IO : Into Oblivion est un shoot them up horizontal des plus classiques avec une ambiance science-fiction très austère. Vous êtes tout de suite dans le bain dès le début du premier niveau. Un croiseur largue brutalement votre appareil au milieu d’un monde sombre et glauque. L’arrière-plan noir efface le doux éclat de quelques étoiles solitaires. Puis les décors aux couleurs froides renforcent l’atmosphère lugubre dégagée par ce titre. Vous évoluez dans un complexe métallique Hi-Tech remarquablement bien dessiné. Par comparaison, ce premier stage reprend, en plus terne, le design du premier level de R-Type sorti la même année. Ensuite, le monde suivant change radicalement d’ambiance en proposant un univers dominé par une faune et une flore agressives qui rappellent immanquablement les œuvres de HR Giger. Certains éléments semblent nettement inspirés du film Alien – le huitième passager, comme les énormes œufs à l’origine du cycle de vie des monstres. Les couleurs choisies dans les tons verts transmettent un effet angoissant certain, qui s’allie parfaitement à la difficulté du soft. Chacun des 4 mondes possède sa propre atmosphère grâce à la dominance des couleurs froides distinctes selon le niveau. Seul le troisième, qui arbore des collines aussi rouges que notre planète voisine Mars, pourrait être plus chaleureux de par ses couleurs. Au contraire, il y règne un climat glaçant à la mesure de l’hostilité des ennemis.
Le paragraphe ci-dessus n’explique peut-être pas clairement la particularité de ce shoot them up, car la force d’IO provient de ses graphismes étonnants qui lui confèrent une âme singulière. Le jeu n’est sans doute pas le plus coloré du C64, cependant la finesse des décors crée un esthétisme qui ne laisse personne insensible. Cette sensation oppressante qui s’en dégage est renforcée par une difficulté atroce. 4 niveaux seulement composent ce logiciel, pourtant il ne se termine pas en un clin d’œil. Arriver au premier boss représente déjà un bel exploit. Votre appareil équipé d’une unique arme, qui n’évolue que très peu, suffit tout juste pour combattre. Il ne possède ni laser, ni super bombe. Les bonus verts augmentent d’abord la fréquence des tirs, ensuite ils apportent 2 modules maximum, un au-dessus du vaisseau et l’autre en dessous. Ces derniers tirent également et offrent une puissance de feu assez conséquente. De plus, ils protègent le vaisseau 2 fois contre les projectiles de faible intensité. En fait, au max le vaisseau dépote pas mal et nettoie bien l’écran même avec un armement limité. La difficulté extrême de ce shoot provient effectivement de la lenteur de l’engin. Les ennemis bougent trop vite et annulent les avantages des réflexes les plus rapides. Afin d’avancer sans dommage, vous devez être placé au bon endroit au bon moment avant que les méchants ne surgissent. Vous progressez donc très lentement car il faut tout apprendre par cœur, comme dans tous les bons shoots d’antan.
Le navire a beau être lent, il se manie à merveille, il réagit immédiatement à vos sollicitations, car l’animation est toujours fluide. On ne note aucun ralentissement ni clignotement. La plupart des ennemis ont la même taille que votre appareil. Il s’agit également de vaisseaux (soucoupes, avions, navettes, bombardiers…) qui volent généralement en formation, tandis que des canons (mécaniques ou biologiques) accrochés aux parois vous canardent. Leurs dimensions honorables sans être impressionnantes ne surchargent pas le processeur qui travaille tranquillement. Néanmoins, à certains passages, un immense serpent long comme l’écran danse dans tous les sens avec une rapidité et une souplesse stupéfiantes. Même lors de ces instants, la maniabilité ne subit pas de dégradations puisque l’animation reste constante. Sans défaut. Le jeu possède également un mode 2 joueurs, mais ne rêvez pas trop, vous prendrez la manette à tour de rôle.
Dernier point, l’aspect sonore relativement restreint. Seule l’introduction est agrémentée d’une musique rythmée et fort sympathique. Ensuite l’ensemble des stages ne diffuse aucun musique, seulement des bruitages résultant de vos actions. Ce manque renforce encore l’ambiance glauque et austère de ce jeu.