Weird Dreams est un jeu vidéo C64 publié par Rainbirden 1990 .

  • 1990
  • Action

Test du jeu vidéo Weird Dreams

3/5 — Très bien par

Weird Dreams était vendu avec une nouvelle de Rupert Goodwins. Elle racontait le périple qui a amené Steve Trevathen, le héros du jeu, sur une table d’opération. Jeune homme nonchalant, il travaille sans conviction dans une entreprise de Plymouth. Il a des vues sur une voisine de bureau, Emily, mais n’a jamais eu le courage de lui avouer sa flamme. Sa collègue de travail s’ennuie fermement de sa situation et éprouve une profonde répugnance envers toutes les personnes qu’elle rencontre, particulièrement vis-à-vis de Steve. Elle hait les humains, d’autant plus qu’elle ne doit pas le montrer. Derrière le personnage d’Emily se cache en réalité un démon qui subit un exil de plusieurs millénaires sur Terre. Dépouillée de la plupart de ses pouvoirs, elle va libérer toute sa frustration sur le malheureux Steve. Elle s’en amusera d’autant plus qu’il a le béguin pour elle. Par jeu, elle enfermera finalement le jeune homme dans un coma où se déchaîneront ses pires cauchemars.

La première scène du jeu place le pauvre type dans une machine étrange. Au milieu d’une centrifugeuse flottent des bouloches roses et tourne un bâton sur lequel s’agglutine cette matière. Comment s’évader ? Steve va se laisser enduire de cette drôle de substance rose et ensuite sauter pour s’accrocher au bâton en rotation. A l’extérieur, il déambule maintenant au cœur d’une fête foraine où une musique joyeuse typique des lieux résonne. Mais bien sûr, la précédente machine servait pour la barbe à papa ! Steve se trouve en fait piégé dans une foire aux manèges. Quelle chance ! Pas vraiment. Il déchante vite lorsqu’il voit arriver une énorme guêpe aussi grande que lui. Il ne sait quoi faire et la panique le gagne. La bête s’approche doucement mais inexorablement. Lorsqu’elle arrive à sa hauteur, elle le pique et sa tête enfle avant d’exploser. Après de nombreuses tentatives, il découvre comment se débarrasser de cette bestiole : il dépose les morceaux de barbe à papa sur le sol tout en se dirigeant vers la gauche. A l’écran suivant, il ramasse une tapette sur le sol, qui permet de frapper la guêpe. La gourmande s’arrête pour manger les friandises à terre. A ce moment, Steve doit la frapper et la repousser le plus possible vers la droite. Enfin, avant de fuir vers la gauche, il n’oubliera pas de prendre la petite boule bleue laissée par la bête. Cette solution est plus facile à dire qu’à réaliser.

La maniabilité exécrable ne permet pas d’être très réactif. Steve exécute toutes ses actions trop lentement. Il marche à la vitesse d’un escargot, s’accroupit doucement et surtout il se retourne bien trop mollement. Le personnage, en plus d’être lent, ne répond pas correctement aux sollicitations des commandes. Il faut tapoter plusieurs fois le bouton pour que le héros réalise la figure désirée. La maniabilité ignoble risque de provoquer des crises de nerfs à quiconque s’essayant au jeu. Pour ne rien arranger, la solution d’une énigme demande précision et synchronisation. Steve doit se placer précisément à tel endroit et lancer une action à tel instant. À cause de la rigidité du personnage, réussir un enchaînement donné est limite impossible. Qu’il est frustrant et agaçant de mourir si souvent à cause de la maniabilité !

Pourtant, nous aurions bien envie de nous accrocher à ce titre si atypique. Il dégage une atmosphère tellement étrange et si soignée. Il se compose de différentes scènes présentant des énigmes insolites que nous avons plaisir à découvrir. Les cauchemars de Steve ne respectent aucune règle ni logique. Un monde de prime abord hospitalier cache immanquablement une entité malsaine. Mais où ? Quand va-t-elle se déchaîner ? Le premier stage de la fête foraine, avec ses couleurs vives et sa musique guillerette, paraît accueillant. Toutefois, la cruelle guêpe nous rappelle bien vite que nous sommes prisonnier d’un cauchemar et non d’un rêve. Ensuite, le tableau suivant place notre malheureux comateux au sein d’un jardin à la française magnifiquement entretenu. Rien ne semble néfaste. Cependant, en approchant des jolies fleurs, celles-ci se transforment en une gueule prête à tout dévorer. Surprenant ! Chaque scène est véritablement surprenante et inattendue.

Weird Dreams a des attraits séduisants. Les graphismes détaillés et travaillés font honneur à la machine. Les décors ainsi que les acteurs présentent des éléments soignés. Les musiques nous plongent dans une douce rêverie à contre courant de l’ambiance cauchemardesque. L’atmosphère fantastique et irréelle, magnifiquement retranscrite, est le point fort du jeu. L’animation participe à sa manière à cet univers bizarre. Certes, elle ne bouge pas les objets avec rapidité, mais elle décompose suffisamment les mouvements pour les rendre crédibles. Malheureusement, l’immonde maniabilité gâche tout le plaisir. Le jeu en devient frustrant, irritant et d’une difficulté atroce. Trouver la solution d’une énigme n’est déjà pas évident, mais la mettre en place se rapproche de l’impossible. Que de morts injustes attendent le joueur ! Comble du bonheur, après chaque scène, la pression redescend à cause des téléchargements interminables. Pourtant, Weird Dreams est si attirant de par sa singularité. Heureusement les émulateurs, avec leurs sauvegardes, arrondissent les angles ; ainsi l’aventure devient moins énervante.

Weird Dreams