Pourquoi ne pas mettre un 0 à Custer’s Revenge ? me diront les personnes averties (qui en valent donc 2) et bien je vais tenter d’expliquer le comment du pourquoi et si je ne trouve pas d’excuse valable et bien j’irai bouder au coin avec un bonnet d’âne.
KEZAKO:
Commençons par la question traditionnelle, c’est quoi ce jeu ?
- Le General George Armstrong Custer, « héros » de la guerre de Sécession et des guerres contre les indiens, réputés pour sa phrase douteuse (pour ne pas dire autre chose) « un bon indien est un indien mort » trouve la mort en 1876 face au chef Sioux « Lame White Man » (qui décèdera également pendant la bataille), dans un véritable carnage : la bataille de little big horn dont on peut difficilement dire qu’elle fut une victoire pour l’un des deux camps.
Custer restera un odieux personnage iconique du racisme anti-indiens, un personnage détestable mais intéressant (et qui honnêtement n’était pas le seul gars d’une morale franchement douteuse par là-bas à cette époque).
Imaginons un jeu (peut-être dans la veine de North and South) retraçant la bataille épique de little big horn … un wargame décoiffant où l’armée américaine et les Sioux se livreraient un combat désespéré … ET BIEN CUSTER’S REVENGE N’A RIEN A VOIR AVEC ÇA !
Nous nous trouvons ici face à un jeu de viol fort crétin où Custer prend sa revanche sur les Sioux en agressant une malheureuse Squaw ligotée à un poteau.
Son objectif, esquiver des flèches pour atteindre la pauvre jeune femme et commettre son larcin.
UN JEU FABRIQUÉ AVEC DU CACA
Sorti en 82 sur Atari 2600, Custer’s Revenge est considéré par certains comme « le pire jeu jamais réalisé » … personnellement je n’irai pas jusque là étant donné les nombreuses et monstrueuses daubes obscènes dont regorgeait l’Atari avant l’avènement de la censure dans le monde du jeu vidéo.
Mais plusieurs choses le font particulièrement dénoter par rapport aux autres jeux cochons de la machine.
Il s’agit purement et simplement d’un jeu DE VIOL et comme si cela ne suffisait pas il s’agit d’un jeu raciste.
A la décharge de Custer’s Revenge, il est évident qu’à l’origine il s’agit d’une « blague » … mais une blague de vraiment TRES mauvais goût, de l’humour au Zème degré qui ne fait pas que jouer avec le feu, ici les programmeurs jouent sans complexe avec le napalm ou l’uranium appauvri.
Naissance de la censure vidéo ludique:
L’avantage que l’on peut y trouver c’est que ce jeu tira la sonnette d’alarme d’une censure franchement bienvenue et qui en un sens justifiera aussi un certain « contrôle qualité » des produits proposés à la vente sur console (un peu moins sur PC pendant un temps à mon sens … mais ça c’est un avis partisan de gros enquiquineur).
Ce ne fut bien sûr pas la raison directe qui poussa par exemple Nintendo à créer son fameux logo d’appellation contrôlée mais ce fut une réaction très saine pour effacer une trop large tendance au « pipi caca » pornographique dans le monde du jeu vidéo.
Chasse d’eau dans les jeux vidéos:
Détruire la tendance au « pipi caca » cela permet aussi (en partie) de supprimer un pan entier des « daubes ». Pensons (à titre de comparaison) aux jeux flash qui pullulent sur le net, si une partie de la production a toujours été d’excellente qualité et qu’aujourd’hui des titres géniaux existent (notamment en matière d’érotisme, le genre n’étant pas nécessairement synonyme de « merde »), il est cependant fort regrettable de constater qu’énormément de petits jeux que l’on a pus trouver au départ n’étaient qu’un enchaînement de saletés aussi inventives que des flatulences … la faute sans doute à une absence quasi complète de contrôle.
Quand les « créateurs » ne savent pas quoi faire ou n’ont aucune exigence et aucun contrôle, il n’est pas rare qu’ils passent des heures à élaborer des cochonneries misogynes et des merdes diverses. L’ironie c’est qu’alors ce sont des titres franchement minables conceptuellement qui atteignent parfois les sommets … je pense notamment aux production NEWGROUNDS dont certaines, monumentalement creuses, se sont tout de même révélées être ce qui se faisait de mieux en la matière et ont aujourd’hui un statut « culte » quand bien même à l’époque c’était juste du caca « moins pire » que le reste.
Les efforts des programmeurs ne pourraient-ils pas être focalisés sur de bons projets ?
Et bien SI !
Honnêtement, une production érotique un peu « contrôlée », de qualité et disposant d’un système de classement comme il en existe à présent, moi je trouverais ça très bien … mais ce n’est pas comme ça que ça se passe et ça n’a jamais été le cas. L’érotisme (ou la pornographie) dans le domaine du jeu vidéo n’a que quelques rares « bons » représentants très confidentiels, le reste n’a toujours été qu’un étalage assez révulsant de toutes les crétineries d’un humour (ou pas) très douteux que des programmeurs zinzins en manque d’inspiration avaient en tête.
Custer a un mérite cependant, pour un jeu de ce genre, il n’est pas trop bâclé techniquement et point de vue gameplay … mais heuuuu … pourquoi je dis ça moi … bon mais c’est vrai quoi, on a vu pire, il faut rendre à César ce qui est à César … et à Custer ce qui est à Custer.
Techniquement (et tout l’toutim):
Bon ce n’est pas beau mais on a vu beaucoup plus laid sur Atari 2600, les graphismes colorés et les sprites de bonne taille figurent bien un désert façon Lucky Luke (mon dieu, Morris se retourne dans sa tombe), on a même droit à une petite animation dans le décor, un nuage de fumée s’élevant d’une tente indienne. On devine aussi sur le visage de Custer un air narquois bien dans l’ton. Sans parler de l’animation simpliste en 2 images mais qui a le don de faire rire, je pense en particulier à la zigounette ballotante (en 3 pixels) de Custer quand il marche. L’opulente Squaw que n’aurait pas renié Russ Meyer et Robert Crumb évoque aussi un cartoon érotique délirant et c’est vrai qu’en un sens il ne manque qu’une musique déjantée pour que ce jeu imbécile se retrouve entre SuperVixens (de Russ) ou Fritz the Cat (de Crumb). Bon mais je digresse bien fort …
Ce n’est donc pas (vraiment) moche !! si on replace ça dans son contexte.
Ceci mis à part l’action est fluide et rapide, esquiver les flèches n’est pas forcément évident et les gameover décrochent généralement des fous rires.
Si je dis que le jeu n’est pas vraiment une daube c’est bien parce que voilà, en un sens il fait mouche, il a été conçu au Zème degré et pris comme tel il est efficace.
Le jeu est plutôt jouable (enfin pour le peu qu’il y a à faire) et réactif. On rit bien jusqu’au viol définitivement « too much » qui fait gagner des points au joueur tout en déclenchant ironiquement la musique de la cavalerie (houlalalala c’est louuuuuuuuurd). Ne venez pas me dire qu’on a rien revu de comparable depuis (cf. le génial « Conker Bad Fur Day » parallèle vidéo-ludique des « Feebles » de Peter Jackson, ou encore les scènes de sexe ridicules de « God of War ») … mais nulle part la blague salace n’a plus jamais été aussi frontalement affichée.
La difficulté du jeu est bien corsée, il est possible d’ailleurs d’accéder à un mode où d’horribles cactus vous barrent la route en apparaissant et disparaissant à intervalles régulier (sans doute des mirages). Les parties sont plutôt brèves et avec des potes (et pas mal de litres de bières) on aura tôt fait de jouer tout embarrassé en essayant de faire le meilleur score (avant de s’en détourner honteux et rigolard pour plutôt se faire du Street Fighter).
Une déclinaison du jeu existe aussi, cette fois-ci c’est l’Indienne qui viole Custer, cette version qui ressemble presque à une excuse et qui propose une alternative où les femmes ont le dessus, n’est pas unique en son genre puisqu’on trouvera aussi par exemple les (horribles) jeux « bachelor » et « bachelorette » ou encore « knight on the town » où un chevalier esquive divers pièges pour retrouver sa tendre et chère, proposé dans une variante où la princesse vient retrouver son doux.
Tiens mais justement, à titre comparatif mais sans m’attarder trop longtemps sur « knight on the town », ce dernier, officiant dans la même veine caca boudin que Custer n’a pas fait autant de remue ménage, grâce peut-être à un coté plus bon enfant, de plus, son concept plus rigolo et complexe lui garanti une meilleure durée de vie (si tant est qu’il y en ai une dans ces jeux somme tout très basiques). Mais Knight est plus agaçant à jouer à la longue et personnellement je le trouve plus laid.
Comme quoi Custer, avec son concept simple et ses graphismes ultra typés possède vraiment une indéniable personnalité et un « charme » (hum hum) bien à lui.
Mais trêve de flatteries sur ce jeu con ! C’était la minute indulgente de Strider.
Conclusion:
C’est pour sa réalisation correcte (+1) et son aspect historique (+1) que je colle à Custer’s Revenge un magnifique 2 (1+1=2 , 0+0=la tête à toto).
S’il s’agit effectivement de l’un des plus célèbres jeux pourris du monde et de ce fait de l’un des pires qui ai marqué l’épopée vidéo-ludique, il importe de connaître son histoire, de s’interroger sur la censure qu’il a entraîné et de voir qu’aujourd’hui encore, le domaine faussement moribond auquel il appartient (la pornographie) n’a finalement que très peu changé, la pédophilie, la misogynie et la violence y étant encore largement de mise.
Custer’s Revenge … un gros caca mais un vrai morceau d’histoire vidéo-ludique.