Tout a commencé avec Gradius en 1985, bientôt suivi de Salamander l’année d’après. Par la suite on a eu droit à des tas de Gradius, de Nemesis… Mais finalement, pas de Salamander 2. Du moins pas pendant dix ans. Et puis un beau jour, Konami voulant confirmer un système GX qui avait quand même accueilli Gokujyou Parodius, Sexy Parodius et TwinBee Yahoo entre autres, nous fait le coup du deuxième épisode perdu dans les tiroirs du R & D. Le jeu ne connaîtra pas de portage console directement, mais fera partie de la compilation Salamander Deluxe Pack, où il est accompagné du premier Salamander et de son portage Life Force.
LE SERPENT QUI SE MORD LA QUEUE
En vérité, Salamander 2 est moins une suite qu’un portage du premier volet. On y retrouve quasiment les mêmes spécificités que dans son aîné, et du peu que l’on en sait, la même histoire : vous dirigez le célèbre vaisseau Vic Viper (ou le Super Cobra pour le deuxième joueur), seul contre toute l’armée de Zelos, la terrible créature qui a décidé de boulotter l’univers. À vous de vous arranger pour ne pas finir en amuse-gueule.
UN PEU DE SANG FROID
Salamander 2 est un shoot ‘em up horizontal… Non pardon, Salamander 2 est un shoot ‘em up vertical… Mais non, horizontal ! T’es fou, toi ? Vertical ! Horizontal je te dis… Et moi vertical, je te réponds. Bon vous allez la fermer oui ? On s’entend plus écrire. Salamander 2 est, comme son prédécesseur qui introduisait ce principe dans la saga, un shmup à la fois horizontal et vertical. L’aventure comprend six niveaux, alternant les deux sens de jeu afin de varier les sensations. Chacun des stages est gardé par un boss, mais avant d’arriver jusqu’à lui vous devrez gérer les vagues d’ennemis et les traquenards planqués dans le décor.
Pour ce faire, vous dirigez votre vaisseau au stick sur toute la surface de l’écran (et même plus encore, car la largeur des niveaux verticaux est supérieure à la taille de l’écran) et tartinez le bouton de tir jusqu’à ce que mort (celle de vos ennemis ou de votre bouton) s’ensuive. Votre vaisseau est accompagné de modules qui vous suivent avec un léger temps de retard, formant une sorte d’appendice caudal (c’est pas pour me la péter « j’ai ouvert mon dico aujourd’hui », c’est parce que si j’avais écrit « queue » certains esprits mécréants l’auraient mal interprété), et tirent en même temps que vous.
Bien entendu, un bon shoot ‘em up ne serait rien sans un armement décent. La bonne nouvelle pour ceux qui n’ont jamais trop accroché à la barre de progression des Gradius, c’est que Salamander 2 est dans la droite lignée de Salamander (alors qu’a contrario Life Force, le remake de Salamander, reprenait la barre de Gradius). Les options sont donc de différentes formes, et il faudra récolter des bonus de rapidité pour aller plus vite, et des bonus d’armement pour changer de tir. Vous glanerez ainsi un laser frontal ou un tir plus large, voire une espèce d’onde de choc très efficace mais très lente. Mieux encore, en ramassant plusieurs fois le même type d’option, vous augmenterez la puissance de votre tir au maximum et pourrez ainsi obtenir une véritable arme de destruction massive pour une courte durée. Vous pourrez même sacrifier vos modules pour déclencher une attaque destructrice en cas de besoin.
Y’A PAS D’LÉZARD
La question est donc de savoir si Salamander 2 est une vraie suite ou un simple remake. Et dans le deuxième cas, s’il en vaut la peine. À vrai dire c’est bel et bien un remake, mais avec suffisamment d’apports pour en valoir la chandelle. Ou alors on peut le considérer comme une vraie suite, mais avec des clins d’œil tellement énormes que ça fleure l’auto-plagiat. Mais finalement qu’importe, parce que Salamander 2 est tellement bon que l’on en oublie tout sens critique.
Le jeu est pour commencer incroyablement beau. Les sempiternels décors techno-organiques y gagnent une dimension impressionnante grâce à la grande finesse des graphismes, à la fluidité des animations qui les rendrait presque vivants et, surtout, aux couleurs exagérées, presque dérangeantes, presque glauques. Loin de l’aspect cartoon des Parodius parus sur le même support, Salamander 2 y gagne un côté inquiétant, et épique à la fois grâce à une bande-son enlevée. Et puis il y a des effets de mise en scène intelligents, comme lorsque le premier boss du premier épisode, Golem, se fait bouffer sous nos yeux alors que l’on s’apprêtait à lui faire saigner les amygdales, persuadés que nous étions d’avoir à l’affronter de nouveau.
Mais Konami ne s’est pas contenté de produire un film de science-fiction interactif. Son jeu est limpide, fluide, naturel. Là où le premier Salamander était quand même foutrement rigide (mais c’était l’époque qui voulait ça), le Vic Viper se montre ici parfaitement maniable, et son arsenal s’épaissit de manière considérable. Ce n’est pas pour autant que le joueur pourra se prendre pour un démiurge. Il n’a pas droit de vie et de mort sur ses ennemis, et ces derniers se feront un plaisir de le lui rappeler. La difficulté est malgré tout moins élevée que dans un Gradius, non seulement parce que les continues sont infinis (à condition que vous rajoutiez des pièces à mesure, bien entendu), mais aussi parce que vous recommencez pile là où vous êtes mort, et non à un endroit pré-déterminé. L’aventure n’est pas non plus très longue mais ça, tout le monde s’en secoue les jumelles.
Nous voici donc devant l’un des tous meilleurs épisodes de l’immense saga. Plus abordable qu’un Gradius, plus nerveux que son grand frère, plus joli, plus amusant. Salamander 2, c’est un peu le Monsieur Plus de chez Konami. Oui, moi aussi il me semble que je l’ai déjà faite, celle-là. Faudrait que je tienne à jour un carnet de vannes.