Quand on a par hasard pondu un titre de renommée interplanétaire avec un scénario mis sur pattes en moins de 10 secondes, on aurait tort de se priver de sortir une suite presque à l’identique dans la foulée, afin de ramasser un max de blé.
Fort de ce principe tout à fait respectable, Technos Japan Corp. a alors lancé, tenez-vous bien… Double Dragon II : The Revenge, soit la « Vengeance », plus que la « Revanche », histoire de se démarquer totalement de Rocky II.
On notera que 20 ans après, les scénaristes n’ont toujours pas réussi à renouveler leurs titres, en témoigne la suite d’un blockbuster nommée Transformers II : The Revenge.
L’effort de renouveau scénaristique se retrouve aussi complètement dans la trame du jeu, puisque les Black Shadow Warriors n’ont cette fois-ci pas kidnappé Marion, non… ils l’ont carrément abattue ! C’est ainsi que les jumeaux, Billy et Jimmy Lee, repartent au front pour nettoyer leur quartier de la vermine ambulante à coups de masse. Il leur faudra décimer tout le gang pour finir par leur chef, l’infâme Willy, le meurtrier de la belle ingénue.
**LA LÉGENDE EST ESSOUFFLÉE **
D.D.2 est hautement repompé sur son grand frère. C’est toujours un beat them all s’étalant sur 4 niveaux, avec un level design extrêmement proche de l’original.
Le premier niveau voit les méchants abattre Marion et les frangins se lancer à leur poursuite, le second est à nouveau la fabrique et son fameux tapis roulant, le 3e vous verra gambader dans les champs (en essayant d’éviter les moissonneuses-batteuses) jusqu’à l’entrée de la forteresse ennemie, et le dernier est bien sûr ladite forteresse, avec ses gargouilles qui tenteront de vous embrocher au passage, et Willy qui vous attend dans sa pièce fétiche, armé de son éternelle mitraillette.
L’objectif reste le même : maraver à tout-va jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne debout, et tant qu’à faire que ceux qui sont couchés soient morts, histoire de ne pas avoir à tout se retaper dans D.D.3. Il faudra compléter les 4 missions dans le temps imparti (si le délai est écoulé vous perdez une vie avant qu’il ne se réinitialise). La scène progresse en défilement horizontal discontinu : avancer fait progresser le scrolling, sauf à certains endroits où il sera nécessaire de vaincre au préalable tous les ennemis. Selon les passages, on pourra revenir sur ses pas dans une mesure encadrée par le jeu. À noter que les armes qui jonchent une partie de l’écran dépassée par le scrolling seront perdues.
Les niveaux sont achevés dès que le boss qui les garde est vaincu. Si vous y parvenez, les loubards encore debout vont prendre la fuite (oui, je suis en plein copié-collé du test du 1).
Pour vaincre les adversaires, il suffit de leur taper dessus jusqu’à ce qu’ils ne se relèvent plus. Plusieurs techniques à main nue seront nécessaires pour les faire chuter, et une seule frappe avec une arme. Lorsqu’ils mordent la poussière un certain nombre de fois, ils sont considérés comme morts et disparaissent.
Bon, et les nouveautés alors ? Eh bien on en trouve concernant le gameplay, qui a même connu une évolution majeure : fini les boutons coup de pied et coup de poing, ici c’est la position du corps de notre avatar qui détermine la technique qui découlera de la pression d’une touche (c’est le système « Renegade ») : vous pouvez soit balancer des coups de poing en faisant face à l’adversaire (un enchainement déclenche un lattage de tête à coups de genou, qui pourra être conclu par une projection), soit un coup de pied vers l’arrière en lui tournant le dos (et même 2 types de coups de pied en arrière en cas d’enchainement, un direct, un retourné). Pour finir, on peut utiliser le bouton saut pour lancer des coups de pied bondissants. 3 sont possibles : le classique coup de pied sauté vers l’avant, le coup de pied sauté retourné vers l’avant et enfin, le spectaculaire coup de pied tourbillonnant (le perso saute en l’air et effectue une sorte de triple lutz avec son pied qui traîne).
On a un peu de mal à se faire à l’évolution dont je parlais, surtout quand on est habitué à un gameplay classique. Après, il faut passer du temps pour acquérir les nouveaux automatismes, un temps qu’on prendra, ou pas… les nouveaux coups ne m’ont pas franchement convaincu.
Malheureusement, on ne pourra pas vraiment s’en remettre aux armes pour soulager ses membres endoloris. Il est certes toujours possible d’en ramasser ou d’en dérober à vos adversaires, mais elles sont plutôt peu nombreuses et disparaissent vite fait de l’écran. Une sorte de chaîne a remplacé le fouet, et une hachette a supplanté la légendaire batte. Mais celle-ci est utilisée comme projectile par les ennemis, et une fois lancée elle quitte le décor. On n’a guère le loisir d’en bénéficier. Comme armes de jet, on peut se servir des traditionnels couteaux, colis et pierres, ainsi que de grenades (pas terribles).
Au final, bien que le titre soit sensiblement identique à son grand frère, l’action me semble plus répétitive et plus vite lassante.
C’est au niveau des ennemis que D.D.2 se démarque le plus manifestement de son prédécesseur. À l’exception du chef du gang Willy, ils ont tous été complètement renouvelés. Ils sont bien dessinés et bien animés, voire carrément impressionnants. L’un des loubards vous attaque ainsi en faisant la roue, dans un mouvement assez fluide. 3 adversaires sortent du lot : les monstrueux gladiateurs capables de se régénérer lorsqu’il ont été vaincus une première fois, les imposants géants de 2m 50 qui vous mettent au tapis d’une seule baffe, et les virevoltants Asiatiques experts en arts martiaux maniant habilement les bâtons de combat.
La puissance, l’allonge et la dextérité des ennemis, couplées à une I.A. de belle facture, créent un challenge monstrueux pour les petits êtres que vous contrôlez. Sachant qu’une vie s’égrène beaucoup plus vite que dans D.D.1, il faudra une quantité énorme de crédits pour venir à bout du jeu (une trentaine par exemple). Toujours dans cette logique de faire casquer un max les pauvres enfants que nous étions, une épreuve supplémentaire sera imposée au héros victorieux de son ultime combat contre Willy. Billy ne devra plus affronter son frère pour décider qui aura les faveurs de Marion, mais son propre double ! Un double translucide disposant des mêmes techniques d’attaque, d’une résistance phénoménale, usant d’un rayon laser plus d’un super coup très vicieux car inesquivable (en passant sous terre). Il faut bien 10 crédits rien que pour le détruire. C’est long, chiant et ça ne sert qu’à faire perdre encore plus de thunes. À noter que si les 2 frères sont en vie après avoir vaincu Willy, ils affronteront un double chacun. Par contre, si vous décidez de faire venir ou revenir Jimmy une fois le combat entre Billy et son clone entamé, le clone de Jimmy n’apparaitra pas.
Le jeu est donc de longueur égale au premier opus, mais beaucoup plus difficile et fastidieux. Le fun et la durée de vie ont pris un sacré coup.
Sinon, les graphismes ont été un peu affinés, et la bande-son est toujours efficace.
RÉSUMÉ
Double Dragon II est pour moi loin de valoir son grand frère. Les innovations sont trop peu nombreuses, le gameplay a été partiellement revu mais pas forcément pour le meilleur, les armes sont moins intéressantes, les niveaux sont beaucoup moins marquants (ou repompés). Surtout, la difficulté est nettement plus élevée, ce qui génère plus d’ennui et d’énervement que de challenge.
Le titre est tout de même un jeu de bonne qualité, mais n’a rien de culte ni de révolutionnaire.
7/10
Autres versions
La version Amstrad est, comme pour DD1, un portage très fidèle, tant au niveau du gameplay que du level design. En plus on peut mieux gérer les armes disponibles, et profiter des hachettes qui ne peuvent pas ici être envoyées. C’est pas mal.
La version NES est probablement la version de DD2 la plus aboutie, et à l’instar de DD1 sur la même machine, c’est l’adaptation la plus libre. Le meilleur beat them all de la NES.
La version Mega Drive est la pire de toutes. Proche de la version arcade en plus moche, mal animée et mal programmée.