Il doit y avoir une tradition, chez Capcom, destinée à embrouiller le joueur lorsqu’il recherche un titre en particulier. Entre les Rockman qui sont devenus Megaman en occident, les Vampire qui se transforment en Darkstalkers ou encore les Street Fighter Zero qui deviennent des Street Fighter Alpha, il devient difficile de faire son choix dans la production de la boîte à baffes. Histoire d’en rajouter une couche, « Ring of Destruction : Slam Masters II » est la suite de « Saturday Night Slam Masters ». Mais au Japon, le jeu est connu en tant que « Super Muscle Bomber : The International Blowout », alors que son aîné se nomme « Muscle Bomber : The Body Explosion ». OK les gars, la tournée d’Efferalgan, c’est pour moi.
UN SAMEDI SOIR SUR LA TERRE
Ring of Destruction a la gueule d’un beat ‘em up, d’autant qu’il a été développé par une société experte en la matière. Il a le goût du beat ‘em up, il a l’odeur du beat ‘em up, mais finalement il n’est rien que du Canada Dry. Rien de péjoratif là-dedans, il s’agit simplement de faire le distingo entre un jeu de baston pur et dur et la série des Slam Masters, qui s’oriente vaguement du côté du catch. Je dis bien « vaguement », parce que même s’il n’y a pas de boules de feu ou de Dragon Punch comme dans les jeux de baston « fantastiques » (au sens surréaliste), on est quand même assez loin des baltringues bodybuildés qui passent leur temps à faire du cinéma et des bruitages à coups de pied sur le sol et de tapes sur le thorax.
SATURDAY NIGHT, I FEEL THE AIR IS GETTING HOT
À vrai dire, le premier Slam Masters est aussi éloigné de la simulation de catch (un spectacle qui n’est lui-même que simulation, donc on peut parler de simulation au carré) que du beat ‘em up. À la limite il mélange un peu des deux, mais se rapprocherait le plus d’une sorte de beat ‘em all - un autre domaine dans lequel Capcom excelle - en écran fermé, donc sans défilement (ou presque, puisqu’on peut sortir du ring). Ce deuxième épisode retrouve pour sa part des accents de jeu de baston pur et dur, au détriment des fans de la première heure, peut-être.
Première nouveauté qui attire l’oeil : le sol est désormais « à plat ». Ring of Destruction se déroule sur un seul plan, là où son aîné nous montrait un ring de trois quarts où l’on pouvait se déplacer librement. Du coup, le stick permet désormais de se déplacer vers l’avant ou l’arrière, mais aussi de sauter (haut) ou de s’accroupir (bas), alors que ces deux directions permettaient jusque là de se déplacer respectivement vers le fond de l’écran ou l’avant-plan.
Les contrôles ont également changé, et SM2 utilise cinq des six boutons du CPS-2 : deux pour les coups de poing (faibles et forts), deux pour les coups de pied (itou) et un pour projeter l’adversaire dans les cordes. C’est cette dernière option qui distingue SM2 des jeux de baston plus « traditionnels ». En effet, il est ici possible d’envoyer l’opposant rebondir sur les bords du ring, pour ensuite lui asséner une attaque spéciale façon « vrai » catch, genre le coup de la corde à linge ou une connerie du genre. Il est aussi possible de réaliser des super projections, moyennant une manipulation un peu complexe. Mais attention : si l’adversaire ne peut pas vous empêcher de le choper, il lui est par contre possible de s’échapper, et il y a de fortes chances pour qu’il mette cela à profit pour une petite vengeance de derrière les fagots.
Notez enfin que les matchs ne sont plus chronométrés : il s’agit bel et bien de mettre l’adversaire au tapis. À cet effet, il faudra vider sa double jauge de vie. Le jeu propose un panel de quatorze combattants, la seule véritable star étant Haggar, l’un des héros de Final Fight. Le reste oscille entre le crédible (Biff le catcheur russe, El Stingray le luchador, Ortega le colossal clone de Hulk Hogan) et le grand portnawak (Titanic le monstre de Frankenstein, Rasta l’homme-bête, Wraith le mort-vivant - encore que, l’Undertaker m’impressionnait quand j’étais gamin - ou Scorpion le boss final qui se téléporte à l’envi). Les décors sont à l’avenant puisque les rings peuvent aussi bien être situés dans une salle assez conventionnelle que dans un endroit glauque façon gothos, ou au contraire multicolore façon Las Vegas.
FEEL THE CITY BREAKIN’ AND EVERYBODY SHAKIN’ AND WE’RE STAYIN’ ALIVE
Vous l’aurez peut-être compris, je ne suis pas un grand fan de ces acteurs bodybuildés que l’on appelle catcheurs. Ni en vrai, ni en jeu. Pourtant, je dois reconnaître que j’avais bien apprécié Saturday Night Slam Masters.
C’est un fait, cette suite est encore plus belle, c’est d’ailleurs ce qui lui vaut ses quatre points. Les graphismes sont aussi fins que ce que l’on est en droit d’attendre sur CPS-2, les couleurs sont chatoyantes, l’ambiance sonore est prenante et globalement, en dehors de quelques fautes de goût au niveau du design de certains combattants, il n’y a pas grand-chose à reprocher au jeu de ce côté-là.
Par contre concernant la prise en mains, le constat est tout autre. Autant le premier épisode était assez poilant de par sa jouabilité décalée, autant Ring of Destruction se retrouve un peu le cul entre deux chaises, à mi-chemin entre le beat ‘em up mal fagoté et la presque simulation de catch soporifique. Trop limité, trop permissif sur les chopes, trop difficile face à certains combattants abusés (donc souffrant de problèmes d’équilibrage), le jeu ne parvient pas à trouver sa place.
Pour une fois que Capcom ne s’est pas contenté d’une mise à jour en guise de pseudo-suite, les voilà qui ratent complètement leur coup. À croire que la fortune ne sourit qu’aux escrocs…