Street Fighter III 3rd Strike : Fight for the Future est un jeu vidéo CPS-3 publié par Capcomen 1999 .

  • 1999
  • Combat

Test du jeu vidéo Street Fighter III 3rd Strike : Fight for the Future

5/5 — Parfait ! par

Eh bien voilà. La boucle est bouclée, Capcom conclut (en attendant Street Fighter IV cette année peut-être) sa saga, et en tout cas finit son tryptique, par un petit bijou.

Les grincheux renacleront, c’est ENCORE un Street Fighter. Les autres enlèvent sagement leurs chaussures, s’agenouillent sur le tapis et saluent comme il se doit le messie. Ce n’est pas ENCORE un Street Fighter, c’est LE Street Fighter.

ON VEUT JOUER !

Pour une fois, je passerai rapidement sur le scénar’, tout simplement parce que je ne sais pas en quoi consiste l’histoire de la trilogie. Tout juste suppose-je que ça se passe après Street Fighter II. Bref, de toute évidence, Bison / Vega est bien mort et avec lui un bon paquet de fighters, vu que quasiment tous les personnages sont nouveaux, hormis les indécrottables Ryu et Ken, Akuma / Gouki qui a visiblement fait une tellement forte impression dans Super Street Fighter II Turbo qu’on le voit dans tous les jeux Capcom depuis, et Chun Li qui devait avoir elle aussi son pack de fans lubriques puisqu’elle fait son grand retour ici même.

ON VEUT JOUER, J’AI DIT !!

Oui ben deux minutes que j’explique comment ça va se passer. Déjà, vous allez avoir le choix entre dix neuf personnages, ce qui change des cinquante-douze de Zero 3 ou de Capcom VS SNK. Il semblerait que Capcom ait enfin compris que la surenchère dans le nombre de persos n’était pas ce que recherchait le joueur.

Nous avons donc l’ensemble des persos de Street Fighter III Second Impact, ce qui me semble normal, Chun Li de retour et quelques nouveaux.

  • Twelve est un gus tout blanc et déformable très particulier à jouer et pas spécialement intéressant, plus ou moins lié à Necro.

  • Q est une sorte de justicier au masque de fer, très stylé mais plutôt mou. Par contre, il dispose d’une puissance et d’une allonge sympathiques, et le moindre faux pas est interdit face à lui (c’est ce que l’on surnomme un punisseur).

  • Makoto est une karatékette au style original. Très intéressante, elle se montre redoutable lorsqu’on a appris à la maîtriser.

  • Remy enfin est un gothique français. Outre un décor assez génial, il représente un palliatif à Guile ou Charlie. C’est vrai que la trilogie manquait un peu de ces personnages qui chargent leurs coups spéciaux, mais personnellement je ne suis pas trop fan.

  • Reste Shin Gouki (Evil Akuma pour les européens), qui s’il était présent dans le Second Impact, est assez différent ici. En fait c’est juste une sorte de rip du Gouki normal avec d’autres couleurs et des coups un poil plus puissants.

Votre parcours s’effectuera de la manière suivante : vous participerez à divers combats où vous pourrez choisir à chaque fois l’adversaire que vous souhaitez rencontrer parmi deux. Une initiative fort louable, c’est trois fois rien mais ça fait plaisir de ne pas voir sa partie pré-formatée. L’avant-dernier combat se fait contre votre « pire ennemi », là vous ne pouvez pas choisir. Pas plus que pour le dernier, face au big boss Gill toujours aussi terrifiant.

Enfin, notez qu’en fin de combat vous serez noté, selon la façon que vous avez eu de vous battre. Les notes vont de F à MSF en passant par toute une tartine de possibilités : E, E+, E++, D, D+, D++, etc jusqu’à A++, puis S, SS et MSF. Perso je n’ai pu faire mieux qu’un A au final avec Gouki pour l’instant, mais il paraît que vous affronterez Q si vous parvenez jusqu’au plus haut rang.

BON, T’AS FINI DE PARLER QU’ON JOUE ?

Tout d’abord notez qu’à l’instar de ses deux prédécesseurs, vous choisissez avant le Super Art que vous souhaitez réaliser en combat. Pour quoi faire ? Simple, souvenez-vous des parties de Street Fighter II avec votre petit frère qui vous mettait une rouste en appuyant sur tous les boutons. Là il peut toujours essayer, il va pleurer le frangin. Oui, Capcom favorise pour la première fois depuis longtemps (depuis l’avènement des pop-corn beat’m up en fait) le « hardcore gamer » plutôt que le casual.

Et ceci transpire de partout dans le jeu. Vous jouez à six boutons comme d’hab’, mais avec toutes les subtilités de gameplay possibles : dash (deux fois avant rapidement), contre-attaque (avant après avoir mangé de la phallange), récupération (arrière après avoir encaissé un coup), grand saut (haut puis bas), toutes ces petites améliorations qui ont rendu la trilogie plus technique que la série ne l’a jamais été.

Reste LE point. THE POINT. Le truc en plus, le cadeau Bonux des Street Fighter III, l’élément sur lequel se base entièrement le tryptique : le parry.

C’est tout bête : plutôt que de bêtement vous protéger des coups en allant vers l’arrière comme un pleutre, jouez au mouton de Panurge kamikaze et allez vers l’avant au moment où on vous frappe. « Beuh t’es con, je vais perdre. » me direz-vous. Eh bien non vous répondrai-je. Car à ce moment-là vous réalisez un parry.

Ce qui aura quatre effets :

1- Vous contrez quand même l’attaque adverse.

2- Vous ne subissez aucun dégât (à la différence de la garde où vous perdez de la vie en encaissant un coup spécial).

3- Vous devenez prioritaire sur la prochaine action.

4- L’adversaire laisse une trace de pneu dans son caleçon en comprenant que vous allez le punir.

Chose encore plus jouissive, ce contre (équivalent du Guard Impact de Soul Calibur en fait, il faudrait vérifier les dates de sortie pour voir lequel a copié l’autre) existe ici en version rouge. A la manière d’Orangina, c’est le même mais en plus méchant. Comprenez par là que désormais vous pouvez même contrer un Super Art ! Et si vous n’êtes pas trop boeuf, profiter du temps de latence pour coller le votre. Jouissif je vous dis, certifié par mon petit frère qui est parti s’acheter une corde.

BON J’AI JOUE. J’AI VU, MAIS TOI, T’EN PENSES QUOI ?

En fait, la seule chose qui me dérange vraiment c’est que comme j’ai le jeu en jap je comprends rien aux discussions entre les persos. Ce qui vous l’avouerez n’est pas primordial pour un jeu de baston. Pour le reste, Street Fighter III 3rd Strike frôle la perfection.

Il est incroyablement beau déjà. En fait, même si on chante des louanges à la série des Guilty Gear, personnellement je trouve ce jeu bien plus beau (alors qu’il est plus vieux) que GG. Les persos sont superbement designés, dans un style bien plus sympa que le style Botero de la trilogie des Zero. Les décors sont grandioses, avec un effet de flou qui les fait ressembler à une aquarelle. bref, tout est de goût et il faudrait justement ne pas en avoir, du goût, pour ne pas aimer.

Au chapitre de l’animation, il y a du pour et du contre. En effet, les mouvements sont archi-décomposés, du jamais vu sur un beat 2D. Alors du coup les-dites animations sont nettement plus réalistes, mais les vieux briscards râleront sur le fait que les timings des coups que l’on connaissait ont changé. Cela dit, après un tout petit temps d’adaptation on s’y fait très bien alors messieurs les vieux briscards, shut up and sit down.

La bande son se modernise tout en restant dans la continuité. Les thèmes sont un peu plus pêchus, on voit apparaître des sonorités un peu hip-hop (mais sans plus, celui qui me dit que c’est du rap doit s’y connaître à peu près autant que le Saint Père en matière de préservatifs - qu’il met à l’index je le rappelle, ce qui est fort peu prudent). Le tout passe plutôt bien même si la qualité d’écoute n’est pas extraordinaire.

Seulement tout ça, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. En fait le jeu aurait pu tourner en 4 couleurs et à trois images par secondes qu’il aurait quand même été une bombe. Parce que niveau jouabilité, on n’a pas fait mieux. Non, pas « jusque là », même maintenant on a toujours pas fait mieux. Fini le côté portnawak des précédents beat’m up, on revient aux sources pour un jeu très technique, qui demande un apprentissage méthodique des coups, des timings. C’est sûr que si vous regardez jouer deux gars qui connaissent bien le jeu, vous risquez de vous endormir un peu : les combats ne sont pas spectaculaires, on a souvent des moments où les deux adversaires se jaugent un peu. Du coup, le grand public - qui n’a de grand que la masse, ce n’est certainement pas une évaluation honorifique - a boudé la série, arguant souvent que le jeu manquait de nouveautés. Non mais c’est sûr, qu’est-ce que le Kevin moyen en a à foutre du parry, lui qui ne compte que sur les coups spéciaux qu’il réalise si facilement d’habitude.

Du coup, sans descendre dans la catégorie kikoolol, le joueur lambda trouvera sans doute le jeu difficile d’accès, et c’est vrai qu’il est difficile de passer le cinquième ou sixième adversaire lors des premières parties. Si vous voulez un beat pour une partie d’un quart d’heure histoire de vous détendre, passez votre chemin. Ici on s’entraîne des heures avant de maîtriser chaque personnage. Mais alors quand on maîtrise, on se fait plaisir.

D’ailleurs, je vais de ce pas continuer mon apprentissage, et un jour le petit scarabée que je suis sera peut-être le grand dragon qui me terrifie aujourd’hui. C’est beau, c’est chinois, c’est sponsorisé La Vache qui Rit ™.

Street Fighter III 3rd Strike : Fight for the Future