Dungeons & Dragons - Tower of Doom est un jeu vidéo CPS-2 publié par Capcomen 1993 .

  • 1993
  • Beat them all

Test du jeu vidéo Dungeons & Dragons - Tower of Doom

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Vous adorez l’atmosphère des jeux de rôle, mais vous roulez des yeux effarés quand on vous parle d’une attaque 3d10+9 ? Vous rêvez de pourfendre dragons et flagelleurs mentaux mais l’évocation d’un nécromancien CM lv 14 vous fait le même effet qu’un cours d’algèbre en hébreu ? Pas de panique, Tower of Doom est fait rien que pour vous. Vous pourrez y savourer tous les éléments qui maintiennent les rôlistes en éveil toute une nuit et la matinée du lendemain, mais en vous contentant de maîtriser quelques boutons basiques pour tailler dans le lard de toutes les infortunées créatures qui auraient la mauvaise idée de ralentir votre noble quête. Tower of Doom, c’est un peu le « RPG pour les nuls » ou plutôt « Le RPG pour les brutes ». Plus prosaïquement, Tower of Doom est un fantastique beat them up à l’atmosphère remarquablement fidèle à l’univers de Donjons & Dragons.

Obéissant à la raison d’être de toute équipe de héros qui se respecte (du moins, selon les guides de Volothamp Geddarm. Note d’Elminster : Et si tu causais un peu du jeu en lui-même, hmmmm ?), Tower of Doom vous permettra de suivre les tribulations d’une compagnie d’aventuriers qui traverse le vaste monde de Mystara, en quête de monstres à occire et d’or à amasser. Mystara est une des plus célèbres campagnes de Donjons & Dragons, historiquement et géographiquement différente de Féérune, mais dont la faune et les principales composantes demeurent assez semblables. Les quatre personnages jouables se situent dans la tranche habituelle de sélection des beat them up d’arcade, qui s’étend du gros bœuf survitaminé au frèle éphèbe à la souplesse inégalée. On retrouve ainsi le nain, lent et doté d’une faible allonge mais incroyablement costaud. Deuxième pur combattant, le guerrier est un peu moins fort mais mieux équilibré que son collègue courtes-pattes. Le clerc est quant à lui physiquement encore un cran en-dessous des deux autres mais dispose de nombreux pouvoirs curatifs et de soutien. Enfin, l’elfe est le personnage faible du jeu, mais elle compense son manque de muscles par une grande souplesse et l’utilisation de nombreux sortilèges offensifs et défensifs.

Les personnages disposent d’un panel fourni de coups de lames et d’enchaînements qui confèrent un rythme et une prestance exceptionnelles aux féroces combats qui se dérouleront dans les terres perdues de Mystara, ainsi que de la faculté de parer coups et projectiles ennemis avec leurs boucliers. Tous peuvent également utiliser des dagues, un arc à flèches, des marteaux de jet et des fioles d’huile enflammées, histoire de varier les plaisirs. Pour parachever le génocide de gobelinoïdes, le clerc et le mage disposent en outre de leurs pouvoirs magiques (boule de feu, projectiles magiques, lutte contre les morts-vivants, soins mineurs, etc.). Les adversaires standards sont des kobolds, mais on rencontre également des ours-hibou, des gnolls, des troglodytes, des squelettes-guerriers, des chiens de l’enfer et plusieurs variétés d’insectes agressifs. Du côté des boss aussi, on retrouve un bel échantillon de sales bestioles tirées du riche bestiaire AD&D : un ogre, un troll, un manticore, une bête éclipsante, un beholder, un dragon noir, un guerrier / mage elfe noir, le Grand Wyrm Flamewing (sans doute la plus monumentale créature présente dans le jeu) et enfin, le dernier boss, l’archi-liche Deimos.

Evidemment, license AD&D oblige, Tower of Doom inclut de très légers éléments de RPG dans cette grande séance de dératisation. Les ennemis abattus laissent derrière eux pièces d’or, pièces d’argent, breloques diverses et armes de jet en tous genres, menue monnaie avec laquelle vous pourrez acheter davantage d’armes de jet dans le magasin au début de chaque stage. Les ennemis tués rapportent également de l’expérience, ce qui aura pour effet d’augmenter votre barre de vie à la fin de chaque niveau. On peut également choisir son chemin à certains moment de l’aventure (par exemple, aller libérer la mine ou bien foncer en ville pour repousser la horde de monstres). Tower of Doom comprend donc nettement plus de stages que ce que l’on peut apercevoir en une seule partie. On notera également une grande fidélité aux règles AD&D en ce qui concerne les capacités et faiblesses des différentes créatures rencontrées.

Réalisation technique :

Un jeu sur CPS-2 programmé par les virtuoses de chez Capcom, ça donne ça. De grands sprites superbement animés, une variété de mouvements impressionnante qui donne un panache extraordinaire au moindre accrochage avec une bande de kobolds en maraude, des ennemis originaux aux modes d’attaques multiples (on aurait aimé découvrir encore davantage d’adversaires différents, mais si on inclut les boss, on arrive tout de même à une brochette plutôt représentative des monstres de Mystara) et surtout, une fidélité inattendue à l’univers AD&D, sur la forme comme sur le fond. La bande sonore offre des bruitages de haute qualité, et on peut savourer comme il se doit le grognement rauque du troll ou les petits couinements imbéciles des kobolds mêlés du doux bruit de frottis de l’acier quand il entre en contact avec l’os ! Pas de surprises au niveau des musiques : les petits gars de Capcom ont goupillé de chouettes thèmes épico-médiévaux avec ruées sauvages de violons, accords de vielle saccadés et visions fugaces d’une bonne pinte de bière brune versée dans le crâne évidé d’un ogre-mage. La jouabilité est au top niveau… Il faudra un tout petit peu de pratique pour gérer avec efficacité les armes secondaires et pour sortir le type de coup de lame désiré au bon moment, mais les commandes répondent impeccablement en toutes circonstances.

En bref : 17/20

Tower of Doom est un beat them all resplendissant, à l’atmosphère fascinante et à la réalisation superbe. De plus, Tower of Doom est loin d’être aussi basique et limité que la majorité de ses confrères, et les multiples coups, attaques secondaires, et ennemis aux modes d’attaques variés en font un jeu finalement assez technique (bien que ce terme paraisse presque incongru compte tenu de la nature tout de même « brutale » du jeu). Evidemment, par rapport à son successeur, le grandiose, impérial, fantasmagorique « Shadow over Mystara », Tower of Doom paraîtra parfois un peu limité, manquer d’adversaires réellement impressionnants et de rebondissements scénaristiques et offrir une progression parfois trop classique, mais on ne peut pas lutter face à la perfection ! Dans l’absolu, Tower of Doom est probablement le meilleur beat them up disponible sur CPS-2, juste derrière… Shadow over Mystara !

Dungeons & Dragons - Tower of Doom