Développé et édité par Sega. Version arcade. 1990.
Moonwalker est peut-être le sobriquet qui désigne le mieux l’artiste de légende qu’a été Michael Jackson, le Roi de la Pop, tragiquement décédé ce 25 juin 2009.
Moonwalker, c’est au départ un film musical, sorti en 1988, dont Michael tient la vedette. Peu de véritable scénario ; Mister Big a kidnappé des enfants, MJ vole à leur secours tout en moonwalkant frénétiquement au rythme de ses plus grands hits.
Moonwalker, c’est également un jeu vidéo, sorti dans la lignée du film et reprenant plus ou moins sa trame, et surtout ses musiques. UN jeu vidéo ? Pas exactement, on devrait plutôt parler de TROIS jeux vidéos.
UN MÊME TITRE MAIS 3 JEUX DIFFÉRENTS
Moonwalker est sorti sur 3 types de plates-formes :
sur Arcade, le jeu prend la forme d’un beat them all en vue 3D isométrique.
sur les consoles Sega de l’époque (Master System, Mega Drive et Game Gear), il est un beat them all / jeu de plate-forme en vue en 2D latérale. Il ressemble pas mal à Shinobi.
sur ordinateur, le soft est protéiforme, alternant niveaux d’exploration en vue aérienne et niveaux de combat en vue latérale.
Ainsi donc, chaque adaptation est assez différentiable des autres. Kenseiden s’est chargé de tester la version console (Mega Drive et Master System). J’ai déjà testé la version ordi en prenant l’Amstrad CPC comme support. Eh bien, c’est donc parti pour présenter la version arcade.
RENDEZ-VOUS AVEC LE FUN !
La version ordinateur a été très loin de m’emballer. Elle m’a même franchement lourdé, et j’ai vraiment dû me forcer pour jouer jusqu’à la fin. Les versions consoles n’ont pas non plus remporté beaucoup de suffrages auprès de la communauté des gamers. Moonwalker, tant film que jeu, a tout pour faire penser à une licence juteuse mais pourrie. Fort heureusement, le jeu arcade est de loin le plus réussi de tous, et montre comment une licence purement commerciale peut aussi créer un jeu super fun.
Il s’agit, comme je le disais, d’un beat them all multi-directionnel en 3D isométrique. Beat ou shoot en fait, car Michael utilise surtout une sorte de rayon laser, pour dégommer les méchants qui se dressent sur sa route au gré du scrolling. En restant appuyé sur le bouton de tir, il peut générer une boule d’énergie concentrée qui va faire plus de dégâts une fois relâchée. Au corps à corps, il va délaisser le laser pour partir dans un pas de danse rotatif, et gratifier d’une mandale tous les bandits du périmètre immédiat.
Il est fort ce Michael, non ? Et je ne vous ai pas dit le plus impressionnant : si Michael va à la rencontre de son chimpanzé préféré (généralement un peu avant les boss), il va se transformer en robot géant. Oh Michaeeeel te voilààààà ! Mécha Mike devient alors beaucoup plus puissant, il balance un double laser meurtrier, et en concentrant son tir, envoie carrément des missiles. Utile contre les ennemis de métal très résistants.
Mais je ne vous ai toujours pas dit le plus fort !! Entre 2 châtaignes ou rafales de laser, Bambi délivre des chtits n’enfants ligotés en bordure du chemin. Ceux-ci le remercient chaleureusement, en lui offrant soit un pack médical soit… l’objet smart dance. Cet item, également offert automatiquement dès que notre héros perd une vie, permet de lancer une attaque spéciale-ultime-de-la-mort-qui-tue. Cette attaque, c’est une ‘choré’ si entraînante que TOUS les ennemis à l’écran sont irrésistiblement obligés de la suivre. Les soldats, les robots, les zombies, les chiens et même les aspirateurs ambulants, tout le monde remue en cadence. La danse est ponctuée soit d’une onde de choc, soit d’un éclair, soit d’un lancer de chapeau. Dans tous les cas, tous les méchants à l’écran sont frappés et désintégrés sur le coup (à l’exception des ennemis vraiment résistants). La danse est bien faite et le moment est franchement hilarant.
A ce stade, vous avez logiquement dû fomenter que ni la cohérence de l’action, ni l’intérêt du scénario, ne sont les points forts du soft. C’est vraiment pas le but ! Mais je vais tout de même consacrer 2 lignes à l’histoire. Vous courez après M. Big au long de 5 niveaux (stages). Chaque stage étant composé de 3 zones (appelées rounds). Vous tapez tous les ennemis, délivrez les nenfants, essayez de rester en vie, et battez les boss de fin de niveau, jusqu’à parvenir à l’infâme Mister Big… pas le même que celui de Sex and the city rassure-toi Carrie. Une fois au tapis pour le compte, son « arme infernale détruite » comme dit l’épilogue, Michael se transforme cette fois en avion, et se casse. La classe. Simply la classe.
Il n’y a qu’un seul mode de jeu, mais par contre on peut jouer à 3 en même temps. Yes ! On aura alors jusqu’à 3 Michael dans l’arène, la couleur du costume permettra de les différencier. A plusieurs, c’est vraiment l’éclate. Signalons qu’avant un boss, il y aura autant de chimpanzés que de joueurs, pas de jaloux donc.
QUE DU BONHEUR POUR LES DOIGTS, LES YEUX ET LES OREILLES !
Moonwalker est fun, mais aussi agréable à jouer. C’est un réel plaisir de contrôler MJ, dont les mouvements sont délicieusement fluides. Le petit bémol que je mettrais, c’est que vous pouvez tirer dans 8 directions, et on a parfois du mal à diriger le tir sur qui on veut et pas juste à côté (notamment l’attaque concentrée).
Moonwalker est aussi beau. Les graphismes sont de qualité, les décors et les ennemis sont très, et très bien, colorés. Ces derniers sont assez variés qui plus est : loubards débraillés, gangsters en costume 3 pièces, soldats en combi, robots très Star Wars, zombies et goules décharnés, chiens enragés… les sprites des enfants sont très jolis eux aussi. Et Bambi a la classe dans son costume blanc de Smooth Criminal. Rien à redire. De son moonwalk, exécuté pendant la concentration de la boule d’énergie, à la chorégraphie préparant son attaque spéciale, en passant par les pas de danse qu’il effectue automatiquement s’il reste statique 3 secondes, il a vraiment la classe ! C’est du bon boulot ! Et j’oubliais le légendaire pas de moonwalk vu dans l’intro, seul dénominateur commun aux 3 versions de jeu.
L’environnement est assez varié : vous démarrez dans la rue, passez par un bar, une caverne et un cimetière pour finir dans la « forteresse du mal ». A noter, des écrans de transition originaux entre les stages : ils sont présentés sous forme d’images de BD défilant successivement. Ces images résument ou suggèrent l’intrigue : des enfants poursuivis par des soldats et criant « Help me ! », Mister Big qui rit aux éclats, Michael soucieux… j’aime bien le concept, perso. Puis avant de démarrer le niveau, on voit Big s’emparer d’un mioche et MJ qui lui crie systématiquement « Wouaaaah ! ». Il a de la conversation ce Michael…
Moonwalker est, enfin, agréable à écouter. Comme de bien entendu, les musiques de chaque niveau sont tirées de la discographie du Roi de la Pop, et plus précisément de ses albums Bad et Thriller. On a ainsi loisir d’écouter une 1ère version de Bad dans le niveau 1, Smooth Criminal dans le 2, Beat It dans le 3, Another Part of Me dans le 4 (mais pourquoi pas Thriller dans le niveau du cimetière, plutôt que cette chanson un brin insipide ?), et enfin une reprise de Bad dans le 5. On a enfin droit à Billie Jean en guise de chanson de fin de jeu.
Tous ces titres s’écoutent bien sûr avec grand plaisir, et contribuent à la belle ambiance du jeu.
La jeu n’est pas très long ; ça prend 20 minutes pour entendre Billie Jean.
Par contre, il est quand même assez dur. Enfin non, tout dépend du nombre de crédits que vous mettez dans la machine. A chacun de se fixer son propre challenge, quoi. Je conseillerais plutôt de blinder les crédits d’entrée de jeu, pour pouvoir profiter à fond du soft sans se prendre la tête. Mais il est clair que pour le finir en salle d’arcade, fallait allonger la thune…
La durée de vie est tout à fait correcte. Bon, une fois le jeu terminé, on ne vas pas y revenir tous les jours, mais une fois de temps en temps et, mieux, avec un ou deux potes, c’est toujours fendard. Surtout en cette période de deuil et d’hommage au Moonwalker…
RÉSUMÉ
Un très bon jeu d’arcade, très très fun, déjanté à souhait, agréable à jouer, avec une magnifique ambiance, de beaux graphismes, une bande-son composée de tubes légendaires, la possibilité de jouer à 3 en même temps (encore qu’avec un même clavier c’est pas super confortable), je crois que tout est dit. Se prendre pour le Roi de la Pop le temps d’une partie, exécuter ses pas de danse effrénés sans se casser la gueule ni avoir l’air ridicule, vaincre les méchants et sauver des enfants, c’est une expérience à vivre. Et puis un beat où, pour une fois, on ne frappe pas des gens à coups de batte et où on ne les tronçonne pas de la tête aux pieds, ben c’est pas plus mal finalement.
17/20 soit 9/10.