Adieu, aventurier gracile gambadant dans les donjons
En l’absence du sultan, le grand vizir Jaffar règne tyranniquement sur le peuple. Un seul obstacle sépare encore Jaffar du trône : la splendide jeune fille du sultan qui, si elle venait à épouser quelqu’un, ferait de son mari le vrai successeur du sultan.
Jaffar lui donne donc un choix à faire : l’épouser, lui, ou mourir dans l’heure. Tous les espoirs de la princesse reposent maintenant dans les mains du brave jeune homme qu’elle aime. Ce qu’elle ignore, c’est que Jaffar l’a déjà emprisonné dans ses cachots.
Voilà le résumé de l’intrigue telle qu’elle est présentée au début du jeu. Vous êtes le brave jeune homme en question, et comme vous l’avez sûrement déjà deviné, votre but sera de vous enfuir des cachots et de rejoindre la princesse en moins d’une heure, afin de l’épouser et de vivre heureux, tout ça, tout ça…
Soixante minutes chrono
Vous devrez donc explorer avec précaution quatorze niveaux afin de trouver la sortie, esquivant maints pièges plus mortels les uns que les autres et combattant à mort les terribles gardes du vizir.
Le premier niveau est une formalité et vous enseigne les bases. À savoir que tomber de trop haut vous fait perdre de l’énergie, et que tomber de très haut vous tue directement. Rapidement, vous mettrez la main sur une épée qui vous permettra de tuer le garde devant la sortie permettant d’accéder au niveau suivant.
Le second niveau vous fera livrer plusieurs combats faciles, avant la première grande difficulté : un garde vous tuant avant que vous n’ayez pu dégainer votre épée. Mais bon, deux solutions existent pour le passer et aucune n’est particulièrement difficile à trouver ni à mettre en œuvre.
Non. L’enfer commence au niveau 3. Trouver la sortie est facile, mais il n’existe AUCUN moyen d’accéder au mécanisme permettant l’ouverture de cette satanée porte ! Enfin, pour être franc, aucun à première vue. Et c’est là que vos neurones vont commencer à chauffer… Comment ouvrir cette **CENSURÉ** de porte ?! Bon, de nos jours avec Internet, c’est facile de trouver l’astuce, mais imaginez à l’époque l’enfer que c’était… surtout que ce n’est que le début ! Les pièges deviennent de plus en plus vicieux et retors, vous tuant à la moindre erreur.
Sur une échelle de 1 à 10, le machiavélisme de certains passages atteint facilement 12.
Mais soyons honnête : évident ou pas, il y a toujours un moyen de s’en sortir… Même si, à cause d’une maniabilité un peu particulière, certains passages s’avèrent encore plus difficiles que prévu.
La seule chose ‘compensant’ la difficulté est le fait que vous ayez un nombre de vies infinies ; vous pouvez mourir autant de fois que vous voulez. À chaque décès, vous revenez au début du niveau en cours, que vous devez bien sûr totalement recommencer. À première vue, on se dit que c’est sympa… Le problème c’est que l’heure, elle, elle continue à tourner… Et lorsqu’après avoir passé cinquante-sept minutes pour franchir les cinq premiers niveaux, sachant qu’il vous en reste encore neuf encore plus difficiles et tordus à traverser en trois minutes, vous vous doutez que ce n’est cette fois-là que vous allez réussir, eh zou ! on repart du premier niveau… Une chance que de nos jours on puisse, avec les émulateurs, sauvegarder le jeu en cours de partie. Cela rend la difficulté un peu plus humaine.
Aladdin on Ice
Non seulement le jeu est extrêmement difficile, mais en plus notre héros se prend pour Philipe Candéloro, et se met à glisser sur plusieurs mètres à la plus petite sollicitation du joystick. Et donc, par habitude, en voulant avancer précautionneusement, vous vous jetterez à la place dans le piège mortel placé juste devant vous ! Il vous faudra apprendre à utiliser le bouton action pour marcher prudemment, afin de vous placer correctement pour éviter un obstacle.
Avant de tester Prince of Persia sur Atari ST j’y avais joué sur Amstrad CPC, où l’effet ‘glisse’ est quasiment inexistant, et je trouve triste qu’un jeu sur ordinateur 16 bits soit moins maniable que sur un 8 bits.
À part ce défaut, on ne peut pas critiquer grand-chose d’autre niveau maniabilité : le héros court, marche, saute et se bat d’une manière quasi instinctive. Que du bonheur.
Niveau décors, ne vous attendez pas à un miracle : ceux-ci sont très répétitifs. Ce sont les mêmes blocs de pierre qui reviennent encore et encore et encore et encore… Mais dans le feu de l’action, de toute façon, vous n’y ferez pas attention.
De même, les objets bonus se comptent sur les doigts d’une main amputée : l’épée que vous récupérez au premier niveau, des potions rouges vous redonnant un point de vie, et de grosses potions rouges augmentant votre maximum total de points de vie. Comme vous ne débutez qu’avec trois de ces derniers et que la moindre blessure douloureuse ne vous tuant pas instantanément vous fait perdre au moins un point, ce n’est pas du luxe de les trouver pour les boire, même si parfois il faut faire un petit détour, et prendre tout un tas de risques mortels, pour pouvoir goûter à la précieuse potion.
Vous avez aussi droit aux potions bleues, qui vous font perdre de la vie si vous les buvez… le piège à cons de base, quoi.
Ajoutez à cela une petite souris amicale et un doppelganger qui vous pourrira (encore plus) la vie, et vous obtenez un jeu qui marqua les années 90 et qui est encore intéressant à jouer de nos jours.
Retiens ta main mon doux prince
Graphisme : Les personnages sont très bien faits. Les décors sont un peu répétitifs, mais dans le feu de l’action on n’y fait pas attention.
Son : Juste passable. La musique d’introduction a été digitalisée, et on entend clairement un bruit blanc dessus qui ruine un peu l’ambiance. Sans compter que, de toute façon, je n’aime pas le thème musical. En cours de partie, la musique est absente sauf lorsque vous tuez un ennemi ou prenez un objet. À ce moment retentit un petit jingle, relativement ennuyeux car vous devez attendre sa fin avant de pouvoir continuer à jouer ! Du côté des bruitages, ils sont corrects.
Animation : C’est fluide, c’est beau, c’est parfait. On ne peut que regretter (mais bon, c’est le cas de toutes les versions du jeu) qu’il n’y ait pas de scrolling et que l’on passe abruptement d’un écran à l’autre.
Difficulté : C’est dur. Le jeu ne fait preuve d’aucune pitié à votre égard ; la moindre erreur est sanctionnée. Néanmoins, il peut être terminé largement en moins d’une heure… si on le connaît bien.
Richesse : Avec jusque quelques plates-formes et des bonus ne se comptant même pas sur les doigts d’une main, on pourrait dire que ce jeu n’a pas grand-chose. Mais non : sa richesse provient des énigmes et des pièges qu’il vous faudra déjouer pour progresser. À aucun moment on n’a l’impression de refaire la même chose encore et encore.
Ergonomie : Le héros répond au doigt et à l’œil, sans temps mort. Quel dommage que son pas de base le propulse d’une dizaine de mètres à chaque fois.
Scénario : La princesse en détresse… encore… quelle originalité…
Longévité : Théoriquement le jeu se finit en même pas une heure. Mais pour en voir le bout, il vous faudra des jours voire des mois, si vous tenez jusque là.
En bref : Une fois n’est pas coutume, je trouve la version Amstrad CPC du jeu largement supérieure à celle-ci. Certes, sur Atari ST les graphismes sont largement meilleurs, mais il manque cette petite touche de perfection au niveau de la jouabilité qui se trouve sur la version 8 bits. Néanmoins, regardez ma note et ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : Prince of Persia sur Atari ST reste un excellent jeu de plates-formes/réflexion.