C’est dès 1989, contrairement à ce que la beauté de la capture d’écran pourrait laisser croire, que Jaleco sort The Lord of King sur son surpuissant Mega System 1-A. « Quel rapport avec le jeu qui nous intéresse aujourd’hui ? » vous demandez-vous. Eh bien il s’agit tout simplement du titre japonais de The Astyanax, un jeu signé Aicom qui a aussi connu l’heur d’un portage sur NES la même année.
SOLIDE COMME UN ROC
Imaginez que vous soyez blond, un peu malingre, les cheveux longs et qu’en plus de toutes ces tares, vous vous prénomiez Roche. La vie ne serait pas facile, n’est-ce pas ? Alors imaginez qu’un beau jour vous trouviez la Hache de Feu coincée dans un rocher (un proche parent à vous, peut-être ?). Une arme capable de vous transformer en colossal guerrier. Qu’en feriez-vous ? Mais oui, bien entendu : vous vous en serviriez pour vous rendre au château Algerine, pour buter le seigneur-sorcier Algos et, dans la foulée, pour vous rendre dans la dimension de son dieu maléfique et massacrer ladite divinité. Ah, faut pas vous la faire à vous, hein ?
ON SE FEND LA GUEULE
The Astyanax est un jeu d’action/plates-formes qui vous rappellera sans nul doute Haunted Castle, le jeu d’arcade tiré de la série des Castlevania. D’ailleurs le héros a de faux airs de Simon Belmont, la couleur des cheveux et du pagne en moins. Bref, quoi qu’il en soit votre aventure vous conduira à travers six niveaux raisonnablement longs, ponctués d’un boss chacun.
À chaque stage son décorum et ses adversaires propres. De la forêt des hommes-sauterelles à la dimension des aliens (sans déconner, la ressemblance est troublante), vos pas vous conduiront également sur un pont en ruines peuplé de tritons, dans une caverne envahie de tatous ou encore sur un ascenseur primitif où vous attendent bon nombre de squelettes.
Et si les ennemis pullulent littéralement, vous, vous êtes tout seul. Heureusement, vous n’êtes pas la moitié d’un manche à couilles. Roche se dirige au stick et vous utilisez trois boutons : l’un d’entre eux permet de sauter, l’autre de filer des coups de hache et le dernier de réaliser une attaque magique, à condition de disposer de l’objet adéquat. Notez que la puissance de votre arme est dépendante d’une jauge verte située en bas d’écran : si vous martelez la touche d’attaque, vous ne laisserez pas assez de temps à cette jauge pour se remplir, et vos coups en seront moins puissants.
Le jeu vous incite donc à attendre le dernier moment avant de frapper. Ceci dit attention, parce que non seulement la moindre touche vous enlève un cran sur votre jauge de vie, qui n’en comporte que quatre, et ensuite parce qu’il ne faudra pas traîner, les niveaux étant chronométrés. En parallèle, de nombreux obstacles vous attendent, notamment des plates-formes instables ou encore des piques.
Ceci dit tout n’est pas contre vous non plus. Allez, arrêtez de jouer les paranoïaques, les développeurs ont aussi pensé à vous fournir un peu d’aide, sous la forme de stèles qui apparaissent sur le chemin juste après que vous soyez passé devant. Pour ceux qui ont du mal à se représenter la chose, dites-vous que c’est la même chose que les coffres de Ghouls ‘n Ghosts ou les joyaux de Jim Power. En détruisant ces stèles, vous récupèrerez des bonus de score, de quoi restaurer votre jauge de santé, ou encore les fameux rubis qui permettent de déclencher les attaques magiques.
BRILLANT DE MILLE FEUX
En dehors de son scénario aussi bateau que celui de la majorité des jeux d’arcade de l’époque, The Astyanax est une franche réussite. Tout d’abord, le jeu est excessivement beau. Vraiment, pour un jeu de la fin des années 80, on est surpris de se retrouver devant des graphismes d’une telle richesse, des décors aussi grandioses, des sprites énormes et des couleurs si belles. Et non seulement l’ensemble reste relativement fluide, sauf en cas de gros surnombre d’ennemis à l’écran, mais en plus de cela la bande-son, pour chiptune qu’elle soit, se veut résolument épique.
À cette réalisation démentielle s’ajoute une jouabilité pas particulièrement finaude, voire franchement bourrine, mais qui sied à merveille à un jeu de ce type. The Astyanax est très difficile, notamment sur les deux derniers niveaux, mais le jeu en vaut la chandelle tant il est plaisant à parcourir. Et pour en revenir à ma comparaison avec Haunted Castle, c’est le titre d’Aicom qui l’emporte sans aucune difficulté.