des barres de vie des joueurs et des ennemis, les bonus, les vagues d’ennemis, tout est fort bien repris. Rien à reprocher non plus en ce qui concerne la gestion des collisions, absolument sans défauts.
Ici, point de mouvements complexes comme dans KOF, la maniabilité est on ne peut plus intuitive. Les personnages réagissent bien et les enchaînements sont faciles à sortir. Le seul reproche que l’on pourrait formuler va au relativement faible nombre de coups disponibles. Où sont passées les prises à 2 joueurs ou les diverses projections de Streets of Rage ?
Chacun des 3 personnages possède évidement des caractéristiques propres.
Kula est un personnage rapide, capable d’enchaîner rapidement les coups et de frapper à moyenne distance.
Max est un gros bourrin, très lent, mais capable de tuer un ennemi de base en quelques coups et de frapper très loin et fort.
Quant à Mandy, elle fait figure de cinquième roue du carrosse, ni rapide, ni vraiment forte.
Dans l’immense majorité des cas, Kula est le meilleur choix, sa rapidité étant un avantage décisif lorsque l’écran est envahi par plus d’une dizaine d’adversaires.
Musicalement, le résultat est assez mitigé. Nous avons affaire à de la techno bien bourrine, collant certes bien à l’ambiance mais qui s’avère très répétitive. Ce n’est malgré tout pas suffisant pour constituer un point noir, certaines productions commerciales faisant bien pire dans ce domaine.
Niveau durée de vie, bien que le jeu ne propose que 5 stages il est loin d’être facile, surtout en mode normal ou hard. Après avoir terminé le jeu, plusieurs bonus deviennent disponibles, rajoutant un intérêt supplémentaire.
Pour ceux qui auraient terminé le jeu ou qui n’aiment pas le style KOF, il existe une large variété de mods reprenant le moteur de BOR mais avec un univers complètement différent. On peut citer notamment Village of the Rage (reprenant l’univers Sengoku et Samurai Shodown), Ghouls ‘n Ghosts Returns, Xmen ou encore Gundam Outbreak.
En conclusion, Beast of Rage est le plus impressionnant jeu homebrew auquel j’ai joué. S’il n’y avait pas toutes ces références à d’autres jeux, on pourrait aisément croire qu’il s’agisse d’un jeu commercial. Les puristes de King of Fighters vont probablement hurler en voyant cette utilisation de personnages de la série dans un beat them all, ou fustiger la reprise quasiment à l’identique de Streets of Rage, mais les autres profiteront d’un beat them all à la réalisation quasi professionnelle, comme on n’en fait presque plus.
P.S. : certains escrocs n’hésitent pas à vendre des CD de ce jeu avec une cover personnalisée, parfois pour plus cher qu’un jeu commercial. Sachez que Beast of Rage est entièrement gratuit, disponible uniquement sous forme d’iso sur de nombreux sites Internet;, et que les auteurs condamnent fermement la vente de ce jeu.