Martial Masters est un jeu vidéo Arcade publié par IGSen 2000 .

  • 2000
  • Beat them up

Test du jeu vidéo Martial Masters

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Peu connu dans nos contrées, du fait de ses origines taïwanaises qui l’ont privée d’une couverture mondiale, le système d’arcade PGM (pour Polygame Master) est l’œuvre de la société IGS, destinée à supplanter la Neo-Geo sur le territoire. Techniquement, il s’agit d’un MVS surboosté (les processeurs sont les mêmes mais leur cadence est au minimum doublée !) qui a tout de même reçu le soutien de Cave : la société y a publié ESPGaluda, Ketsui et DoDonPachi. Le reste des jeux sortis sur le support, sous la houlette d’IGS, est bien plus mystérieux pour nous autres occidentaux, mais pas moins intéressant pour autant.

IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE

De son nom originel (occidentalisé bien sûr) Xing Yi Quan, Martial Masters propose une histoire qui sonne forcément plus orientale qu’à l’accoutumée. À la fin de la dynastie Qin, l’Empire du Milieu rejette violemment tout ce qui vient de l’occident. Sous l’égide de la secte du Lotus Blanc et de son maître, la Chine se replie donc sur elle-même, et seules quelques voix discordantes s’autorisent à exprimer leur mécontentement (mais sans trop gueuler hein, ça reste la Chine). Parmi ces rebelles, considérés comme traîtres envers l’empereur, se trouve Maître Huang. Ce dernier reçoit un jour une invitation du Maître du Lotus mais tombe dans un piège et se retrouve emprisonné. Depuis ce jour, son clan du Dragon et le Lotus Blanc s’affrontent sans trêve.

TIGRE ET DRAGON

Martial Masters est un beat ‘em up en deux dimensions dans la mouvance des titres Capcom de la fin des années 90. Le jeu propose un panel de douze combattants, auxquels s’ajoutent un personnage secret et le boss final. Mais lors d’une partie standard, vous n’affronterez que huit personnages à la suite avant de faire face au boss.

Ces avatars ont des noms plutôt explicites, ce qui pourrait paraître un peu ridicule si l’on oubliait que ces pseudonymes sont occidentalisés et qu’à l’origine, ce devait être des noms bien plus exotiques comme Xinziang, Tonqin ou Yushaou, des noms que l’on s’attend plutôt à trouver sur des contremarques de médicaments en provenance de Hong-Kong. Enfin bref, on se doute que Red Snake pratique le style du serpent, que le Drunken Master utilise la technique de l’homme ivre ou encore que Monk est un moine bouddhiste. Alors quoi, celle qui s’appelle Crane serait donc une grue ?

Quoi qu’il en soit, chacun de ces personnages a droit à sa propre palette de coups normaux et spéciaux et à ses propres caractéristiques de vitesse, force… Tous se contrôlent par contre de la même manière, et vous disposez donc du stick pour vous diriger et de quatre boutons, deux étant dédiés aux coups de pied et deux aux coups de poing. Dans la mouvance des jeux de combat de l’époque, Martial Masters n’oublie pas d’implémenter toutes les petites techniques de base désormais inévitables, telles que le super saut (bas puis haut), les projections (l’un des petits coups plus le gros coup de pied) ou la roulade de récupération (arrière plus petits coups).

Et puis il en ajoute de nouvelles, comme le saut rapide (avant, avant, saut vers l’avant), et modifie un peu le principe d’autres, comme le Guard Cancel (les deux gros coups pendant une garde) qui permet de repousser l’attaquant. Cette dernière technique utilise un cran de la jauge de spécial qui, comme dans tous les beat ‘em up modernes (comprenez : ultérieurs à Super Street Fighter II Turbo), se remplit à mesure que vous frappez l’adversaire et permet de réaliser des méga-attaques de fou furieux.

Ici la jauge sert un peu de couteau suisse, tant elle permet de réaliser des tas et des tas de choses : les méga-attaques suscitées, dont les manipulations varient en fonction du personnage, mais aussi une technique totalement impunissable nommée Super Command Grab (demi-tour bas puis les deux petits coups), deux sortes de combo launchers - des attaques qui permettent de débuter un enchaînement - nommés Shadow Attacks (quart de tour avant ou arrière puis petit pied et gros poing), et encore plein d’autres réjouissances.

THE BIG BOSS

C’est un fait, Martial Masters est un titre véritablement superbe. Le PGM est un système vraiment balèze, et que ce soit au niveau de la finesse des sprites, de la richesse des environnements, de l’étendue de la palette de couleurs ou même des effets visuels, la Neo-Geo est clairement vaincue par K.O. À titre de comparaison, le jeu d’IGS rivalise sans trop de souci avec les rares productions destinées au CPS-3 de Capcom.

Cela se ressent également dans la fluidité des animations, qui n’a absolument rien à envier à celle des cadors du genre. Le seul point d’achoppement pourrait provenir de l’orientation artistique, uniquement graphique puisque la partie sonore n’est pas émulée, qui est clairement orientée envers le public asiatique. Pour peu que vous adhériez à cette sorte « d’exotisme », Martial Masters a de grandes chances de vous convaincre.

D’autant que le titre est tout aussi intéressant à jouer. Quand bien même la manière de jouer est véritablement inspirée de ce que l’on connaît déjà, ce soft propose néanmoins quelques originalités bienvenues, et fait surtout la part belle aux amateurs de combos, ce qui n’est pas un mal tant la plupart de ses concurrents de l’époque nous engluent dans une foire aux coups spéciaux simpliste.

Martial Masters est donc assez technique, et il faut d’ailleurs un petit temps d’adaptation afin de se refaire la main sur une façon de jouer que l’on avait presque oubliée. Le casting n’est pas très important, et il est certain que la valeur de rejouabilité en pâtit un peu, mais malgré tout on ne comptera pas les heures passées à se défier entre amateurs de mandales.

Martial Masters a donc tout pour lui, en dépit d’une sortie tardive et confidentielle. Ce n’est qu’une variation orientale des Street Fighter est consorts, au même titre que Demon Front et Oriental Legends, sur le même support, sont les déclinaisons respectives de Metal Slug et Final Fight, mais le jeu reste une alternative valable aux gros hits japonais que l’on connaît tous.

Martial Masters