« Bakuretsu Muteki Bangaioh », me susurra une voix lorsque je me demandais si je n’étais pas en train d’oublier un titre génial, parfait représentant du genre rétro. « J’ai rien compris » lui répondis-je. Mais ne faisant pas attention à cette voix, je commençai mes recherches. Un œil rivé sur Treasure, un autre sur la DreamCast, une jonction se fit sur un jeu bien connu : Ikaruga. Mais juste en dessous, sans faire attention, il y avait Bangai-o, tout petit, planqué sous l’énorme renommée de son frère. « Ha, mais ça ne se passera pas comme ça ! ». Bangai-o a aussi droit à sa part du gâteau, et on l’oublie un peu trop. Silhouette Mirage, un proche cousin qui a connu le même sort sur Saturn face à Radiant Silvergun, lui donna quelques conseils : « Sois bon, mon petit, fais rire le joueur avec des bonnes blagues… » Et puis c’est tout, en fait ! Guère causant, le vieux au nom bizarre. Mais il savait qu’il pouvait reposer en paix, qu’un illustre successeur allait le venger. Son nom : Bangai-o… de poêle.
« Allez hop, BANGA, paré pour l’aventure, YO ! »
Dame Nation et ventre seins gris seront les deux prothèses maternelles de Bangai-o. Ou quelque chose comme ça. Il faut dire que lorsqu’on incarne un jeune garçon, Gavroche, et sa sœur Jade, qui vont devoir sauver le monde face aux vilains du gang des cosmiques SF, on ne va pas chercher à faire dans la demi-mesure. On sort carrément LE robot de la mort qui tue, celui qu’on ne sort que pour les grandes occasions et pour la parade annuelle des robot cosplay. Certes, Bangai-o ne veut rien dire, mais ça ne l’empêchera pas d’être un robot des plus efficace. C’est bien simple, on se dirige avec la croix, on tire avec les boutons A, B, X et Y dans la direction qui leur est donnée, on change de tir avec la gâchette gauche et on enclenche l’arme secrète avec la gâchette droite. Allez (de platane), ça a l’air simple, je me lance. SCHHliiiooouuurpp ! Horreur ! Me voilà aspiré dans un monde en 2D ! Je me doutais bien qu’il y avait un piège ! Où est mon « Next gen with special graphic effect in epic full digital motion environment, high impressive 3D motion arena with artificial spectacular engine, and immersive controller for massive damage effect, presented by Pixar and the service of marketing » ? Je vous le demande ! Ha, si j’avais su, je me serais méfié de cette console. Elle est tout petite, c’est qu’elle ne doit pas être puissante ! Oui, ça doit être ça la raison. Sinon, comment se fait-il qu’elle ose me mettre sous les yeux ce que certains appellent « de la 2D » ? Ha, je reconnais bien les petits carrés autour des personnages, comme dans un jeu vidéo normal, je vais peut-être m’y retrouver ?
N’ayez crainte, Monsieur Navet est à l’intérieur de la télé et s’est arrêté de taper sur l’écran en hurlant : « Laissez moi sortir » ! Vu que Bangai-o ne se joue qu’à un (et Abel), je ne risque pas d’être projeté à mon tour à l’intérieur du jeu. Je vais donc en profiter pour vous expliquer comment marche le jeu. Vous, vous êtes le petit robot au centre de l’écran. Avec la croix directionnelle, vous allez voler un peu partout dans le niveau ; vous pourrez même aller plus vite en appuyant deux fois très vite sur la même direction, tandis que vous tirerez avec les boutons de la manette. Vous détruirez alors voitures, immeubles, poteaux électriques, maisons, arbres… « Whaou, trop gore ! Je suis SURPUISSAAAAAANNNTTT !» « Silence, monsieur Navet ! ». Chaque élément détruit libère un fruit. Oui, un fruit, c’est le gang cosmique SF qui les cache ainsi (sauteuse). Plus vous en ramasserez, plus vous aurez des points bonus. Ça, c’était le truc simple à connaître (et avoir). Après, ça se complique. Des ennemis vont bien sûr parsemer les niveaux. Les ennemis de base, des robots comme vous, sortent d’un téléporteur que l’on retrouvera souvent. Explosez-les ainsi que leurs téléporteurs, si vous ne voulez pas être gêné (pi). Mais il y aura aussi des tourelles, qui grossissent jusqu’à l’éclatement, ainsi que des petits vaisseaux ou des canons. Mais surtout, il y a le boss. C’est lui qui vous permettra de finir le niveau. Attention, ça ne veut pas dire qu’il faut forcément avoir parcouru tout le niveau pour le trouver. Il peut en effet se trouver en plein milieu du niveau (vache, cochon et couvent). Vu comme ça, on pourrait presque penser à un Cybernoid ou à un shoot pédestre spatial vu de côté. Mais Bangai-o n’est pas ça. Vous n’êtes pas sans savoir que Treasure est réputé pour nous faire des jeux avec un level design aux petits oignons. Et Bangai-o n’échappe pas à cette règle d’or. Vous serez bien vite bloqués face à un problème. Des façades du niveau peuvent tomber et bloquer un passage, ce qui nécessite de la réflexion, de la vitesse et, des fois, de recommencer le niveau. Bah oui c’est comme ça, que veux-tu qu’j’y fasse ? Je réitère ces propos, car il aurait été plus exact de dire : « Voici bien un élément du sujet concerné qui m’indispose fortement ». Il faudra parfois compter sur la différence des tirs dont vous disposez (poil au nez). Ce n’est pas compliqué, il n’y en a que deux, qui sont attribués aux deux héros de l’histoire. Le tir de Gavroche se résume à des missiles téléguidés, tandis que ceux de Jade sont des petits lasers qui rebondissent contre les parois (de France). Lorsque vous êtes entourés par les tirs ennemis, c’est le moment idéal pour lancer votre attaque spéciale. Oui, le gros bouton rouge avec un « DANGER » marqué juste au-dessus. Plus il y aura de tirs qui vous entourent plus l’attaque spéciale, qui consiste en une salve de missiles, sera énorme. Voici de quoi encourager la prise de risque. Bangai-o est un shoot de plus sur DreamCast, certes, mais particulièrement original dans son concept, si bien qu’il tire lui aussi son épingle du jeu (tu, il).
Mais je vais tout de même faire un peu mon aigri (poil au… hi hi). Certes, Bangai-o était sorti initialement sur N64, qui était de puissance bien inférieure. Mais que ça n’empêche pas la DreamCast d’être un peu mieux exploitée que cela ! De la 2D, oui, mais un coup d’affinage n’aurait pas été du luxe ! Le jeu pixellise un peu et, globalement, fait pitié face aux ténors du monde de la 2D. Steel Saviour, Street Figther Third Strike et autre Guilty Gear feront passer sans peine Bangai-o pour un jeu sur Saturn. Effectivement, il y a beaucoup de sprites à l’écran et d’explosions, mais ça reste une excuse assez maigre, tout juste bonne pour la N64. Mais les graphismes sont loin de faire tout, et je me permets une petite pique à Treasure. Eux qui nous ont montré tout leur savoir-faire dans les boss de Radiant Silvergun, voilà qu’ils nous comblent dans Bangai-o avec des boss… la plupart du temps inertes ! Nous sommes face au boss, on le bombarde, et il ne réagit même pas ! En fait, il faut comprendre par là que ces fameux boss qui ne réagissent pas sont comme l’interrupteur de fin de niveau dans Doom : un truc pour nous demander « Voulez-vous finir ce niveau ? ». Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit (hyrambique), ce ne sont pas tous les boss qui sont comme ça. Il y en a bien qui font office de véritables boss, avec des attaques, des points faibles et tout. M’enfin, pourquoi le prendre sur DreamCast plutôt que sur N64 ? À cela, je vous donne trois réponses : et d’une, Bangai-o était réservé au marché nippon sur N64 ; de deux, le jeu sur DreamCast a tout de même subi un lifting, bien que trop faible ; et de trois, le jeu a été traduit en anglais, en allemand et en français pour l’occasion (dulation). Quel intérêt dans un shoot que d’avoir le jeu en français ? On s’en fout du scénario (poil au dos). Et là, paf, c’est là que je vous sors l’élément du jeu qui en fera un hit impérissable.
Bangai-o est un gros délire scénaristique, probablement engendré dans une soirée bien alcoolisée. Le saké coulait à flot et les développeurs blablataient des mots incompréhensibles, étouffés par leurs rires nerveux. Imaginez un peu : vous incarnez Gavroche qui, suite aux conseils de Napoléon qu’il aura reçus via la standardiste de bord, va s’attaquer au boss qui n’est autre que Pochetron, mafieux banlieusard parlant en verlan. Notre héros s’écrie alors « Gare-toi Tronpoche ! ». Le combat sera aisé, une victoire de plus pour Ultraman face à Godzilla ! Non, hélas, je me fis avoir par un dangereux sbire. Game over ! Je me retrouve tout nu en train de me faire photographier par un paparazzo, qui me prend sur le fait en train de divaguer avec un fantôme adepte de la DreamCast, que je suis bêtement sous l’effet de son chandelier. « Allez mon frère, c’est pas la fin du monde » me dit ma sœur ! Elle a raison ! Je suis le super-héros de cette série (balsamique). En plus, je kiffe à donf les jeux en 2D, alors vous croyez que je vais en rester là ? Bien sûr que non, surtout que Sigmund Bille-en-tête me provoque ! Oui oui, ce que vous êtes en train de lire là, c’est bien le genre de délire et de jeux de mots qu’on rencontre dans la version française. C’en est tellement délirant que vous comprendrez pourquoi tout cet article est rempli de jeux de mots douteux et de trucs qui n’ont aucun rapport avec la choucroute. Bangai-o est tout simplement le jeu le plus drôle qu’il m’a été donné de connaître sur console. Et ça, ça n’a pas de prix. On passera bien vite sur les petits défauts du jeu, tels une technique pas extraordinaire, certains boss qui ne sont là que pour faire joli et, plus grave, l’absence de mode multijoueur, afin de garder tout le reste, c’est-à-dire le meilleur : un gameplay excellent, une quarantaine de niveaux et un humour décapant ! Et au moins, si les graphismes et les bruitages sont assez sommaires, ils permettent de reconnaître le jeu au premier coup d’œil ou d’oreille ! À l’heure où tous les jeux se ressemblent un peu, on reconnaît Bangai-o de loin et du premier coup ! Un jeu qui se démarque, c’est bien ! Alors, un jeu sur lequel se jeter ? Précisément ! Vous n’oublierez pas de juste mettre dans les options le contrôle sur ABXY au lieu de XA.
Le mot de la fin (justifie les moyens)
Bangai-o sera la petite surprise qu’on ne connaissait pas ou peu. Un gameplay vite assimilé pour nous montrer combien il est diaboliquement efficace ! Un jeu unique en son genre, qui vous fera passer de bons moments. Alors la note est peut-être assez sévère, à cause des défauts cités plus haut, mais Bangai-o est vraiment un bon jeu, une fois qu’on fait l’impasse sur ses menus inconvenants. Le seul qui soit vraiment dommage, à mon avis, est l’absence de mode deux joueurs. Allez, courez donc vous procurer ce petit bijou (bien potelé).