Vous l’avez peut-être remarqué, j’aime bien commencer mes tests par un petit récapitulatif des jeux concernés. Leur historique, leurs créateurs, la concurrence de l’époque, la couleur du string de la vendeuse… Manque de bol, Recalhorn n’a jamais été mis à la vente. On ne saurait trop expliquer pourquoi, tant le jeu fut proche de la fin de son développement et tant il s’avérait franchement séduisant. Il était prévu pour tourner sur le fameux système Taito F3, celui-là même qui accueillit entre autres Puzzle Bobble 2 à 4, Darius Gaiden ou Gunlock. Bon sinon, je peux vous donner la couleur du caleçon du développeur, si vous voulez.
LA CHANSON DE ROLAND
Pas de mise en vente, ça veut dire aussi pas de distribution hors du pays d’origine. Et comme le pays en question est le Japon, la rom que l’on trouve sur la Toile est en toute logique bourrée de kanjis, ce qui ne va pas me faciliter la tâche pour vous expliquer l’histoire. Du peu que j’en ai compris, vous incarnez un gamin que ne renieraient pas les Enfants Perdus de Peter Pan. Et en parlant de Pan, le mioche est muni d’une flûte, ou plus exactement d’une corne (l’instrument). C’est grâce à cet ustensile qu’il compte libérer les animaux de la Forêt d’Émeraude, pris au piège et contrôlés par un affreux démon.
LE PORTEUR DE CORNE
Recalhorn est un jeu de plates-formes comme il n’en existe que trop peu en arcade. Du pur platformer à la Mario ou Sonic, dans cette bonne vieille 2D que nous, vieux cons aigris, chérissons tant. Pas de run ‘n gun, pas de jeu d’action, pas de beat ‘em all… Non, rien que de la course, des sauts et des coups de klaxon préhistorique.
L’aventure s’étale sur quatre mondes : la forêt, les fonds marins, la montagne et le château, des décors iconiques pour qui a l’habitude de ce genre de jeux. Quatre seulement ? Si fait, mais chacun est constitué de plusieurs portions. Chose amusante, à la fin de chaque section vous trouverez un parterre de fleurs, exactement comme dans le premier Sonic. Chacun des mondes est gardé par un boss, et il existe également des boss de mi-parcours situés comme il se doit à la moitié du chemin. Qu’il s’agisse de ces gardiens ou des adversaires de base, ce sont quasi exclusivement des animaux que vous affronterez.
Le reste du temps, vous devrez faire attention aux précipices, plates-formes instables, piques et autres pièges que de sadiques développeurs ont dressés sur votre route. Vous devrez également prendre garde au chronomètre qui, s’il arrive à zéro, vous prive de l’une de vos précieuses vies.
Et face à tous ces dangers, le joueur pourrait se sentir bien démuni avec son petit héros maigrichon. Mais ce serait compter sans les talents dont il fait preuve pour se sortir de toutes les situations périlleuses qui l’attendent (vous noterez que par rapport à mes tests habituels, où je me montre plutôt factuel, ici je brode comme un porc pour faire du remplissage). Vous dirigez ainsi votre personnage, vers la droite ou la gauche, au moyen du stick, et utilisez deux boutons : l’un permet de sauter, l’autre de souffler dans votre conque. La première action permet de se débarrasser d’un bon nombre d’ennemis, puisque tel un certain plombier moustachu de notre connaissance, votre héros est un adepte de l’essuyage de semelles sur la gueule de l’adversaire. Le coup de la conque, c’est une attaque plus directe qui permet de frapper les ennemis devant soi.
Par-dessus cette jouabilité un tantinet convenue, Taito n’a pas oublié de rajouter un système de bonus en tous genres. Enfin, en deux genres plus exactement : les joyaux que vous collecterez se cumulent jusqu’à hauteur de cent, vous gratifiant d’une vie supplémentaire lorsque vous atteignez ce palier ; et les cœurs permettent tout simplement de restaurer votre jauge d’énergie. En dehors de ce maigre butin, vous trouverez aussi des checkpoints sous forme de fleurs : si vous mourez, vous recommencerez votre parcours au niveau de la dernière fleur que vous aurez croisée.
L’APPEL DE LA NATURE
Recalhorn démontre une volonté de la part de Taito de revenir aux sources du genre. C’est clairement une sorte d’hommage (parce que quand un jeu est bien fait, on ne parle pas de plagiat mais d’hommage) aux stars de l’époque, Mario et Sonic en tête, et l’ambiance champêtre est pour le moins séduisante.
D’autant que la réalisation est éclatante. Les graphismes sont d’une grande finesse, les décors respirent le naturel et les couleurs sont adéquatement choisies. Globalement, la réalisation est très séduisante et seul le design de certains monstres, un peu ridicule, vient ternir cette belle impression. En outre, les animations restent parfaitement fluides du début à la fin, et la partie sonore est enjouée comme il se doit dans un jeu bon enfant.
Un jeu qui se veut d’ailleurs à la portée de tous. La maniabilité est d’une simplicité confondante, et d’ailleurs la difficulté est plutôt dans la moyenne basse. Jamais, au cours de l’aventure, un joueur aguerri ne pourrait être surpris par un piège ou un schéma d’attaque, tout est prévisible du début à la fin. Ce qui ne signifie pas que le jeu est raté, simplement qu’il manque d’imagination et n’était probablement destiné qu’à une cible plutôt jeune. Cela se confirme par le fait que l’aventure est plutôt courte, même pour un jeu d’arcade.
Malheureusement, Recalhorn n’est, en l’état, pas complètement jouable, ou en tout cas pas dans des conditions normales. S’il était quasiment terminé, il restait à régler de gigantesques bugs d’affichage, qui vont jusqu’à gêner le joueur. Je sais que le jeu est complet parce que je suis allé jusqu’au générique de fin, mais pour aller jusque là j’ai dû passer par les sauvegardes d’état, certaines portions du jeu nécessitant d’y aller au pifomètre parce que l’on ne voit rien !
Bien évidemment, on ne saurait juger la qualité du jeu sur le simple fait qu’il n’ait pas été fini. Recalhorn aurait pu être un jeu de qualité pour une clientèle jeune, mais pour une raison X ou Y, Taito a décidé qu’il ne serait tout simplement pas. C’est dommage, parce que ce type de jeux n’est pas monnaie courante en arcade.