La vie est belle, les oiseaux chantent et le ciel bleu-azur inonde la prairie de sa douce lumière. Arthur et sa dulcinée profitent de ces instants délicats en se prélassant sur l’herbe tendre d’un vert éclatant. Le roi, goûtant au bonheur, ne se doute pas une seconde du danger qui rôde et qui guette la moindre faille. Une énorme gargouille rouge, tirant avantage de cette négligence, bondit telle un aigle sur sa proie et emporte la princesse dans son antre des enfers, sous le regard du roi impuissant. Cependant, il ne se déclare pas vaincu, alors il enfile son armure, son casque, puis empoigne sa lance, pour latter tous les monstres qui se dresseront sur son chemin.
Ouuuuuuuuuuuh !
Qu’est-il donc arrivé à ce royaume autrefois tranquille ? La nuit est tombée sans crier gare, pourtant la prairie ne s’est pas endormie. Bien au contraire, les créatures des ténèbres ont envahi la contrée. Des morts-vivants sortent de terre à la recherche de chair fraîche, des corbeaux envoûtés foncent sur tout ce qui bouge, et de redoutables gargouilles virevoltent dans une danse macabre. Ghosts ‘n Goblins fait intervenir toutes les créatures maléfiques sorties des légendes médiévales. L’aventure se déroule bien au temps reculé des croisades, mais dans un monde totalement imaginaire et qui suit les règles du folklore occidental de l’époque.
Des méchants, très très méchants :
Nous n’allons pas nous laisser impressionner ou même abattre par des contes pour enfants ! Ce ne sont pas 3 ou 4 bestioles qui vont nous donner la chair de poule. Et pourtant … Toutes les hordes des enfers se sont excavées de leurs trous puants et sont parties à la conquête de la surface. Le roi Arthur aura grand peine à toutes les repousser. D’abord, parce qu’il n’est pas grandement armé et, ensuite car son armure ne le protège que trop faiblement. La première arme qu’il possède est une lance, certes rapide, légère, efficace, mais bien insuffisante face au grand nombre de monstres (il aurait fallu une sulfateuse !). Par hasard, notre preux chevalier (sans cheval) trouvera de nouvelles armes (bâtons enflammés, couteaux, haches …). Cependant, à quelques différences près, elles ont des caractéristiques identiques à celles de la lance. C’est-à-dire qu’elles possèdent toutes un gros défaut : elles ne se jettent pas verticalement. De plus, le jeu ne propose pas d’armes super-destructrices, qui auraient été fortement utiles contre les Boss, qui ne sont pas tous résistants mais extrêmement rapides. En fait, une seule arme possèderait un avantage par rapport aux autres : le bouclier. Arthur projette horizontalement un bouclier qui a une courte portée, mais en contrepartie il bloque toutes les attaques adverses. Ce qui sauve parfois la vie.
Nous en arrivons donc au point faible d’Arthur : ses mouvements raides. Notre brave homme, empli de tout le courage du monde, n’en reste pas moins un homme. Comparé à ses adversaires, il a donc des capacités physiques plus limitées : pas de sauts de 15 kilomètres de haut ou de long, ne vole pas et donc ne peut changer de direction lors d’un saut, ne court pas très vite, mais surtout semble gagné par la vieillesse car ses mouvements sont raides et rigides. La critique est certes facile, car la jeu date tout de même de 1985, en conséquence les caractéristiques techniques ne permettaient pas une animation souple. En fait, pour l’époque, la maniabilité du personnage figurait parmi les meilleures ; maintenant la raideur du personnage apporte en quelque sorte du charme au jeu. Néanmoins, la trop grande difficulté du soft et le manque de souplesse du personnage nous fait souvent nous arracher les cheveux. Qu’il est rageant de se faire toucher par un ennemi 10 fois plus rapide que nous, de voir venir le coup et de rester impuissant car Arthur ne peut esquiver l’attaque. Argh, ça énerve ! Nous savons tous que les jeux arcades sont hard, mais ce soft de Capcom est vraiment abusé. A partir du 4ième niveau, seul un devin pourra avancer sans trop d’embûches.
Tout est dans l’ambiance :
Graphismes : Sir Arthur débute sa besogne dans un cimetière, puis s’enfonce dans une forêt hantée par des spectres, avant d’atteindre un village fantôme, et enfin il plonge de plus en plus profondément dans le repaire souterrain des monstres. Si au départ les décors sont colorés tout en figurant un aspect lugubre, plus le roi progresse dans le jeu, plus les décors deviennent ternes, sombres et sans grande créativité. Ainsi, le dernier stage n’impressionne nullement par sa monotonie d’un gris pâle. Cependant, comme dans la majorité des bornes d’arcades, une personne normalement constituée ne parviendra généralement pas à traverser la moitié du jeu, celle qui reste la plus jolie en fait, même carrément impressionnante pour l’époque.
Son : Les musiques classiques du registre de l’épouvante collent évidemment à l’atmosphère du jeu. Bien que la sonorité de l’instrument principal ressemble à celle d’un clavecin (un piano de la Renaissance), elle ne choque pas, bien au contraire, et est même en accord avec l’ambiance moyenâgeuse. Les morceaux sont sympathiques, rythmés, mais peu variés. En effet, il y a une chanson pour 2 niveaux. Les bruitages, quant à eux, font seulement acte de présence en soulignant l’importance d’une action.
Animation : Comme dit précédemment, les mouvements du héros manquent de souplesse. Pourtant, il semble justement que ce soit cette rigidité qui rende l’action légèrement plus réaliste que dans les autres Beat Them All du même genre. A la place de réaliste, nous devrions plutôt dire que le jeu est moins bourrin que ses congénères qui mêlent plates-formes et castagne. A part cela, le soft ne souffre pas de défaut de l’animation, les tailles des sprites aidant sûrement. En effet, il n’y a que les Boss qui sont représentés par un sprite plus gros que le héros.
Durée de vie : L’atroce difficulté a tendance à rebuter le joueur lambda. Si les 2 premiers niveaux restent faisables, les prochains donnent énormément de fil à retordre devenant presque injouables, à moins de faire un prêt pour liquider son argent dans les crédits (ou simplement d’appuyer sur la touche 5 ). C’est ainsi dans la majorité des jeux sur arcade, soit on s’y fait et on essaye de garder son sang froid pour traverser les moments difficiles, soit on s’énerve de plus en plus pour finir par laisser tomber le jeu.