Au cœur du Japon féodal, une légende décrit le courage du valeureux ninja Armakuni. Il appartient à la confrérie des très respectés Ninjutsu, craints à travers le pays. Cependant Kunitoki, un shogun avide de pouvoir, désire connaître les secrets de leur force. Toutes les décennies, les Ninjutsu partent en pèlerinage vers l’île Lin Fen sur les lieux sacrés du Ninja Blanc. Ils se réunissent autour des saints rouleaux de Koga qui contiennent l’intégralité de leur savoir. Kunitoki profite de cette célébration pour attaquer la confrérie et l’annihiler. Après le massacre, le shogun prend le contrôle de l’île et étend son emprise sur la région. Il reste néanmoins un mince espoir grâce à Armakuni, le seul survivant, le dernier ninja. Il entreprend de venger ses frères et de récupérer les rouleaux sacrés.
Lorsque la partie commence, les graphismes en 3D isométrique éblouissent immédiatement le joueur. Ils présentent un magnifique paysage campagnard très inspiré par les dessins culturels nippons. Le premier niveau avec ses tons pastels place Armakuni dans un univers zen. Les cerisiers en fleurs, les reposantes cascades, ainsi que les temples où se recueille le ninja pour prier créent une douce atmosphère calme, presque sereine. Cependant, l’ambiance se dégrade et s’obscurcit au fur et à mesure que le héros se rapproche du palais du tyran. Du paradis, il se dirige vers un morbide donjon empli de spectres. Les ambiances diffèrent mais les graphismes restent toujours sublimes, variés et emplis de détails.
Subjugué par la beauté des décors, le joueur sera enchanté par les musiques. Elles renferment de véritables chefs-d’œuvres stimulants, des morceaux suffisamment longs qui ne paraissent pas répétitifs. Un pur bonheur. Enfin l’animation exemplaire propose des mouvements réalistes convaincants qui achèvent le joueur devant tant de perfection, ébahi par tant de souplesse et de fluidité jamais atteintes auparavant. Le jeu se compose certes uniquement d’écrans fixes sans scrolling, mais les déplacements des personnages sont à tomber par terre.
Armakuni est un redoutable guerrier. Au début, il se bat sans arme avec ses pieds et poings. Heureusement il amassera des armes comme une épée, un nunchaku, un long bâton de bambou, des bombes et des shurikens. Selon l’arme qu’il tient en main, il réalisera des figures et attaques différentes. Armakuni ne se sent pas obligé d’affronter tous les combattants qu’il rencontre. Au contraire, sans arme au départ, il est préférable de fuir devant l’ennemi. Attaquer devient raisonnable après l’acquisition d’une arme. Les combats sont d’abord laborieux à cause d’une maniabilité complexe. En effet, les joysticks du Commodore 64 ne possèdent qu’un unique bouton. Alors, afin d’exécuter des mouvements différents, une attaque résulte de la combinaison du bouton de tir avec une direction. Sans un réel apprentissage, cela devient vite un gros cafouillage. Cependant avec l’expérience et de la concentration, les prises sortent relativement facilement. De toute façon, cette maniabilité complexe est vite pardonnée face à la réalisation générale de qualité.
Armakuni ne va pas uniquement tuer les soldats de Kunitoki. Il doit également résoudre des énigmes pour débloquer des passages ou trouver le chemin vers le palace du shogun. En fouillant dans le décor ou sur les cadavres, le ninja peut prendre des objets. Par exemple, coincé dans un arbre se trouve un petit sac qui permet de ranger divers objets comme des clefs pour ouvrir des portes. Plus loin, un gant sera nécessaire pour attraper des objets piquants. Chaque stage comporte plusieurs énigmes qui nécessiteront d’explorer à fond les niveaux et d’opérer nombres de tentatives pour trouver la solution. Il suffit d’utiliser le bon objet au bon endroit. A condition de posséder ce précieux élément. En effet, la progression bloque souvent à cause d’un article manquant. Mais lequel ? Il faut tout recommencer et être plus observateur afin d’obtenir le sésame.
Armakuni est relativement guidé dans son périple. Il se déplace sur un chemin et ne peut marcher sur les bas-côtés sans explorer l’écran en entier. Pourtant aucune sensation d’emprisonnement n’envahit le joueur. Les parcours se subdivisent suffisamment pour donner assez de liberté. Ils deviennent même carrément labyrinthiques pour éloigner tout aspect linéaire. Un bon et long voyage en perceptive.
The Last Ninja n’est pas qu’un simple beat them all qui se limite à exterminer ses adversaires. Il acquiert une profondeur par son esthétisme fabuleux et par une pointe d’aventure.