Avec son air de ne pas y toucher, Super Puzzle Fighter II Turbo a rencontré un vif succès dans les salles d’arcade nippones. Et indépendamment du système de jeu accrocheur, c’est peut-être aussi pour son visuel séduisant qu’il a plu à un large public. Il n’en fallait pas plus pour que l’idée germe chez Capcom, d’adapter cette esthétique kawaï dans un genre de jeux qu’ils maîtrisent sur le bout des doigts : la baston.
REPRESENTZ 4 MY PEOPLE
Il n’y a pas vraiment de scénario dans ce jeu, tout juste de petites historiettes propres à chaque personnage. Le ton est résolument humoristique (genre Ken finit par aller faire les magasins avez Morrigan et, sur ces entrefaites, une Eliza folle de jalousie les surprend et colle une droite mémorable à son fiancé…), et pas particulièrement réaliste en matière de continuité, puisque Super Gem Fighter Mini-Mix mélange, comme son nom l’indique, des personnages issus de trois franchises : Street Fighter, Darkstalkers et Red Earth. Une sorte de pot-pourri en provenance des studios Capcom.
DIAMONDS ARE FIGHTER’S BEST FRIENDS
Super Gem Fighter Mini-Mix est un beat ‘em up en deux dimensions dans la grande tradition des productions Capcom. Il propose douze personnages en version SD (Super Deformed, avec de grosses têtes et des petits corps, comme s’il s’agissait de versions enfantines des vrais personnages).
Comme dans tout bon jeu de baston, le but est de vider la jauge de vie de l’adversaire, tout en évitant que ce dernier ne parvienne au même objectif. Contrairement à la plupart des jeux sur CPS (Capcom Play System), Super Gem Fighter Mini-Mix n’utilise que trois boutons : l’un est dédié aux coups de poing, l’autre aux coups de pied et le dernier aux coups casse-garde. Ça, c’est pour la version courte. Vous pouvez réaliser des enchaînements, projections (boutons de pied et de poing en même temps) et autres coups spéciaux comme dans un bon vieux Street. Sont également de la partie les super sauts (bas puis haut), les dashes avant et arrière (deux fois la direction) ou encore les parades aériennes. Ce qui ne veut pas dire que Super Gem Fighter Mini-Mix manque de personnalité.
Première particularité du jeu, empruntée à Red Earth peu ou prou : chaque personnage dispose de trois coups spéciaux nommés Level-Up Deadly Techniques. Chacun de ces coups est attribué à une couleur, et pour qu’il soit vraiment efficace vous devez le faire monter en puissance au moyen de gemmes de même couleur. Pour récolter ces gemmes, c’est simple : il suffit de frapper l’opposant. Plus vous le frappez fort et plus les gemmes qu’il abandonnera (leur couleur est aléatoire) seront grosses, et donc plus elles rempliront les jauges dédiées à ces coups, situées en bas d’écran. Notez que ceci fonctionne un peu à la manière des pierres de Power Stone : si vous piquez une gemme rouge à l’adversaire, votre jauge rouge grimpe et la sienne diminue d’autant.
Pour vous protéger d’un coup, vous appuyez comme toujours vers l’arrière. Vous pouvez également réaliser juste après un Guard Cancel, manoeuvre permettant d’annuler le temps de latence qui suit une parade. Il est aussi possible de réaliser des attaques casse-garde, ou imblocables, appelées Guard Crushes. Vous utiliserez pour ce faire le bouton S, dit de casse-garde (comme évoqué plus haut). Si vous vous contentez d’appuyer sur cette touche, vous obtiendrez une gemme rouge de la part de l’adversaire. Si, en plus, vous imprimez une direction arrière au stick, vous en obtiendrez une jaune. Si vous appuyez vers le bas, vous en recevrez une bleue. Mais attention ! L’adversaire peut aussi contrer le Guard Crush en appuyant sur avant plus S avant l’impact. On parle alors de Guard Return, et dans ce cas là c’est vous qui vous mangez une contre-attaque.
En plus de cela, il me faut également vous parler des Mighty Combos. Ceux-là se comportent à peu près de la même manière que les Super Combos des Street Fighter récents : vous chargez votre jauge de combo en frappant l’adversaire. Petite originalité, vous pouvez charger cette jauge sur neuf (9 !) niveaux. Une fois cette jauge pleine sur au moins un niveau, vous pouvez déclencher vos Mighty Combos, attaques plus puissantes (mais plus complexes à sortir) que les Deadly Techniques.
Si vous trouvez ce système de jeu fort complet, laissez-moi vous dire qu’il est encore bien plus riche ! J’aurais ainsi pu vous parler des Mega Crushes et autres Counter Crashes (attaques surpuissantes mais qui vous font paumer toutes vos gemmes), et surtout des Flash Combos, un enchaînement de quatre coups normaux qui transforme votre personnage de manière franchement comique (Akuma devient maître-nageur, Felicia se transforme en bunny girl, Morrigan en golfeuse…).
PETIT MAIS COSTAUD
Je ne sais pas si vous vous en souvenez (ils n’avaient pas fait grand bruit à l’époque), mais SNK avait aussi essayé de jouer la carte des graphismes en SD, avec son Fatal Fury First Contact sur Neo-Geo Pocket Color. Plus récemment, ARC System Works a tenté un Guilty Gear Petit, aussi. La différence, c’est que chez Capcom ça marche.
Et pourquoi ça marche ? Parce que c’est bien. Super Gem Fighter Mini-Mix a beau être kawaï, il n’en reste pas moins visuellement irréprochable. Les graphismes sont fins, les couleurs pètent, et surtout pas un seul ralentissement n’est à signaler, alors même que le jeu fourmille de sprites qui bougent dans tous les sens et d’effets visuels remarquables. Tant et si bien qu’il en devient un peu bordélique par moments.
Mais plus que par sa réalisation léchée (saluons également des thèmes sonores enjoués de belle facture), c’est par sa jouabilité étonnamment riche que Super Gem Fighter Mini-Mix surprend. Comment diantre Capcom est-il parvenu à faire un jeu aussi technique avec si peu de boutons ? Et surtout, par quelle alchimie l’a-t-il rendu aussi intéressant pour les joueurs acharnés que pour les débutants ? Le mystère reste entier, mais l’une des pistes pourrait mettre l’éclairage sur un système de Mighty Combos réalisables aussi bien par une méthode classique et un poil complexe (donc plutôt réservée aux vieux de la vieille qui retrouveront vite leurs marques), que par une manip plus simple où l’on remplace les boutons pied/poing par le bouton spécial. Ceci sans pénaliser le joueur qui préfère cette seconde option.
Joli, riche, équilibré… Finalement Super Gem Fighter Mini-Mix n’a qu’un seul défaut, mais un qui est terrible : il est unique en son genre. Et au vu de sa qualité, on aurait bien aimé qu’il ait droit à une suite, lui !