Connu au Japon en tant que Ultimate Ecology.
On parle beaucoup, à l’heure actuelle, de serious games, ces jeux qui ont presque plus pour vocation de faire passer un message que de procurer du plaisir. Sous ses allures de marchand de rêves, Capcom a peut-être produit l’un des pionniers du genre sérieux. Eco Fighters, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est à la fois un chouette jeu et une fable écologiste. La classe, non ?
MICHAEL KAEL CONTRE LA WORLD NEWS COMPANY
Nous sommes dans un lointain futur et l’Homme a fini par conquérir l’espace, colonisant l’une après l’autre les planètes les plus hospitalières. Mais il n’a pas oublié ses vieux démons pour autant, et il continue d’exploiter les ressources de ses colonies comme il le faisait déjà sur Terre : en vivant au présent quitte à sacrifier le futur.
Inventeur de renom, le docteur Molly compte bien mettre un terme à ces activités criminelles. Pour ce faire il a mis au point un petit vaisseau capable de mettre à mal toutes les machines de destruction que met en oeuvre la Goyolk, une compagnie sans foi ni loi qui s’évertue à corrompre les ressources naturelles de sa planète.
OOPS ! I DID IT AGAIN
Eco Fighters est un shoot ‘em up horizontal qui comprend huit niveaux. Chacun est prétexte à dénoncer les activités peu scrupuleuses de la Goyolk. Ainsi on passera d’une forêt en proie à la déforestation à une mer menacée de pollution, puis à un paysage aérien où tombent des pluies acides, et ainsi de suite. Pour mieux symboliser la destruction de l’écosystème, chaque niveau est divisé en deux parties : la première, superbe et colorée, est séparée de la seconde (bien plus triste malgré la beauté des graphismes) par l’affrontement d’un boss de mi-parcours, terrible machine de destruction. Mais qui n’est rien comparé au boss de fin de niveau, véritable béhémoth mécanique à détruire morceau par morceau.
Face à ces inventions maléfiques, et à la horde de petits engins qui les accompagne, vous êtes seul dans votre minuscule vaisseau. Ce dernier dispose d’une sorte de bras, et nous allons vite comprendre à quoi il sert. En fait, Capcom nous a refait le coup de Forgotten Worlds. Souvenez-vous : dans ce fameux shmup, vous disposiez d’un bouton pour faire feu et d’un autre pour orienter votre tir. Ici c’est exactement la même chose. L’une des touches permet d’orienter votre bras, et l’autre de tirer tous azimuts.
Au-delà de ces bases, le système de jeu s’appuie sur de petits vaisseaux qui transportent des options dans des bulles. L’option change de forme au bout de quelques secondes, chacune de ces formes vous permettant de récupérer un appendice différent pour votre bras. Vous pourrez récupérer un boulet tournoyant, une lame d’énergie, un lance-flammes (et vous vous prétendez écologiste ?)…
Le maniement varie en fonction de l’arme. Ainsi, le boulet n’est efficace que si vous maintenez le bouton de tir enfoncé et que vous le relâchez au moment où votre vaisseau clignote, alors que la lame d’énergie fonctionne en continu, même si vous n’appuyez pas sur la touche (en contrepartie elle est moins efficace). Précisons tout de même que cette arme secondaire ne remplace pas votre tir de base, elle ne vient qu’en complément. Et à l’exception du lance-flammes, elle a une portée plus courte. Donc si vous êtes équipés, mettons du boulet, vous continuerez à tirer tout en faisant tournoyer votre arme secondaire. Enfin, il est bon de signaler que cette arme secondaire peut aussi faire office de bouclier, vous protégeant des ennemis à condition qu’elle soit orientée dans leur direction, bien entendu.
LA TERRE, TU L’AIMES OU TU LA QUITTES
Habitué à se contenter d’un synopsis sybillin, l’amateur de shoot ‘em up sera peut-être un peu décontenancé par le message assez écolo, quoiqu’un peu simpliste, d’Eco Fighters. Un message qui s’inscrit d’ailleurs dans une volonté relativement légère, puisqu’il s’agit avant tout de s’amuser.
À ce titre, ce sont peut-être les graphismes qui jouent le plus en la faveur du jeu. À la manière d’un In the Hunt (pour le côté bonhomme des sprites, surtout), le titre de Capcom est résolument mignon, offrant des couleurs pastel, des décors gentils et des monstres rondouillards. Et même lorsqu’on arrive dans la deuxième partie, polluée, des stages, et que les couleurs virent aux teintes de gris et/ou de marron, l’ensemble reste très joli.
Un jeu pour éduquer les plus jeunes ? Peut-être. Mais il faut quand même une certaine patience et un peu d’apprentissage pour gérer une maniabilité un peu déstabilisante au départ. La difficulté est malgré tout assez basse, mais certains passages peuvent se montrer frustrants.
Ceci mérite-t-il un dix ? Assurément. Parce qu’au-delà de ces quelques légers soucis de maniabilité, Eco Fighters est un jeu original tant dans son propos que dans sa présentation ou dans son gameplay. Et ça, ça mérite bien une bonne note.