On les connait tous, les beat ‘em all de Capcom. Depuis Final Fight, ils sont tous rentrés dans la légende. Et puis un beau jour, tout fut terminé. Il est le dernier d’entre eux, et l’un des rares à n’avoir pas connu le succès. Après lui, plus rien, même Final Fight s’est mis à la mode de la baston en 3D. Alors laissez-moi vous présenter le dernier descendant d’une espèce en voie de disparition, et même pas protégée. Il se nomme Battle Circuit…
Hmmm, oui. C’est vrai qu’il a l’air un peu dérangé.
CHASSE À L’HOMME
Nous sommes à Neo Koba. À tous les férus de géographie qui transpirent rien qu’à l’idée d’avoir oublié où se situait Neo Koba, rassurez-vous : ça n’existe pas. Du moins pas encore. Dans le futur, en 20XX, ce sera une vaste mégalopole où séviront les pires super-criminels du globe, le Delete Gang. Heureusement, un groupe de chasseurs de primes sera là pour les retrouver et les appréhender. C’est d’eux que nous parle Battle Circuit : de cinq mercenaires partis arrêter le Dr Saturn et sa bande, possesseurs d’une disquette (parce que dans le futur on sera revenu aux bonnes vieilles « floppies » des familles) contenant le programme Shiva. Programme capable de contrôler tous les ordinateurs du monde. Fichtre ! Avouez que même Paco Rabanne l’avait pas sentie venir, celle-là.
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Battle Circuit est un beat ‘em all en deux dimensions dans la grande tradition des précédents jeux du genre, chez Capcom. Jouable jusqu’à quatre, chaque participant y contrôle un personnage parmi les cinq disponibles. Ensuite, ce sont sept niveaux qui vous attendent, chacun gardé par au moins un boss. En sus, il est possible de débloquer un dernier stage, l’affrontement face au boss final, à condition d’avoir obtenu un super score.
Chaque personnage dispose de ses propres caractéristiques en matière de vélocité, de puissance, de résistance… Le jeu vous enjoignant de jouer à quatre, chacun est complémentaire des autres. Il est cependant tout à fait possible de jouer seul (y compris avec la plante verte que j’ai choisie ici), mais c’est comme faire les 24h du Mans en vélocipède : c’est techniquement réalisable, mais c’est plus long.
Car en plus de ses statistiques, chaque personnage dispose de sa propre panoplie d’attaques. Pourtant tout se joue avec deux boutons (en plus du stick pour diriger le personnage sur toute la surface d’un sol vu de trois quarts) : un bouton de saut et un bouton d’attaque.
C’est que Capcom n’est pas un amateur en matière de gameplay corsé. Depuis le premier Street Fighter, la firme d’Osaka nous a prouvé maintes et maintes fois qu’on pouvait faire plein de choses avec deux boutons. Et en effet, en plus de la super attaque qui se déclenche en appuyant sur les deux touches à la fois, et qui coûte une petite portion de la jauge de vie à chaque utilisation, il est possible de réaliser des espèces de coups spéciaux. Selon les personnages et les attaques, il vous faudra réaliser des combinaisons genre quart de tour plus bouton d’attaque (comme dans Street Fighter), ou encore rester appuyé sur le bouton de coup.
Mais auparavant, il faudra télécharger vos coups spéciaux. À la fin de chaque niveau, vous avez ainsi accès à une sorte de magasin (ou en l’occurrence à un terminal de téléchargement, comme l’appelle le jeu) où vous pouvez acheter des recharges de vie, des continues supplémentaires ou encore les fameux coups spéciaux.
Pour vous payer ce genre de merveilles, il vous faudra de l’argent. Heureusement, les piécettes tombent dans votre escarcelle à chaque ennemi vaincu, et vous en trouverez d’autres en brisant les objets destructibles (caisses, bidons…), ainsi que de la nourriture permettant de recharger votre jauge d’énergie.
LA ROUTE EST LONGUE ET LA PENTE EST RAIDE
Si Battle Circuit ne propose qu’un vague scénario d’une banalité confondante, c’est par son ambiance que le jeu surprend le plus. Alors on ne va pas revenir sur les capacités intrinsèques du CPS-2 : on est tous d’accord pour dire que la bécane affiche des graphismes d’une grande finesse et des couleurs de toute beauté, le tout s’animant de manière très fluide. Voilà qui ne varie guère d’un jeu à l’autre. Ce qui est plus surprenant, c’est le parti pris stylistique de Battle Circuit. À cheval entre manga et comics, le titre ne lésine ni sur les designs portnawak (sur la photo par exemple, je suis une plante et je me bats contre un clone d’Elvis accompagné de robots), ni sur les situations abracadabrantes. Bref, l’humour est de mise.
Quant à la jouabilité, l’idée d’implémenter des coups spéciaux de beat ‘em up dans un beat ‘em all apporte une certaine fraîcheur au genre, même si pour le coup, il n’est pas forcément évident de les sortir dans le feu de l’action. D’ailleurs la difficulté est assez élevée, en solo tout du moins. À plusieurs la complémentarité des personnages aide un peu. L’aventure est toutefois longue et éprouvante, et le dernier combat est une vraie plaie à lui tout seul.
C’est sur cette note, joyeuse malgré quelques petits défauts, que le beat ‘em all 2D tire sa révérence en arcade. Un adieu aux armes en forme de gros délire, comme pour éviter aux amateurs du genre de pleurer à gros bouillons sur leurs gloires perdues… Putain, c’est beau.