À la base, « Little Nemo in Slumberland » est un comic-book de Windsor McCay, ou plus exactement l’un des précurseurs du médium puisqu’il date de 1905 ! Il aura fallu attendre les années 80 pour que l’œuvre sorte de l’oubli grâce à un dessin animé. Puis c’est Capcom qui mettra la main sur les droits d’adaptation. Tout le monde se souvient de leur Little Nemo : The Dream Master sur NES… mais tout le monde ou presque a oublié l’adaptation sur CPS-1.
JE FAIS SOUVENT CE RÊVE ÉTRANGE ET PÉNÉTRANT
L’histoire du jeu est pour le moins fidèle à l’œuvre originale. Le jeune Nemo est un petit garçon rêveur qui, une nuit, se voit invité par le roi Morpheus (la pilule rouge ?) de Slumberland, le pays du sommeil, afin d’y rencontrer la princesse sa fille. Dans la BD, l’enfant va vivre des tas d’aventures féériques en compagnie de son ami Flip le maraudeur. Dans le jeu, voilà-t-y pas que les deux énergumènes ont libéré par mégarde le roi des Cauchemars et ses séides. Morpheus leur ordonne alors de réparer leur faute et confie à Nemo un sceptre magique.
RED IS DEAD
Nemo est un jeu de plates-formes/action sensiblement dans la veine de Ghouls ‘n Ghosts, dont il reprend le moteur de jeu par ailleurs. La quête du garçonnet le conduira à travers sept niveaux et, parce qu’il ne faut pas déroger aux traditions, chacun de ces stages sera gardé par un énorme boss.
Les environnements traversés sont assez variés puisque Nemo passera par une usine de jouets, par les nuages, par un bateau à vapeur ou encore par une caverne effrayante. Ce faisant, il affrontera son lot d’ennemis, principalement des soldats mécaniques et de jouets dans la même veine old school.
Les commandes sont on ne peut plus simples. Vous disposez du stick pour vous diriger latéralement ou pour vous accroupir, et de deux boutons. Le premier vous permet de faire usage de votre sceptre. Attention, malgré la taille du bâton, vos attaques n’ont qu’une courte portée. Le deuxième bouton permet de sauter, et il est possible de tuer la plupart des ennemis en leur bondissant sur le crâne, comme dans un Mario.
Pour ce qui est des objets bonus à ramasser, Nemo est plutôt chiche. Les nombreux coffres qui parsèment votre route - et qui apparaissent d’ailleurs un peu après que vous soyez passé devant, comme dans Ghouls ‘n Ghosts toujours - renferment la plupart du temps de simples bonus de score, voire, au mieux, de quoi restaurer votre santé. Cependant, il arrivera parfois que vous obteniez le pyjama rouge. Ainsi vêtu, vous êtes deux fois plus puissant (et vous pouvez toucher plusieurs ennemis à la fois), mais pour un temps bien entendu limité.
Vous trouverez également sur votre route un nombre considérable de caisses et de barils. Ceux-là ne peuvent pas être détruits, mais tel n’est pas leur propos. Il s’agit plus ou moins d’armes de jet : en appuyant sur le bouton d’attaque, vous en soulèverez un, puis vous n’aurez qu’à rappuyer pour le lancer. Ce sera d’ailleurs la technique principale à utiliser contre la plupart des boss.
COMMENT T’ATTEINDRE, ONDE SENSUELLE ?
Si Nemo est particulièrement respectueux des personnages et de l’histoire du bouquin, il n’est pas vraiment fidèle en matière d’ambiance. Oh, certes, le jeu est graphiquement réussi et fait honneur à son support grâce à ses couleurs chatoyantes et à ses gros sprites parfaitement animés. Mais il lui manque la touche poétique, onirique, que McCay parvenait à insuffler à chaque page. C’est un peu comme ces films qui tentent d’adapter une œuvre littéraire avec généralement un résultat décevant.
Maintenant, si l’on met de côté cette espèce de nostalgie, il est bien difficile, une fois de plus, de reprocher quoi que ce soit à Capcom (que voulez-vous, je suis un fanboy) : le jeu est un vrai dessin animé interactif tout juste desservi par des musiques de qualité moyenne (là encore cela casse un peu l’ambiance). La maniabilité est pour sa part idéale, la difficulté n’est jamais décourageante et la durée de vie demeure raisonnable pour un jeu d’arcade.
Bref, si ce n’était ce léger manque de charme - à ce titre le jeu sur NES était bien plus convaincant, ses limitations techniques le rendant finalement très proche du trait épuré de McCay - il serait difficile de trouver à redire envers ce Nemo.