Connu mais pas toujours reconnu à sa juste valeur, Data East est pourtant à l’origine de quelques jeux d’arcade vraiment réussis, où l’action débridée le dispute à un humour souvent décalé. Trio the Punch ou Boogie Wings en sont de bons exemples, dans leurs genres respectifs. Et si le titre du jeu qui nous intéresse aujourd’hui pourrait vous faire penser à un film avec Stallone - qui a d’ailleurs connu lui-même quelques adaptations vidéoludiques - c’est plutôt du côté d’Indiana Jones qu’il vous faut regarder.
ARE YOU READY, EDDIE RANDY ? GO !
Nous sommes dans les années 30, quelque part en Europe. Un laboratoire de recherche travaille sur une puissante arme de destruction massive pour le compte de l’armée du Dark Ogre, général sans pitié. Mais un beau jour, l’un des scientifiques s’enfuit avec la pierre de faîte de l’appareil, un cristal, et le confie à sa petite-fille Charlotte. Bien entendu, le Dark Ogre ne tarde pas à capturer le savant et à lui faire avouer même ce qu’il ne sait pas. Il lance ensuite son armée à la recherche de la jeune femme…
Pendant ce temps-là, Edward Randy s’apprête à se rendre à son premier rendez-vous avec la séduisante Jennifer. C’est malheureusement le moment que choisit Charlotte pour débarquer dans sa vie, et cela va l’entraîner dans bien des mésaventures.
UN BON COUP DE FOUET
Edward Randy : The Cliffhanger est un jeu d’action/plates-formes en deux dimensions. L’aventure se compose de sept niveaux, nombre d’entre eux - mais pas tous - se concluant par le face-à-face avec un boss. Ces derniers sont pourvus d’un certain nombre de points de vie (comme dans un RPG), de plus en plus important à chaque boss, et à chaque coup qu’ils encaissent, ils en perdent une partie. Votre héros (ou son clone si vous jouez à deux) est lui aussi pourvu d’un nombre de points de vie qui augmente à chaque ennemi tué - c’est à la fois votre score et votre jauge de vie - et diminue à chaque coup encaissé.
Les stages sont un peu particuliers : vous pouvez aussi bien vous y battre sur un bateau, à travers des canaux semblables à ceux de Venise, que dans les airs, accroché tant bien que mal aux ailes d’un biplan, ou encore sur la route au volant de votre vieux tacot. Le jeu alterne ainsi les phases vues de profil et celles vues de face, bien que les plates-formes (ou assimilées) soient toujours vues de côté.
Edward Randy se dirige au moyen du joystick et vous disposez de deux boutons, l’un pour sauter et l’autre pour faire usage de votre fouet. Il est possible de frapper dans les huit directions, de s’accroupir (bas), de faire une glissade (saut + direction droite, bas-droite, bas-gauche ou gauche), de courir (direction haut-droite ou haut-gauche) ou encore d’écraser ses adversaires (bas durant un saut).
Mais le fouet ne fait pas office que d’arme, puisqu’il vous sert également à vous suspendre à un élément du décor, pour peu que vous l’ayez visé avant de presser le bouton d’attaque. Mieux encore : une fois bien arrimé, il est possible de se balancer en imprimant un mouvement au joystick vers la droite ou la gauche. Vous êtes invulnérable tant que vous vous balancez mais attention : vous ne pouvez vous balancer que quatre fois avant qu’Edward ne décroche.
Concernant les traditionnels objets bonus à ramasser, c’est bien simple : ici il n’y en a pas ! Comme indiqué précédemment, votre énergie dépend directement des coups que vous avez mis aux soldats adverses. Les vies ? Ben vous en avez une et une seule. Eh bah quoi, vous êtes pas un chat, si ?! Vous avez néanmoins droit à un continue à chaque fois que vous insérez une pièce dans la borne, encore heureux. Quant aux augmentations de puissance, invincibilité temporaire et autres joyeusetés que l’on rencontre d’habitude dans ce type de jeu, eh bien oubliez, tout simplement.
LA ROUTE EST LONGUE ET LA PENTE EST RAIDE
Edward Randy : The Cliffhanger est non seulement très agréable à l’œil, mais aussi pourvu d’une ambiance bien à lui. Certes, il vous rappellera immanquablement un gentil mélange entre Indiana Jones et Hudson Hawke, mais c’est sans doute cela qui fait son charme.
Techniquement en tout cas, rien à redire. Les graphismes sont fins, les couleurs sont vives, la bande sonore est remuante à souhait, mais c’est avant tout au niveau des animations que le jeu est bluffant : changement de plan 2D/simili-3D, effets de zoom, rythme virulent… Et si ce n’était que ça ! Entre les soldats qui semblent passer à travers l’écran lorsque vous les éjectez (comme dans Turtles in Time sur Super NES), la foultitude de sprites qui bougent en même temps, les déformations façon Mode 7 et les explosions dans tous les sens, on en vient parfois à se demander qui fait quoi tellement c’est le foutoir.
Heureusement, la maniabilité est très simple à appréhender, et l’on se rend vite compte que le balancement avec le fouet représente l’arme ultime pour traverser le jeu sans trop de dégâts. Du coup, hormis lorsqu’il s’agit d’affronter certains boss, le jeu est plutôt facile et c’est probablement ce qui le dessert le plus. Parce que les niveaux ne sont ni très longs, ni très nombreux, l’aventure se boucle en une poignée de minutes. Heureusement pour Edward Randy, cette même aventure est suffisamment sympathique pour que l’on ait envie d’y revenir souvent.