Double Dragon 3 : The Rosetta Stone est un jeu vidéo Arcade publié par Technos Japan Corpen 1990 .

  • 1990
  • Beat them all

Test du jeu vidéo Double Dragon 3 : The Rosetta Stone

2.5/5 — Moyen par

Développé par East Technology, édité par Technos sur Arcade en 1990 ; développé par Technos, édité par Acclaim sur la NES en 1991 ; développé par The Sales Curve, édité par Tradewest sur micro-ordinateurs en 1991.

Si les 2 premiers volets de la série à succès de Technos, Double Dragon, ont marqué l’histoire des jeux vidéo, la 3e itération du beat them all, intitulée Double Dragon 3 : The Rosetta Stone, fait figure de paria au sein de la famille. La principale raison en est que ce jeu n’a pas été développé par Technos, mais par le studio East Technology, et tant la réalisation que le gameplay le sentent douloureusement passer.

Technos Japan Corp. est par contre à l’origine du portage NES, un portage de l’arcade aussi libre que ses 2 prédécesseurs, et a fait de cette version l’une des plus réussies.

LES KARATÉKAS DE L’ARCHE PERDUE

« Bon alors, pour le scénario on fait comme d’hab ? On dit que la gonzesse de Billy s’est fait enlever par les Black Shadow Warriors ?

  • Ben non on peut pas, elle s’est fait liquider dans le II, et les frères Lee ont massacré tout le gang.

  • Ben mince, on fait quoi alors ? C’est que moi j’ai aucune imagination ni originalité, c’est pour ça que j’ai voulu faire scénariste de beat them all

  • Bah attends, j’ai vu un film hier soir avec un certain Indi… Inda… enfin un mec avec un chapeau et un fouet ; ça se passait en Égypte pi c’était pas mal, quoi…

  • Ah ouais, c’est bien ça : « Double Dragon en Égypte » ! Les frères Lee ont décidé de mettre une raclée aux basanés !

  • Hum… euh non, c’est pas politiquement correct ça, on veut vendre notre jeu sur le marché américain quand même, faut rester bon enfant, quoi…

  • Ah, parce qu’aller péter la gueule aux Irakiens pour leur piquer leur pétrole, c’était bon enfant ça ?

  • T’as rien compris ! C’était pour faire respecter la liberté et la justice sur Terre !

  • Ah ouais, t’as raison. Eh ben voilà : « les Double Dragon contre Saddam » !

  • Ça sonne pas mal, mais ça a déjà été fait dans le monde du catch, avec Hulk Hogan, le pur Américain qui a botté les fesses du Sergent Slaughter, le vilain irakien.

  • Dommage. Donc ?

  • Ben hier j’ai vu un docu sur Arte…

  • Te fous pas de ma gueule !

  • Oui enfin, j’étais en train de zapper pour tomber sur le film de boules du samedi soir…

  • Tu me rassures.

  • Mais y avait un truc sur un Français qui avait trouvé une pierre égyptienne, c’était quoi son nom déjà ? Champy… Champo…

  • Champomy ?

  • Non, ça rimait avec le Roi Lion… Bref, son caillou c’était la Pierre de Rosette.

  • Un rapport avec le saucisson ?

  • Euh… sûrement. Enfin bon, on n’a qu’à mettre « Double Dragon 3 : La Pierre de Rosette ». Comme ça on envoie les frangins se balader pour aller la trouver, et péter la gueule à tout le monde sur le chemin.

  • Ptain, super original, wouah ! Ça va peut-être décourager les joueurs, non ?

  • Nan, on va juste balancer 3 lignes de texte avec une image pour expliquer ce qui se passe, ça devrait pas trop les perturber.

  • Ok vendu. Et à la fin du jeu ils fêteraient ça avec du Champomy et du saucisson !

  • Je crois que Steven Seagal cherche un scénariste pour son prochain film, je lui parlerai de toi. »

Eh oui, on fait dans l’originalité là ; Billy et Jimmy partent chercher non pas une, non pas deux, mais trois pierres sacrées disséminées de par le monde (source : une voyante). Ils vont parcourir 5 pays et autant de niveaux avant d’atterrir en Égypte, récupérer la Pierre de Rosette et affronter, je cite : « le plus puissant des ennemis ». Acceptons-en l’augure…

PLUS ON EST DE FOUS PLUS ON RIT (effet Champomy)

On peut cette fois-ci jouer jusqu’à 3 joueurs en simultané, le 3e larron incarnant pour l’occasion Sonny, le dernier des frères Lee semble-t-il. Mais ce n’est pas tout : D.D.3 innove en proposant de contrôler des personnages supplémentaires, à condition… de les acheter. Un magasin situé au début de chaque niveau vous permet en effet de faire vos emplettes, de louer les services de mercenaires qui remplaceront un personnage tombé au combat, et d’acheter du temps, de l’énergie ou des armes. Et comment on fait pour acheter des trucs quand on joue à une borne arcade ? Gagné, on allonge la thune dans la fente, pour jouer avec les mains (avec certaines femmes c’est l’inverse). Mais non, ce jeu n’est pas commercial, il est surtout culturel.

De façon simple, lorsque votre joueur périt au combat, il est remplacé par un nouveau personnage désigné par le jeu. Si vous jouez à plusieurs, il faut acheter un « extra guy » pour chaque joueur si vous voulez en bénéficier ! Sont disponibles : les frères Urquidez, (dont Roney) des géants blonds un peu gauches mais disposant d’une bonne allonge, les frères Chin (menés par Seime), des Chinois typiques pratiquant le kung fu, et les frères Oyama (avec Masao en tête d’affiche), des karatékas japonais. Les persos des 2 fratries orientales sont très maniérés et plutôt courts sur pattes (très faible allonge).

Même principe pour acquérir des armes (un nunchaku et un katana, procurés selon le bon vouloir de l’ordinateur ; on ne peut choisir quoi obtenir). À noter que ces 2 armes ont une portée très restreinte, surtout le nunchaku, et qu’il est impossible de frapper avec un membre lorsque vous brandissez une arme. En bref ça ne sert pas à grand-chose, d’autant que les armes disparaissent assez vite de l’écran quand vous mordez la poussière, et que seuls les frères Lee peuvent en porter. On est loin des 2 premiers volets…

Le gameplay a subi de larges évolutions. Fini le système « Renegade », basé sur la position du corps, en vigueur dans DD2 ; retour à une fonction par bouton (coup de pied, coup de poing et saut). Ont également disparu (cachez-vous les yeux, les puristes sensibles) le coup de tête, le coup de coude, le coup de pied sauté en arrière (reverse spin kick), ainsi que la projection par-dessus les épaules. Ne subsistent plus des anciennes versions que les coups de poing et de pied, ainsi que le coup de pied sauté vers l’avant. Heureusement, de nouvelles techniques font leur apparition : le backdrop (choper l’adversaire par derrière et lui fracasser le crâne par terre), le running head-butt (courir et plonger tête la première sur un ennemi) et le coup de genou sur un adversaire à terre (en sautant en l’air). En plus de la possibilité de courir et de frapper un opposant à terre, on peut désormais aussi prendre appui sur les murs pour partir dans un ample coup de pied sauté. Enfin, on retrouve 2 techniques spéciales : le coup de pied tourbillonnant (hurricane kick), déjà pratiqué dans DD2, et le flip throw, qui consiste à faire un saut périlleux et à saisir la tête de votre opposant pour la rabattre violemment par terre. Pas spécialement facile à mettre en œuvre et qui plus est, ces 2 techniques sont… payantes. Eh oui, il va falloir les acheter dans le magasin tout comme les armes et les persos. Il est toutefois possible de déclencher un hurricane kick sans payer en se mettant dos à dos avec l’un de vos compagnons ; les 2 vont alors s’accrocher et partir dans un gracile mouvement fort joliment coordonné.

On perd donc pas mal de mouvements historiques, et on en gagne d’autres plus spectaculaires mais pas franchement convaincants, alors que les armes ne servent pratiquement à rien. Mais au moins, on a de l’originalité…

Précisons que toutes les options achetées seront, il va s’en dire, perdues à la mort de votre perso (ou à la mort du perso acheté). Il faudra remettre la main à la poche au début du niveau suivant pour les récupérer. Formidable non ?

À noter que ces spécificités ont été ajoutées dans la version occidentale ; dans la version japonaise originelle, on pouvait choisir son personnage au début du jeu, parmi les 4 familles disponibles, sans avoir à repayer par la suite, et les 2 techniques « achetables » étaient présentes par défaut.

ON NE RIT PAS TANT QUE ÇA FINALEMENT

Plus dommageable que les techniques et armes disponibles, la maniabilité des personnages est assez médiocre ; les persos sont rigides au possible, se déplacent lentement (malgré la possibilité de courir, qui est surtout un gadget), on a vraiment du mal à les diriger. Il est dès lors difficile d’esquiver ou de placer les coups, et rares sont les combats que l’on traverse sans mordre la poussière 2 ou 3 fois. Et dans les phases de jeu les plus ardues, comme en affrontant le boss du niveau 3, on passe son temps par terre. En bref, le plaisir de jouer fait vraiment défaut à DD3. Et ce quel que soit le personnage incarné.

Par ailleurs, le level design ne présente guère d’intérêt. Exit les trous, corniches, escaliers ou tapis roulants, le parcours est d’une linéarité confondante. Pour être précis, il y a bien un tapis roulant dans le niveau 1, mais en bas d’écran, sur une portion qu’on n’emprunte jamais.

Toutefois, les décors sont relativement sympa et variés, typiques de la région qu’on visite. On parcourt une rue et un entrepôt en Amérique en affrontant ses loubards, on va se battre sur la muraille de Chine contre les vilains locaux, on se mesure à des samouraïs japonais dans un temple, on croise le fer avec des éphèbes italiens dans un environnement très « colyséen », et on finit en Égypte à tataner des arbres (oui oui) et des golems de sable. Chaque niveau est gardé par un chef (enfin 3 pour Égypte finalement, héhé).

Les graphismes sont plutôt jolis et luxuriants. Enfin ça dépend des niveaux, finalement, certains étant plus vides que d’autres. Les ennemis et personnages sont assez finement dessinés, l’animation est plus spectaculaire (sauts et bonds dans tous les sens, mains qui sortent du sol). Le fond musical est OK, les effets sonores, comme l’impact des coups, un peu lourds.

Dans l’ensemble, les combats ne sont guère intéressants. Ni les corps-à-corps avec les sous-fifres, ni les duels contre les bosses, qui ne sont vraiment pas charismatiques, ni les affrontements atypiques contre les motards ou les arbres ne sont enthousiasmants. Quand ils ne sont pas frustrants, puisqu’il est difficile d’employer une véritable stratégie. Le plus clair du temps, on doit ainsi appuyer frénétiquement sur un peu tous les boutons pour espérer s’en sortir.

Surprise : l’une des phases du jeu ne consiste pas à se battre, mais à sauter de bloc en bloc sur les lettres R-O-S-E-T-T-A tout en échappant à un gros monstre… wouah ! que d’originalité (à défaut d’intérêt).

Le jeu est donc de longueur classique, mais monstrueusement difficile, surtout en solo. Pour le terminer j’ai utilisé… 89 crédits. Pour y jouer à plusieurs et bénéficier des persos cachés, des armes et des techniques secrètes, fallait prévoir la moitié de son salaire du mois, en somme. Pour un jeu manquant singulièrement de fun, la dépense était vraiment somptuaire.

RÉSUMÉ

Le dernier volet de la trilogie Double Dragon est le plus faible. Bien qu’apportant des éléments nouveaux et originaux, comme des techniques renouvelées, la possibilité de prendre des personnages supplémentaires, des ennemis et des environnements plus variés, il n’a pas su conserver ce qui faisait le charme de ses 2 grands frères. Un jeu manquant clairement de fun, horriblement difficile, et honteusement gourmand en argent.

Au fait, et les Pierres de Rosette alors, Cyrilette ? Bah, nos héros les ont trouvées (on en parle mais on n’en voit aucune à l’écran), et la dernière d’entre elles va permettre de changer le monde. Ils ont dû botter les fesses de Mamie Voyante pour en arriver là, et ont aussi mis une rouste à Cléopâtre et piqué son trésor, dont ils ont intégralement fait don à une œuvre de charité. C’est-t’y pas meugnon ?

5/10

Autres versions (liste non exhaustive)

Amstrad : infâme. Graphismes bleuâtres, persos bougeant au ralenti, plus rien à voir avec les 2 premiers volets. 0/20 si je devais la tester (ce que je ne ferai pas).

NES : pas trop mal, se démarquant un peu du jeu arcade, mais possédant toutes les techniques. Le gameplay est certes riche, mais les persos ne sont pas super maniables, et la difficulté est monstrueuse! Ah, et on recherche encore et toujours Marion dans cette version, puisqu’elle a ressuscité à la fin du 2… Titre original : « The Sacred Stones ».

Mega Drive : hié. Comme d’hab’ quoi.

Double Dragon 3 : The Rosetta Stone